Isabelle Desesquelles publie Je voudrais que la nuit me prenne aux éditions Belfond. Un récit émouvant pour lequel l’auteur vient de remporter le prix Fémina des lycéens.
« Mes parents rivalisaient de fantaisie, on s’en entourait comme d’une écharpe et on ne pouvait pas avoir froid, même quand la température tombait à moins – 15° », c’est ainsi que Clémence, la narratrice, décrit ses parents et l’atmosphère qui règne dans son foyer. Un foyer heureux et uni. Des parents fantasques qui s’aiment, et une petite fille qui est lovée dans cet amour inconditionnel. Clémence c’est aussi une petite fille de 8 ans à l’existence joyeuse. Elle est solaire, gaie et pleine de vie. Au fil des pages, on suit ses pensées, son quotidien. Ce qui impressionne c’est également sa maturité, son regard sur le monde. Qui est cette petite fille ? Pourquoi parle-t-elle avec autant de philosophie ? Et si ce tableau idyllique cachait une vérité plus sombre ?
La fragilité de l’existence
Le lecteur serait tenté de se laisser guider par les mots tendres et poignants d’Isabelle Desesquelles, de goûter à la beauté de l’existence avec délectation. Ecouter les confidences de Clémence qui raconte son amour pour le jeune Just ou ses jeux – parfois aventureux – avec sa cousine Lise. Mais, au fil des pages, on sent qu’un mystère se creuse. Une ombre plane. Un fil prêt à se casser. Une sorte de suspens s’installe et lorsque la vérité éclate, le lecteur reste un temps en arrêt. Le souffle court. Et pourtant la poésie se poursuit, les traits se font plus clairs et la réalité apparaît dans sa définition la plus limpide.
Isabelle Desesquelles explore ici bien plus que le thème de l’enfance ou de la relation parents-enfant, elle y décrit le vertige de l’absence, pire de la perte. Voici donc un récit troublant, poétique. Une histoire dans laquelle on aime se perdre sans savoir ce qui va se passer à la page suivante.
Isabelle Desesquelles, Je voudrais que la nuit me prenne, Belfond, 208 p.
photo : Isabelle Dsesquelles © Eric Cherrière