« Une longue et belle histoire », voilà les mots de Jacky Ohayon, directeur du théâtre, pour qualifier ses années passées à Garonne. L’ancienne station de pompage, pleinement ancrée dans l’histoire de la ville de part son architecture et sa fonction, aura donc bien réussi sa métamorphose. Depuis sa première saison, la création et la passion n’ont cessé d’habiter ce lieu… Un véritable bouillonnement artistique, qui n’est pas près de s’éteindre nous ont confié, en ce mois de juin, les équipes du théâtre.
Résumer une saison à Garonne n’est pas chose facile. Cette année encore Jacky Ohayon, Bénédicte Namont et Stéphane Boite ont imaginé une programmation aussi éclectique qu’audacieuse. Une saison de théâtre, mais aussi de danse et de musique. Une saison où la place et la vision de la femme décrochent un rôle tout particulier. Une saison où le rêve, la poésie et la vie auront la part belle, et feront voyager un public fidèle à travers des univers fascinants. Une saison anniversaire également, trente ans ce n’est pas rien… Et pour que cette saison soit pleinement réussie, la structure n’a pas hésité à s’associer avec d’autres théâtres du Grand Toulouse, pour que l’offre soit encore plus variée, et accessible. Côté accueil le théâtre revoit aussi son offre. Avec une nouvelle équipe en cuisine et donc une nouvelle carte, le coin restauration sera repensé dans son fonctionnement pour recevoir le public – avant ou après les spectacles – dans des conditions optimales.
Un automne aux couleurs du monde…
Ce sont des artistes, et des compagnies, originaires des quatre coins du monde qui feront vibrer les premiers mois de la saison. Qu’ils viennent du Japon, comme Toshiki Okada qui propose un spectacle à mi-chemin entre le théâtre et la danse, ou d’Afrique du Sud comme Steven Cohen avec sa performance sur l’amour perdu et l’être qui reste… Ils proposeront tous des performances personnelles et pleine de charme. Mais octobre signe aussi le retour de Richard Maxwell sur la scène du théâtre Garonne. L’artiste New-Yorkais de renom est très attendu par le public toulousain, comme par les équipes du théâtre, qui se réjouissent cette année de lui consacrer le statut d’artiste associé. Avec le spectacle « Paradiso », il offrira une critique acerbe de notre société dans une atmosphère totalement éthérée.
L’automne de Garonne sera aussi particulièrement ouvert à la danse, et aux compagnies originaires d’Israël grâce à l’événement « Tel Aviv Express ». Un événement organisé dans le cadre de la saison France-Israël 2018. Enfin, cet automne se clôturera en beauté avec le retour de Maguy Marin à Toulouse. En partenariat avec le feu TNT, la chorégraphe viendra présenter son spectacle « May B », au théâtre de la Cité.
Un hiver audacieux…
L’hiver sera inauguré par un spectacle glacial. Ça tombe plutôt bien ! Librement adapté du texte de Thomas Bernhard « Déjeuner chez Wittgenstein », Séverine Chavrier proposera « Nous sommes repus, mais repentis ». Avec une scénographie impressionnante, des acteurs bouleversants et des moyens techniques intéressants, la directrice du CDN Orléans/Centre-Val de Loire, offre ici une bien jolie partition.
S’enchaîneront ensuite des performances toutes aussi singulières. Le duo quasi clownesque, issu de la compagnie anglo-saxonne « Forced Entertainment » viendra présenter son spectacle « The Notebook », inspiré du « Grand Cahier » de l’écrivaine hongroise Agota Kristof. Ils évoqueront les horreurs de la guerre, d’une guerre, le tout avec beaucoup d’intelligence. Et puis, la danse sera toujours très présente durant cet hiver à Garonne. Que ce soit à travers la création d’Azusa Takeuchi « Kara-Da-Kara », avec « Là » de Baro D’Evel, avec « Furia » de Lia Rodrigues – en partenariat avec La Place de la Danse – ou encore avec « À l’Ouest » d’Olivia Grandville, ou « Twice » d’Emmanuel Eggermont et Robyn Orlin… L’offre sera très diversifiée et toujours de qualité.
Le début d’année sera, quant à lui, consacré au théâtre et à la société civile. Grâce au collectif In Vitro, au talent de Tchekhov ou encore à celui de Richard Maxwell, les créations proposées feront preuve d’audace et d’ingéniosité. Travailler avec des non-acteurs, en dehors des théâtres, casser les codes et évoquer les invisibles – ces personnes qui rythment notre quotidien, mais que l’on ne remarque pas forcément – voici les partis-pris de ces artistes engagés. À découvrir absolument.
Un printemps très féminin…
Le dernier tiers de cette saison sera émaillé de grâce, de poésie et de présence féminine. Le spectacle « Robot, l’amour éternel » résume parfaitement ce printemps à Garonne. Kaori ito a pensé un spectacle époustouflant grâce à l’intelligence artificielle. La danseuse évolue à travers une conversation avec le robot Siri. Elle imite les robots qui imitent les humains. Une performance rare. Gaëlle Bourges viendra, quant à elle, proposer « Le Bain » ; un spectacle de marionnettes intelligent. Maguy Marin reviendra avec son spectacle « Ligne de Crête ». Côté théâtre, un grand rendez-vous : le collectif belge De Roovers viendra jouer Shakespeare, et leurs apparitions sont très rares en France. Enfin, « Les Démons » de Dostoïevski clôtureront la saison théâtre de Garonne, toujours en partenariat avec le théâtre de la Cité.
Trois rendez-vous incontournables
En plus de sa trentaine de spectacles, le théâtre Garonne proposera cette année encore trois festivals distincts au sein de sa saison culturelle. Le premier ouvre traditionnellement l’année. Il s’agit du « Printemps de septembre » et repose essentiellement sur des installations vidéos et des performances. Cette année, c’est « Flyway » qui permettra aux Toulousains de voyager et de faire fonctionner leur imaginaire en suivant le vol d’oiseaux migrateurs, casque sur les oreilles et jumelles sur le nez. Chacun pourra imaginer sa propre histoire. La performance est gratuite et le nombre de places limité. En mars, c’est le festival « In Extremis » qui, en partenariat avec le théâtre de la Cité, fera la part belle à la danse avec les « Baccantes » de Marlène Monteiro Freitas et la musique avec un spectacle hommage a Moondog. Le reste de la programmation est en cours. Et puis c’est « L’Histoire à venir » qui clôturera le cycle de ces trois festivals. Tables rondes, débats, conférences, ateliers, jeux, performances autour des débats du passé, du présent ou de l’avenir. La programmation est encore en cours, mais promet, elle aussi, de très belles surprises.
Régis DARO