Dans son dernier roman, Reviens, publié aux Editions Grasset, Samuel Benchetrit explore l’univers d’un écrivain qui se cherche. Un roman très réussi qui lance cette nouvelle rentrée littéraire.
Un homme – l’alter ego de Samuel Benchetrit ? – fait face à sa solitude. Il est écrivain et est en panne d’inspiration. Et pourtant, il a déjà gaspillé tout l’à-valoir accordé par son éditeur. Un éditeur qui n’a pas vu l’ombre d’un texte et qui est peu convaincu par l’idée d’un roman s’inspirant de la vie de Pline l’Ancien. Mais la vérité, c’est que cet auteur n’a encore rien écrit sauf des tas de listes de promesses qu’il rédige le soir et oublie dès le lendemain. Le protagoniste erre donc dans sa vie entre un fils qu’il admire – mais qui est parti découvrir le monde – et une ex-femme trop présente qui lui fait toutes sortes de reproches. Entre temps, la vie est faite de petits riens et de rencontres insolites comme avec les Raymondes pour qui il lit des livres d’un auteur qu’il méprise. On y rencontre aussi Suzanne, une infirmière timide qui bégaie et qui lui plait énormément. Et bien d’autres personnages tout aussi attachants les uns que les autres. Samuel Benchetrit aime ses personnages et cela se ressent dans la façon dont il les dépeint, même lorsqu’il ne s’agit que de personnages secondaires.
Un second degré désopilant
On suit les tribulations de cet auteur perdu avec beaucoup de plaisir et beaucoup d’humour. En effet les pages ne manquent pas de dérision, de sens comique ce qui donne du relief au texte. Tout en évoquant les thèmes sérieux de l’inspiration, de la vie, de la solitude, etc., Samuel Benchetrit offre un point de vue fort et original. Son sens de l’observation est très aiguisé et apporte quelque chose de réjouissant à la lecture de Reviens. On pense, par exemple, aux pages consacrées au visionnage d’une téléréalité consacrée au mariage. Le narrateur nous entraine aussi dans des aventures loufoques comme avec l’achat d’un canard vivant, sa relation avec Amazon ou encore un quiproquo avec un employé des impôts. Bref des situations très drôles, mais pas juste pour rire. Reviens regorge aussi de pensées poétiques et d’émotions à fleur de peau.
Peu de chance de perdre du temps ou de s’ennuyer avec ce roman.
Sylvie V.
Samuel Benchetrit, Reviens, Grasset, 252 p.
photo : S.Benchetrit © JF Paga