J’ai commencé à suivre Kheiron il y a environ dix ans, à l’époque où le stand-up était encore inconnu dans un pays qui commence à l’accepter. A l’époque, il postait déjà sur son Facebook qu’il gérait lui-même, plusieurs bouts de sketch dont un sur les fromages. Dix ans plus tard, Kheiron n’a toujours pas dérogé au principe qui le caractérise le plus et qui fait de lui l’artiste unique qu’il est : l’honnêteté, que ce soit sur la scène ou en dehors.
Dans son spectacle « 60 minutes avec Kheiron », l’artiste ne nous raconte pas des choses sur sa vie : il nous apprend des choses sur la notre. Son regard unique et sa façon d’analyser l’être humain sont sans pareil dans un univers où tirer son épingle du jeu est déjà une performance. Les histoires qu’il raconte sur scène sont à l’image de celles qu’il veut raconter à l’écran : celles qui mettent en avant des êtres humains tout en rappellent les bons et les mauvais cotés de la vie.
Avec « Nous trois ou rien », Kheiron rendait hommage à l’histoire de son père et aux combats qu’il a dû mener pour survivre. Emmené par un écriture qui mêle humeur, cynisme et réalisme, ce film se démarquait déjà par une énergie qui donne envie d’être vivant, de profiter de la vie en se disant que finalement, en dépit de nos humeurs et des imperfections de notre train de vie, on n’est pas si mal là où l’on est.
Avec « Mauvaises Herbes », l’artiste prouve a qui aurait eu le toupet de le croire que son premier long métrage réussi n’était pas la chance du débutant. Il s’installe désormais à la table du cinéma français avec plusieurs coups d’avance sur pléthore de comédies fades obligées d’aborder des thèmes sensibles maladroitement maitrisées pour (tenter de) nous faire rire. « Mauvaises Herbes » nous raconte une histoire et nous en apprend beaucoup sur nous-même : si les dialogues et les punchlines sont extrêmement bien ficelées, le film nous permet de basculer du rire au sérieux pour mieux nous rappeler que la vie est faite de choses incroyables mais aussi d’épreuves. Ses partenaires Catherine Deneuve et André Dussolier sont, comme à leur habitude, d’une extrême justesse pour un film qui nous fait rire, réfléchir, nous tire parfois les larmes mais qui, à l’image de ce que fais Kheiron sur tous les terrains, nous donne envie de vivre et d’être un meilleur être humain. Merci Monsieur.