Dans le cadre de sa série Les Parenthèses Musicales, la petite ville de Paulhac, en Haute Garonne, reçoit l’ensemble toulousain de cuivres anciens Les Sacqueboutiers, pour un concert exceptionnel le 16 février à 20h30, en l’église ND de l’Assomption. A cette occasion, l’ensemble présente la création de son nouveau programme, La musique au féminin, consacré aux compositrices italiennes du XVIIe siècle.
Lorsqu’ils fondent en 1976 l’ensemble Les Sacqueboutiers, Jean-Pierre Canihac et Jean-Pierre Mathieu font office de pionniers. La redécouverte des cuivres anciens est une véritable aventure. Il faut retrouver les traces des instruments, réinventer une technique de jeu, reconsidérer le répertoire, l’exhumer le plus souvent ! Depuis leur fondation, Les Sacqueboutiers se consacrent donc à la redécouverte de la pratique des cuivres anciens et du vaste répertoire de la Renaissance, âge d’or de leurs instruments. Ces musiciens parcourent le monde et construisent au fil des saisons de nouveaux programmes dont certains associent la musique aux arts les plus divers (danse, poésie, marionnettes, histoire…).
La grande Histoire de la musique a de tout temps négligé le rôle des femmes dans le monde plutôt machiste de la composition. Quelques exemples émergent de la période romantique. Ainsi entend-on enfin quelques œuvres de Fanny Mendelssohn, sœur de Felix, ou de Clara Schumann, épouse de Robert. Encore s’agit-il de femmes liées familialement aux grands compositeurs de leur temps.
Paradoxalement, au cours du 17ème siècle, l’Italie connaît une vraie floraison de compositrices : majoritairement religieuses, c’est au couvent qu’elles ont accès à l’éducation musicale nécessaire pour composer. C’est aussi la patrie de premières compositrices assumées, comme Maddalena Casulana ou encore Barbara Strozzi, restée la plus célèbre de cette époque. C’est à ces figures hautes en couleurs que Les Sacqueboutiers souhaitent rendre hommage tout en démontrant par l’exemple que les qualités de leurs compositions n’ont rien à envier à celles de leurs collègues masculins !
Les musiciennes italiennes dont les œuvres seront divulguées dans ce programme voyageaient beaucoup : elles se retrouvaient à Vienne et Paris, et fréquentaient les cercles toujours très fermés des musiciennes et compositrices, dont on ne garde pratiquement pas de traces.
Ce concert du 16 février permettra de découvrir des œuvres, pour la plupart inédites, de compositrices italiennes qui ont pour nom : Lucretia Vizzana (1590-1662), Barbara Strozzi (1619-1677), Isabella Leonarda (1620-1704), Francesca Caccini (1587-1641), Maddalena Casulana (1544-1590), Raphaella Aleotti (1570-1646).
Des pièces de la Française Élisabeth Jacquet de la Guerre (1665-1729) et de l’Anglaise Mary Burwell (1623-1689) seront également inscrites à ce programme majoritairement consacré à la musique italienne.
La soprano Stéphanie Révidat sera la soliste de ce concert qui rassemble les musiciens de l’ensemble Les Sacqueboutiers, à savoir : Hélène Médous, violon, Jean-Pierre Canihac, cornet à bouquin, Daniel Lassalle, sacqueboute, Susan Edward, violoncelle, Matthias Spaeter, théorbe et Yasuko Uyama-Bouvard, orgue.
Serge Chauzy
une chronique de ClassicToulouse