La quatrième rencontre de la saison musicale des Clefs de Saint-Pierre consacre son programme à des œuvres pour quatuor à cordes liées aux tragédies des conflits. Ce 18 mars prochain, quatre musiciennes des pupitres de l’Orchestre national du Capitole ont ainsi choisi d’associer des partitions issues de cultures différentes (russe, américaine et autrichienne) et néanmoins évocatrices de temps de guerre.
Deux violonistes, Laura Jaillet et Clémence Mérou, l’altiste Laura Ensminger et la violoncelliste Aurore Dassesse révèlent à cette occasion trois œuvres rares de compositeurs marqués par les événements tragiques déclenchés par le deuxième conflit mondial du XXème siècle. Le Russe Dmitri Chostakovitch, l’Américain Steve Reich et l’Autrichien Viktor Ullmann ont ainsi témoigné de ces temps obscurs à travers leur musique.
Composé en 1946, le quatuor en fa majeur opus 73 de Chostakovitch a été créé le 16 décembre 1946 à Moscou par le Quatuor Beethoven auquel il est dédié. Il fut censuré par le régime soviétique à la fois pour « formalisme » et pour une sorte de pessimisme considéré hors de propos après la victoire de l’URSS sur les troupes allemandes. Il illustre pourtant la volonté du compositeur d’évoquer la vie des classes populaires, des petites gens, dans le contexte historique des dernières années de guerre.
Viktor Ullmann, pianiste et compositeur autrichien, est mort gazé le 18 octobre 1944 à Auschwitz-Birkenau. Son Quatuor à cordes n° 3 a été écrit en 1943 alors que le compositeur était interné dans le camp de concentration de Theresienstadt du fait de son origine juive. Son caractère nettement viennois lui confère toute la mélancolie et le lyrisme des grands modèles classiques.
Quant à Different Trains, du compositeur américain Steve Reich, il s’agit d’une œuvre hybride pour quatuor à cordes et bande magnétique écrite en 1988. Celle-ci se veut la traduction de l’expérience du très jeune enfant de parents divorcés dont le père vivait sur la côte est des États-Unis à New York et la mère sur la côte ouest à Los Angeles. De 1939 à 1942 le jeune homme devait fréquemment prendre le train pour aller d’une ville à l’autre au cours d’un voyage de trois jours avec, en mémoire, le souvenir des déportés d’Europe convoyés dans les trains vers les camps de concentration.
Ces trois pièces significatives et profondes construisent un programme fort et particulièrement original.
Serge Chauzy
une chronique de ClassicToulouse
Billetterie en Ligne des Clefs de Saint-Pierre
Les Clefs de Saint-Pierre
Temps de Guerre
lundi 18 mars 2019 • Saint-Pierre des Cuisines