Avec Sol Kyung-Gu, Ryu Seung-Beom, Han Hye-Jin. Disponible en DVD chez CTV.
Le professeur Kang est l’un des meilleurs médecins légistes de Corée du Sud. Avant de se retirer pour vivre avec sa fille de retour des Etats-Unis, qu’il n’a pas vue depuis 13 ans à cause d’un traitement médical très lourd, il accepte une dernière affaire : une jeune fille est retrouvée découpée près d’une rivière. Le suspect N°1, un activiste écologique, est très vite arrêté et avoue son meurtre. Mais l’un de ses hommes a kidnappé la fille de Kang, qui ne lui sera rendue que s’il parvient à innocenter le coupable. Kang comprend qu’il n’a pas été choisi par hasard et doit comprendre ce qui le lie au meurtrier. S’ensuit une course sous tension aux indices trafiqués entre le professeur et l’enquêtrice, qui fut aussi sa meilleure élève.
La Corée du Sud nous envoie son nouveau thriller implacable. Ne nous épargnant ni l’ambiance malsaine, ni les meurtres sauvages, ni les plans diaboliques éprouvant la santé mentale des protagonistes, « No Mercy » se situe dans la droite lignée des thrillers très sombres « Memories of murder », « Old Boy », « The chaser » ou « Mother », des films coups de poing qui nous hantent longtemps après leur visionnage. N’y allant pas par quatre chemins, ce film met en scène un médecin légiste, et nous le montre dans l’exercice de son métier à base de gros plans comme nous n’en avions jamais vus (le scalpel s’enfonce profondément, les amas de chair s’accrochent aux os). Esthétiquement soignées, ces scènes sont loin d’être gratuites et montrent la minutie du professeur, sa maîtrise de soi et son sens du détail.
« No Mercy » est constitué de deux parties : la première, raffinée, classique et élégante, propre, à la mise en scène tranquille, nous présente la scène de meurtre, l’exposition des protagonistes (ici, à l’exception des autres films sud-coréens pré-cités, une enquêtrice talentueuse et appliquée se démarque des autres policiers bourrins et incapables) et la thématique de l’enlèvement. La seconde partie est bien plus sauvage, les repères volent en éclat, la mise en scène (caméra à l’épaule) se montre plus nerveuse et les cols blancs se teintent d’hémoglobine.
Les qualités du thriller sud-coréen ne sont plus à démontrer : images soignées, contournement systématique du happy end, mise en scène de la douleur physique et mentale, refus des morts douces, criminels retors profitant des faiblesses des forces de l’ordre, et faculté prodigieuse de plonger le spectateur dans un état de stress extrême. Cependant, il est dommage que le film de Kim Hyeong-Joon se montre si peu original dans son scénario : lorgnant vers « Se7en », les motivations du tueur rappellent surtout furieusement « Old Boy », l’effet de surprise s’en trouve donc amoindri. Ceci dit, même si ce thriller se situe en-deça du film de Park Chan-Wook ou du traumatisant « The Chaser », « No Mercy » reste quand même un excellent film d’enquête policière, éprouvant et bien interprété.
Thomas Berthelon : http://thomasberthelon.com