C’est sûrement un des concerts qu’il ne faut pas rater en cette fin de printemps 2017. Le 16 juin, à 20h, à la Halle, est donné LE concert au profit de la recherche sur le cancer, une initiative des clubs Rotary, Inner Wheel et Rotaract de Toulouse et des environs. Le jeune prodige russe Maxim Emelyanychev est à la direction de ce monument rythmique qu’est la Symphonie n°7 de Beethoven précédée par le Concerto pour piano n°2, véritable chef-d’œuvre olympien de Brahms, avec pour soliste ni plus ni moins que le pianiste Adam Laloum, soliste instrumental des Victoires de la musique classique 2017, une victoire qui couronne un magnifique début de carrière.
C’est la jeunesse qui prend le pouvoir, entre Adam Laloum et ses trente ans à peine et le chef qui ne les a pas encore, qui va s’en plaindre !! Un tandem, assurément explosif, ou plutôt trio, puisqu’en plus, c’est l’Orchestre National du Capitole avec tous ses talents qui est sur le plateau.
MAXIM EMELYANYCHEV
Son nom n’est sans doute encore guère répandu au-delà du cercle des connaisseurs du répertoire baroque. Pourtant Maxim Emelyanychev est un artiste fascinant : sitôt entendu, sitôt remarqué, sitôt retenu. Il en est ainsi du jeune chef qui dirige le concert de ce soir. Un des chefs les plus exceptionnels de la nouvelle génération.
Pour illustrer le propos, deux parutions toutes récentes nous donnent à découvrir quelques facettes du talent protéiforme de ce musicien russe âgé de 28 ans. Dans le nouvel enregistrement des Noces de Figaro de Mozart sous la direction d’un autre phénomène, le chef d’origine grecque Teodor Currentzis (Sony Classical), et ce, à l’Opéra de Perm, il tient la partie de piano forte. Loin de la cantonner aux seuls récitatifs secs (ce qui est déjà beaucoup), le chef invite le clavier à rejoindre les instruments de l’orchestre dans les récitatifs accompagnés, mais aussi les airs et les ensembles. Un parti pris singulier qui peut surprendre, charmer ou agacer à la longue. Mais, quelle que soit l’adhésion de l’auditeur à cette omniprésence du piano forte, il ne peut que succomber au jeu de Maxim Emelyanychev. Pour cette prestation au clavecin, il a été récompensé par le Masque d’Or, prestigieux prix de Russie. Les compliments fusent.
Ce diable d’homme sait tout faire de ses dix doigts ! Des traits véloces et perlés et des accords vrombissants; des caresses à peines esquissées et des lignes ondoyantes au legato enveloppant. Au-delà de la technique imparable de l’interprète, c’est l’esprit vif et ardent de l’homme de théâtre qui s’impose. Aussi bien, sinon mieux que les chanteurs, il sait installer un climat, suggérer un état d’âme, donner vie à une action, lancer un éclat de rire ou poser un point d’interrogation existentiel au terme d’une réplique apparemment légère. Patience récompensée pour tous ceux qui tenaient à découvrir ce que ce musicien hors pair ferait à la tête de l’ensemble Il Pomo d’Oro, dans Tamerlano de Haendel, à l’Opéra royal de Versailles. De l’énergie, il en faut pour diriger Haendel, faute de laisser retomber le soufflé. Maxim Emelyanychev en a à revendre, par bonheur. Avec son physique d’éternel adolescent à la Lorant Deutsch, il ne cesse de sautiller, de tressauter sur son siège, depuis le clavecin d’où il dirige. On a parfois l’impression qu’il s’invente des mains supplémentaires quand les deux que la nature lui a données sont retenues sur le clavier, pour donner les départs aux chanteurs ou pour inciter les toujours expressifs instrumentistes de l’ensemble Il Pomo d’Oro à marquer davantage telle note. Toujours est-il que le résultat est on ne peut plus convaincant et que ces trois heures de musique passent comme une lettre à la poste, grâce à des tempos souvent rapides mais jamais excessifs, qui ne mettent à aucun moment les chanteurs en difficultés, notamment un « Vivi, tiranno » plus martial qu’emporté.
Né en 1988 dans une famille de musiciens, Maxim Emelyanychev étudie le piano et la direction d’orchestre à l’école de musique de Nizhny Novgorod avant d’intégrer le Conservatoire Tchaikovsky de.Moscou dans la classe de Gennady Rozhdestvensky. Il fait ses débuts en tant que chef d’orchestre à…12 ans !
Après plusieurs prix internationaux prestigieux, sa carrière de chef débute avec de nombreux orchestres russes et prend son essor au plan international avec le Sinfonietta Sofia, le Sinfonia Varsovia ou le Real Orquesta Sinfonica de Sevilla, qui l’invite en 2014 à diriger une production de Don Giovanni au Teatro de la Maestranza. Succès au rendez-vous.
Maxim se produit aujourd’hui avec le même bonheur auprès de formations baroques et d’orchestres symphoniques, aux côtés d’artistes de tout premier plan et son activité à la tête de l’ensemble Il Pomo d’Oro est foisonnante, au concert comme à l’opéra. Il en est le chef principal depuis janvier 2016.
La saison dernière, il dirige l’Orquesta Nacional de Espana, ainsi que le Real Filarmonica de Galicia et le Real Orquesta Sinfonica de Sevilla, qui le réinvitent immédiatement pour leurs prochaines saisons. Parmi les temps forts de la saison 2016-17 : deux longues tournées en Europe et Amérique du Nord avec Il Pomo d’Oro et Joyce Di Donato, après la sortie, en novembre 2016, de leur CD intitulé In War and Peace, Harmony through music ; débuts à l’Opéra de Zurich, en novembre et décembre, dans une nouvelle production de L’Enlèvement au sérail de Mozart.
Son double CD consacré à Haydn, dans lequel il est à la fois chef et soliste, en compagnie de Riccardo Minasi et Il Pomo d’Oro, a été couronné en octobre 2016 par le prestigieux prix allemand Echo Klassik.
ADAM LALOUM
Notre pianiste n’est pas un expansif, pas plus derrière le piano que devant son clavier. Il n’a pas les bras qui montent au ciel pour laisser retomber ses doigts sur touches blanches et noires. Mais l’œil vif est bien là. Si vous souhaitez le connaître davantage, lisez son entretien sur le site Piano bleu, et ces quelques lignes qui suivent
Adam Laloum était un nom peu connu du monde musical avant qu’il ne remporte, à l’âge de 22 ans, le Premier Prix du prestigieux concours Clara-Haskil à Vevey, en 2009 (Le Monde du 5 septembre 2009). Recommandé par certains de ses professeurs, repéré et programmé par quelques festivals avisés, le pianiste se consacrait surtout à la musique de chambre. L’altiste Miguel da Silva, membre du Quatuor Ysaye, qui a joué en sa compagnie, nous a confié : « Adam a les qualités d’un grand chambriste : il joue magnifiquement, sait être autant à l’écoute qu’il peut être moteur. »
Adam Laloum s’était inscrit à ce concours – son premier – sans y croire vraiment, même si le jeune Français correspond au profil type de l’« esprit Haskil », hérité de la grande pianiste suisse d’origine roumaine : d’abord musicien, virtuose ensuite. On se souvient encore avec émotion de son interprétation du Concerto en ut mineur KV 491, de Mozart, d’une clarté douloureuse et pudique. Mais on attendait l’occasion de l’entendre en récital. Celle-ci fut donnée, un dimanche de juillet, par le Festival de Saintes, avec un programme d’un classicisme apparemment sans risque, mais en fait redoutable : la Sonate KV 282, de Mozart, les Klavierstücke op.76, de Brahms et la Sonate en sol majeur D. 894, de Schubert.
« J’avais songé jouer la Sonate d’Alban Berg, nous avait confié le jeune pianiste à l’issue du concert. Mais j’ai dû y renoncer pour cette occasion. » Beethoven, qu’il adore, lui fait encore peur, mais pas Brahms, une musique dont on dit qu’elle sied davantage aux âges mûrs : « C’est dans Mozart que j’ai eu le plus le trac, dans ces phrases à nu si difficiles parce que apparemment si évidentes. Mais je me sens en affinité immédiate avec les Pièces op.76 de Brahms. Brahms sera d’ailleurs au programme de mon premier disque pour Mirare. »
On est étonné d’apprendre qu’il jouait, à Saintes, la Sonate en sol majeur D.894 pour la deuxième fois seulement en public, quand tout donne à croire à une longue fréquentation de ce chef-d’œuvre… Ce jeune musicien pourrait paraître ne pas être taillé pour la « carrière » : un peu sauvage (après le concours de Vevey, il avait fui les honneurs pour aller fumer au bord du lac), chaleureux mais timide et peu disert, il semble étonné – plus que dépassé – par ce qui lui arrive.
Qu’est-ce donc qui a changé depuis l’obtention de ce prix ? « Le stress est apparu dans ma vie, je ne le connaissais pas avant. La musique de chambre, c’est le plaisir du partage dans une aventure collective. Jouer seul devant le public ces pages sublimes est une autre affaire. Avant le concours, je jouais les Kreisleriana de Schumann à toutes les sauces. Depuis, il m’a fallu construire un répertoire, affronter les inévitables pépins physiques liés à un travail intensif. »
« Pourtant, Adam Laloum, en dépit d’une constitution en apparence fragile et de doigts d’une finesse étonnante, témoigne d’une réserve physique impressionnante. Les orages sous-jacents chez Brahms viennent du creux du silence et se graduent jusqu’au tonnerre, violents mais jamais brutaux. Il fait beau dans ces ténèbres brahmsiennes, et Laloum a su saisir l’exacte tonalité de l’effroi mozartien, si bien caché derrière la délicatesse d’un jeu sans apprêt. Pourquoi a-t-on entendu le pré-écho du grand solo de soprano de la Messe en ut mineur, de Mozart dans la deuxième partie du premier mouvement de sa Sonate KV 282 ? Pourquoi le début du dernier mouvement de la Sonate en sol, de Schubert, nous a-t-elle fait si fortement penser à un pendant souriant du « Leiermann », du Voyage d’hiver ? Et pourquoi, plus loin, le développement de ce mouvement réincarne-t-il de manière si éloquente les dialogues angoissés du Roi des Aulnes ? Comment Adam Laloum sait-il révéler ces étonnants palimpsestes ? Ces mystères le dépassent peut-être comme ils nous dépassent. Mais ils sont assurément le propre d’un grand artiste et d’un poète. » Renaud Machart.
Depuis ces quelques lignes, l’artiste n’a pas eu une minute. Il est partout. Affamé de musique de chambre surtout, et très sollicité alors dans toute pièce où le piano est là. Les concertos ne lui font plus peur, et après le n°1 de Johannes Brahms à la Halle, c’est donc, dans les mêmes conditions, le n°2 ? avec ce jeune chef si prometteur. Le tout risque d’être…explosif !
Concerto pour piano et orchestre n°2
1. Allegro non troppo
2. Allegro appassionato
III. Andante
1. Allegretto grazioso
Durée totale, environ 45 minutes
A propos de ce concerto. S’il ne fut terminé lui aussi que trois ans après les esquisses datées de 1878, ce n’est pas à cause d’un accouchement difficile comme pour le premier concerto, mais pour des raisons parfaitement pragmatiques, Brahms accordant alors la priorité à son concerto pour violon. « Je tiens à vous raconter que je viens de composer un tout petit concerto pour piano avec un tout petit scherzo plein de tendresse. Il est en si bémol », écrivait Johannes Brahms à son amie Elizabeth von Herzogenberg en 1881. Pour sûr, l’œuvre est en quatre mouvements et d’une durée d’environ…45 minutes, en sachant que suivant les interprétations disponibles, cela peut varier de la plus rapide en même pas 40 minutes à près de 55 pour la plus lente! Une durée totale bien loin de correspondre alors à la règle en vigueur pour un concerto, et nombreux furent ceux qui le trouvèrent tout bonnement « trop long ». Jusqu’à lui conseiller de supprimer le fameux « petit scherzo ». Qui n’est autre que le deuxième mouvement, un Allegro appassionato, un grand morceau tumultueux et fantastique qui constitue peut-être l’épisode le plus purement brahmsien, le plus nordique de tout le concerto, des pages d’une force et d’une vitalité monumentales.
Hugo Wolf , sortant de la première viennoise s’exclamera : « Qui peut avaler ce concerto de bon appétit peut envisager sereinement la perspective d’une famine. » Mais l’avis de son ami chirurgien et mélomane Billroth comptait bien davantage qui lui déclara sur six pages : « Ce deuxième concerto est, par rapport au premier, ce qu’est l’homme en pleine maturité par rapport au jeune homme qu’il fut.… »
La création en première audition publique devait avoir lieu à Budapest le 9 décembre 1881, avec le compositeur au piano. A part quelques petites retouches faites auparavant en concert privé à Meiningen, l’œuvre fut créée telle que. Elle est de grande envergure tant au point de vue de l’inspiration que de la facture pianistique et symphonique. De tous les concertos de forme classique, l’opus 83 est un des plus grands et des plus difficiles. En quelques jours, il devait conquérir toutes les scènes allemandes. « Le soir de la Première, une scène de tumultueux enthousiasme se produisit quand l’exécution eut pris fin. Le public applaudit frénétiquement et poussa des cris d’admiration que l’orchestre renforça en une fanfare de trompettes et de tambours. » Mais la popularité de ce concerto dans lequel l’orchestre joue un rôle très important , s’étendit vite au-delà des frontières et, en dépit des difficultés techniques qu’il présente, il est par exemple en France, aussi souvent joué que le premier. Les deux font partie des plus grands et plus beaux concertos du répertoire.
La Symphonie n° 7 est dédiée au Comte Moritz von Fries. Beethoven dirigea lui-même la création le 8 décembre 1813, dans la grande salle de l’Université de Vienne – Salieri, Spohr et Meyerbeer jouaient dans l’orchestre…C’est lors d’un concert de bienfaisance au bénéfice des soldats autrichiens et bavarois blessés à la bataille de Hanau. Beethoven y voyait l’une de ses meilleures œuvres. Curieusement, Wagner y voyait l’apothéose de la danse. D’une danse nietzschéenne de l’esprit alors, car rien ici n’invite au divertissement. Peut-être parce que c’est la plus rythmique de toutes les symphonies du compositeur et que Wagner les connaissait bien sûr de la Première à la Neuvième. En revanche, il est difficile de donner tort à Wagner sur le mot d’apothéose, ici éclatante. Ce jour-là, Beethoven dirigeait, outre la Septième, La Victoire de Wellington ou La Bataille de Vittoria qui lui avait été commandée pour cette circonstance, et celle-ci éclipsa d’ailleurs complètement la symphonie ! Un enthousiasme dans l’assistance davantage dû au sentiment nationaliste, à n’en pas douter ! Rejouée le 12, elle fut par contre acclamée et le second mouvement dut être bissé entièrement.
La Septième symphonie est bien l’œuvre d’un génie audacieux qui a su donner de l’ampleur aux formes traditionnelles, créant une forme d’expression très personnelle, sorte de sceau reconnaissable sans difficultés et qui a ouvert les portes du romantisme. Il semble même signifier comme une intemporalité. Elle fut composée en 1811 et 1812 et comporte quatre mouvements. Cette période est l’une des plus productives dans la vie de Beethoven. Au dehors, l’Empire des Habsbourg est à genoux devant Napoléon. Il vient de faire signer le traité de Schönbrunn à l’Empereur François 1er et a épousé sa fille Marie-Louise. Le pays est en plein délabrement économique et ne sera sauvé que par la tenue du Congrès en 1814-1815. Depuis quelques années, Beethoven est reconnu comme le plus grand compositeur de son temps et a acquis une assurance formidable en son génie.
Si ses œuvres pour piano représentent en quelque sorte son intimité, les symphonies sont des œuvres naturellement publiques et Beethoven y adopte un ton et une stature de tribun. Pas de doute ici, pas de tragédie personnelle, mais l’élan et la force, aussi bien à travers le bonheur ou le malheur des peuples. Cette énergie pugnace n’est pas loin d’être unique dans l’histoire de la musique.
Le premier mouvement se veut d’emblée monumental. Une longue et solennelle introduction – Poco sostenuto – mène à un Vivace qui ne craint pas le fortissimo. Après cette déclaration de guerre, farouchement patriotique, Beethoven fait entendre dans l’Allegretto le destin douloureux des peuples en une marche lente et tragique. Le génie de Beethoven de toucher le cœur humain et d’affirmer sa fraternité joue ici à plein. Le crescendo progressif et inexorable de cette marche a dû stupéfier les premiers auditeurs, tant sa force d’entrainement est immense. Selon la légende, Carl Maria von Weber aurait déclaré après ce mouvement que Beethoven était prêt pour la maison de fous.
Si l’on veut bien aller chercher Tchaïkovski, notre fantastique épistolier, qui a, à cette date livré ses deux premières symphonies, voyons ce qu’il écrit dans Rousskié vedomosti ( « les nouvelles russes ») le 27 novembre 1874, en compte-rendu d’un concert où fut jouée cette fameuse Septième. Cette analyse débute par une constatation : la popularité du deuxième mouvement, « Le célèbre andante de la Septième qui, depuis soixante-deux ans, constitue une source abondante de joies esthétiques pour tout le monde civilisé », le compositeur russe le range parmi « la faible quantité d’œuvres qui ont l’aptitude de plaire aussi bien au fin connaisseur qu’à un public peu averti ». Le constat fait, il s’empresse de souligner que les différents mouvements de la symphonie « ne sont nullement inférieurs à l’andante ». Il en livrera une analyse tout autant.
Dans ce contexte, pour créer un contraste saisissant, Beethoven se mit au défi d’écrire le plus puissant et brillant de ces scherzos, ce qu’il fit avec cet insensé Presto. L’Allegro final est lui-même d’une rare impétuosité : la fièvre patriote de Beethoven est inextinguible, jusqu’à une conclusion en fanfare. « Ce finale représente comme une bacchanale de sons, une succession de tableaux empreints de gaieté sans partage, de bonheur, de joie de vivre. En écoutant ce magnifique mouvement final de la symphonie, on ne sait plus ce qui doit étonner : la richesse de l’imagination créatrice de Beethoven ou la perfection de la forme, sa science prodigieuse dans l’utilisation de tous les procédés de développement des thèmes, et son instrumentation pleine, sonore et luxuriante.»
Dans les quatre mouvements, le rythme (trépidant le plus souvent) est sans doute la chose essentielle, renvoyant à la pulsation de la vie même. Et si nous revenons à Wagner dans L’Œuvre d’art de l’avenir (1849) : « cette symphonie est l’apothéose de la danse elle-même ; elle est la danse dans sa nature suprême, l’action la plus heureuse du mouvement physique, incarné presque idéalement dans les sons ».
On se doit de citer, du compositeur Louis Spohr, un témoignage très vivant d’une répétition dirigée par un Beethoven possédé, mais enfermé dans sa surdité : « On s’apercevait très clairement que le pauvre maître, sourd [der arme, taube Meister], ne pouvait plus entendre les passages piano de sa musique, mais c’était particulièrement frappant à un certain endroit de la seconde partie du premier Allegro de la symphonie. Il y a là deux sons tenus successifs dans le second est marqué pp. Beethoven n’avait certainement pas remarqué celui-ci, car il recommença à battre la mesure alors que l’orchestre n’avait pas encore attaqué le deuxième de ces sons. Sans le savoir, il avait pris dix à douze mesures d’avance lorsque l’orchestre commença, pianissimo. Pour indiquer à sa manière ce pp, Beethoven s’était tout entier blotti sous le pupitre ; au crescendo suivant, il réapparut, se relevant peu, et se dressa de toute sa hauteur au moment où, selon son décompte, le forte aurait du commencer. Celui-ci ne s’étant pas produit, il jeta autour de lui un regard d’effroi, fixa avec étonnement l’orchestre qui continuait à jouer pp, et ne se retrouva que lorsque le forte si longtemps attendu se présenta finalement et lui fut enfin audible ».
Michel Grialou
Concert au profit de la recherche sur le cancer
Orchestre National du Capitole de Toulouse
Maxim Emelyanychev (direction)
Adam Laloum (piano)
Halle aux Grains
vendredi 16 juin 2017 à 20h00
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Maxim Emelyanychev © Emil Matveev
Adam Laloum © Carole Bellaiche
Orchestre du Capitole © Patrice Nin