Entre jazz, electro, ambient, … on les dit inclassables. Hors cette catégorisation valable pour les bacs à disques, on préférera les dessiner en têtes chercheuses, dans cette dynamique qui les a vus se redéfinir d’album en album, jusqu’à ce sublime Art in the Age of Automation, bijou d’esthétique minimaliste au cœur battant des pulsations organiques de leur combo acoustique. Saxophones, contrebasse, batterie, et le Hangdrum du revenant Keir’Vine : le Portico Quartet va vous mettre sur orbite pour un été très cool.
Salle Nougaro – ce mercredi 12 juin / 20h30
Lors de la sortie du premier album, Knee-Deep in the North Sea en 2007, le public découvrait un jeune groupe à la sonorité ambiante et méditative, qui leur a permis de captiver à Londres un public bien plus large que celui des amateurs des clubs jazz branchés de Soho.
Un temps signé par Peter Gabriel sur son label Real World, le Portico Quartet poursuit sa déstabilisation du jazz comme nul autre. Pour les sensibilités inspirantes ou les filiations, ces boulimiques revendiquent le post-rock, les sonorités ethniques ou sérielles, Radiohead, le label ECM, E.S.T, Steve Reich, en passant par le dubstep de Burial ou Mount Kimbie…
Sans surprise, cette exigence de laboratoire peut de temps à autre mettre à mal le consensus au sein du groupe. Après le départ en 2011 du membre fondateur et leader Nick Mulvey, Portico a cherché une nouvelle identité sonore dans un registre électro avec un résultat mitigé. Plus récemment, Keir’Vine ( Hang et claviers) a marqué une pause de deux années, avant de revenir pour cette nouvelle étape, signée par leur dernier album.
Art in the Age of Automation (2017 – Gondwana Records) challenge avec originalité et une grande réussite le débat devenu classique entre « vrais » instruments et machines à faire du son. Synthétiseurs, programmation MIDI, et boucles digitales plus récemment sont souvent critiqués pour leur « absence d’âme ». Heureusement, de Joe Zawinul à Kraftwerk, on a aujourd’hui assez d’exemples pour rappeler que tout instrument est subordonné aux mains et à la sensibilité de ceux qui les manipulent.
Portico 4tet est sans conteste dans ce camp-là. Enrichi par son parcours éclectique et ses expérimentations-machines, le groupe en live parvient à tisser finement mélodies et atmosphères, et préserve les indispensables plages ouvertes à l’improvisation, notamment les frissonnantes incantations du saxophone de Jack Wyllie.
Jack Wyllie: saxophones
Duncan Bellamy: batterie
Milo Fitzpatrick: contrebasse
Keir’Vine: Hang et percussions