La grande muraille, un film de Zhang Yimou
Voilà à nouveau la plus grande construction jamais édifiée par l’homme, la Grande muraille de Chine, au centre d’un film, cette fois d’heroïc fantasy. Doté d’un budget qui se classe d’emblée comme le plus élevé d’une production tournée en Chine (135 millions $), le dernier opus de Zhang Yimou est un spectacle à couper le souffle. Qui plus est assez original (voir le premier combat !!!) et d’une richesse visuelle étourdissante. Habillant ses centaines de figurants avec un luxe qui laisse rêveur, ce réalisateur, aidé d’effets spéciaux bien sûr ébouriffants, pouvait nous laisser espérer un super blockbuster. En fait, très vite il faut déchanter. Et tout d’abord par la faute d’un scénario, talon d’Achille du 7ème art, qui n’en finit pas de faire des impasses, mal venues dans un film d’action.
Où l’on devine que des mercenaires cherchent à voler une certaine poudre noire pour la ramener en Occident. Le début tient d’ailleurs du western. Sauf que l’aventure est censée se passer au VIIème siècle. La légende dit que la Grande muraille a été construite, entre autre, pour protéger Pékin de l’invasion de monstres venus d’un autre âge. Ces derniers attaquent le célèbre mur tous les 60 ans. Mais cette fois, ils sont un peu en avance. Et voilà que deux brigands tout ce qu’il y a de plus occidentaux : William (Matt Damon complétement hors sol…), champion de tir à l’arc et Pero (Pedro Pascal) se retrouvent embarqués dans cette tourmente. Le talent de Zhang Yimou explose clairement dans la première scène d’attaque des monstres. C’est d’une incroyable virtuosité. La tentative de rallier Pékin en montgolfière est aussi visuellement superbe. Mais tout cela ne fait pas un film. On le sent bien. Les idées mercantiles qui affleurent dans tous les sens au cœur de ce scénario fait pour infiltrer le colossal marché de l’Empire du Milieu sont certainement complexes à déchiffrer. Ajoutons que les soldats chinois sont d’une bravoure stupéfiante et que l’Empereur a tout d’un attardé mental. Tout cela fait un joli panorama idéologique, non ?
Robert Pénavayre