Chaque mercredi, nous évoquons à travers une vidéo une chanson connue ou méconnue, revisitée ou immortalisée.
Shades par Iggy Pop
Ne parlez pas de Blah-Blah-Blah aux puristes d’Iggy Pop. Cet album, sorti en octobre 1986, est jugé trop commercial, trop synthétique, trop marqué par Bowie (qui coécrit cinq titres et coproduit l’ensemble), trop loin des hymnes rageurs d’Iggy & the Stooges comme Raw Power ou Search & Destroy. On comprend les griefs même si on ne les partage pas tout à fait. Bien sûr, le huitième disque solo de l’Iguane est loin d’égaler les deux chefs-d’œuvre – The Idiot et Lust for Life – signés dix avant par Iggy avec la collaboration de Bowie, mais il contient quelques très bons titres – Cry for Love, Fire Girl (coécrits avec Steve Jones, ex-Sex Pistols) ou Isolation.
Le début des années 80 n’est guère faste pour Iggy Pop qui enchaîne des albums dispensables dans l’indifférence générale. Le statut d’artiste culte est souvent synonyme d’artiste-maudit. Heureusement que les royalties de China Girl (repris par Bowie sur Let’s Dance) devenu un tube sont là. Le disque suivant de Bowie, Tonight, met encore plus son ami à contribution puisqu’entre les reprises de ses chansons (Don’t Look Down), les reprises de celles qu’ils avaient écrites pour Lust for Life et des nouveaux titres, Iggy Pop cosigne plus de la moitié du disque. En 1986, Bowie est décidé à relancer plus franchement la carrière du « Parrain du Punk ». Direction la douce Suisse et Montreux où, au Mountain Studio (qui appartenait alors à Queen), ils vont accoucher de Blah-Blah-Blah. Baby, It Can’t Fall, Shades, Isolation, Blah-Blah-Blah et Hideaway (plus Little Miss Emperor sur l’édition CD) sont signées par le tandem épaulé notamment par des musiciens de Bowie (le guitariste anglais Kevin Armstrong, le multi-instrumentiste turc Erdal Kizilcay). L’objectif initial est rempli. L’album est un succès commercial, cinq singles seront édités, des clips d’Iggy Pop sont en rotation sur MTV, une tournée mondiale fait découvrir l’artiste à un nouveau public. Enfin, n’en déplaise aux grincheux, il y a de bonnes chansons sur Blah-Blah-Blah. La preuve avec Shades, belle ballade (raccourcie de deux minutes dans le clip) aux paroles délicates, sur laquelle Iggy chante somptueusement.