Tous les hommes désirent naturellement savoir, publié chez J.C Lattès, est le récit des errances de Nina Bouraoui entre identité et souvenir.
L’univers de Nina Bouraoui est intime, dense, profond. Il est une recherche de la vérité. Sa vérité. Mais qu’elle est-elle ? Celle d’une petite fille aux souvenirs d’une Algérie lumineuse, aride. D’une mère qui se bat, qui veut être libre et femme. Nina Bouraoui observe, raconte, capte les odeurs, les regards, les silences. Les mots s’écrivent pour se souvenir, pour ne pas laisser échapper un passé qui a construit une identité partielle. Une identité que l’auteur cherche aussi dans le Paris des années quatre-vingt. Nina vit à Paris, elle a tout juste 18 ans et rêve d’amour. Elle se rend souvent dans un célèbre club réservé aux femmes, le Kat. Dans ce lieu, elle explore son désir, celui des autres. Solitaire, elle oscille entre pudeur et envie. Elle se lie d’amitié avec un groupe de filles qui sont confrontées elles-mêmes à leurs propres doutes. Puis Julia apparaît, désirante et envoûtante. Et l’amour devient soudain un jeu, une traque, une violence qui déroute la jeune femme. Alors il faut apprendre, se réinventer et recommencer.
La petite musique
Nostalgie, mélancolie, sensualité ? Quels sont les sentiments qui dominent dans la littérature de Nina Bouraoui ? Le lecteur est d’emblée happé par une douce musique qui enivre. Chez Nina Bouraoui le langage est corps, relief, aspérité. Il est le chemin qui nous mène tour à tour dans l’enfance et dans l’adolescence, qui nous fait voyager de l’Algérie à Paris, qui nous fait tendre l’oreille pour percevoir les choses dites à demi-mots et qui nous plonge dans les émotions à fleur de peau.
Tous les hommes désirent naturellement savoir est un très beau roman, très poétique qui donne envie de relire les autres livres de l’auteur afin de recomposer le puzzle de ses souvenirs.
Sylvie V.
Nina Bouraoui, Tous les hommes désirent naturellement savoir, J.C Lattès, 264 p.
photo : Nina Bouraoui © Patrice Normand