Eric Chauvier publie son neuvième livre chez les éditions Allia. Le Revenant est le récit des errances du poète Charles Baudelaire, ressuscité en « zombi syphilitique » dans les rues du Paris d’aujourd’hui.
Charles Baudelaire, mort-vivant, aperçoit les femmes qui passent devant lui, étendu au sol comme un détritus. Qu’elles paraissent lointaines, inaccessibles. Elles lui sont étrangères. Pourtant, luisent faiblement en son sein les souvenirs de la lascivité et du désir, sur lesquels il fit reposer certains poèmes.
Pour l’heure, il ne peut que geindre, souffler, cracher et, lorsqu’il entrevoit un peu de ce qu’il fut, derrière les brumes épaisses des siècles passés, hurler.
Cet « haschichin compulsif » ressemble à une masse informe. Il apparaît alors dans l’esprit du lecteur comme la caricature d’un Houellebecq avachi sur canapé, porté à l’écran par Erik Lieshout (Rester vivant. Méthode).
Une espèce de haine et de colère urbaines transpirent de l’écriture d’Eric Chauvier. Il représente Baudelaire comme le grand témoin des premières mutations urbaines de Paris, au XIXè siècle. Il rebondit sur cela pour parler de ce qu’est aujourd’hui la capitale française, un labyrinthe de béton où se faufilent des humains aux regards vitreux.
Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas complètement. L’écriture d’Eric Chauvier est, parfois, agaçante, sans que l’on comprenne l’intérêt du procédé. Toutefois, lLe dénouement du livre est étonnemment différent de ce qui le précède. Il réconcilie le lecteur, parfois échauffé avec l’auteur et sa démarche.
Eric Chauvier, Le revenant, Editions Allia, 80 pages