La Semaine Polonaise consacre son édition 2018 au compositeur, pianiste et homme d’État Ignacy Jan Paderewski
Parmi les nombreux festivals qui émaillent cette rentrée automnale toulousaine, gardez-vous une petite place pour la toujours riche et délicieuse Semaine Polonaise. En effet, cette nouvelle édition – 26ème du nom –prend ses quartiers non pas au printemps, comme à son habitude, mais en octobre !
L’année 2018 est une date doublement importante pour la Pologne. Si elle marque la commémoration du centenaire de la fin de la Première guerre mondiale dont elle fut le théâtre, comme d’autres pays européens, n’oublions pas que 1918 est aussi la date à laquelle la Pologne recouvre son indépendance et ses frontières. Pendant un siècle et demi, elle fut en effet rayée de la carte, partagée, écartelée dès 1772 entre la Russie, la Prusse et l’Autriche. Son indépendance, la Pologne la doit aux efforts acharnés des Polonais, militants politiques, hommes de lettres et artistes, œuvrant pour la libération de leur patrie. Ignacy Jan Paderewski est de ceux-là. Cette année, la Semaine Polonaise – manifestation pluridisciplinaire à la fois scientifique et culturelle – est dédiée au musicien et homme d’Etat qui incarna l’engagement politique et le rayonnement de la culture polonaise, aux côtés de ses contemporains, les lauréats du Prix Nobel Henryk Sienkiewicz et Maria Sklodowska-Curie.
Si le compositeur et pianiste Ignacy Jan Paderewski (né en 1860) donna des concerts dans le monde entier, c’est à Londres et aux Etats-Unis qu’il acquit sa célébrité… et sa fortune. Une fortune qui lui permit de mener de nombreuses actions philanthropiques. À partir de 1910, il s’engagea ainsi pour la cause polonaise. D’abord artistiquement, en contribuant à financer notamment la construction de la Philharmonie à Varsovie et l’édification des monuments de Frédéric Chopin et du roi Ladislas II Jagellon, deux symboles de la nation. Ensuite, politiquement, en fondant à Vevey en Suisse – pays où il séjournait entre ses tournées – un « comité central de secours aux victimes de guerre » avec l’écrivain Henryk Sienkiewicz. C’est à Paderewski aussi que l’on doit l’appui des Etats-Unis en faveur de l’indépendance de la Pologne. Délégué en 1917 en tant que chef de l’Etat polonais à la conférence de Paix de Paris, il plaida la reconstruction et la configuration territoriale du pays conformes aux aspirations des Polonais et aux propositions des alliés. En janvier 1919, Paderewski devint premier ministre, puis ministre des Affaires étrangères d’une Pologne qui retrouvait enfin son entité. Même après avoir quitté le gouvernement, il continua à rendre de nombreux services à son pays comme diplomate et comme représentant auprès de la Société des Nations. Cependant, avec l’arrivée de la Seconde guerre mondiale en 1939 et l’invasion de la Pologne, Ignacy Jan Paderewski prit la tête du conseil national polonais en exil jusqu’à sa mort, en 1941. Etablit aux Etats-Unis, il ne cessa en sa qualité de diplomate et d’orateur, de chercher de l’aide pour sa patrie, et ce malgré son âge avancé. Mais son absence à la Conférence de Yalta doublée de celle du général Sikorski, chef du gouvernement exilé à Londres malheureusement disparu aussi en 1943, laissa alors une large marge de manœuvre à Staline qui dessina selon sa conception la nouvelle carte de l’Europe, amputant à nouveau la Pologne d’une bonne partie de ses territoires et de sa souveraineté… La suite de l’Histoire, tout le monde la connaît…
Du 1er au 6 octobre, la Semaine Polonaise met à l’honneur celui qui a contribué à la renaissance de la Pologne, à travers des conférences, débats, expositions, projections de films et concerts réunis sous le titre générique « L’Art pour la liberté ». Ces événements se tiendront principalement à l’université Toulouse Jean-Jaurès, mais aussi à la librairie Ombres Blanches, à la Cinémathèque de Toulouse et à l’auditorium St-Pierre-des-Cuisines pour le concert de clôture, vendredi 5 octobre. Le programme de cette soirée baptisée « De Chopin à Paderewski » proposera un concert de chant interprété par la soprano Anna Wilk accompagnée au piano par Bartlomej Wezner, suivi d’un récital donné par le pianiste et compositeur Marek Zebrowski.
Entrée libre, à l’exception de la Cinémathèque.
Une chronique de Sarah Authesserre pour Radio Radio
La Semaine Polonaise à Toulouse
du 1er au 6 octobre 2018 • Toulouse
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