Des milliers d’événements face à des millions d’euros; voilà le duel qui a animé l’ensemble des agents culturels de Toulouse durant la semaine dernière. En cause, l’annonce faite par la Mairie de la vente de l’espace Croix-Baragnon pour raison financière. Retour sur le passé fulgurant et le futur incertain d’un haut lieu de la Culture toulousaine.
Présentation:
Mais d’abord, qu’est ce que l’Espace Croix-Baragnon ? C’est avant tout un lieu emblématique de la culture toulousaine, enrichissant la rue éponyme depuis une cinquantaine d’années. C’est 250 artistes exposés à la Galerie, ainsi qu’à l’Espace III consacré aux résidences d’artistes. C’est plus de 200.000 visiteurs entre 2005 et 2015, rien que pour la partie galerie. C’est enfin 56 expositions en 10 ans, proposant des contenus extrêmement variés et riches en découvertes. Mais c’est aussi la salle bleue, connue de beaucoup pour ses très nombreux concerts privilégiant des genres tels que le jazz ou le classique, et proposant plus de 150 dates par année.
En somme, au delà des statistiques, il s’agit là d’un des rares lieux toulousains voulant mettre en valeur toute la richesse des nouvelles formes artistiques, en en favorisant l’émergence sur la scène musicale et artistique. Mais il s’agit d’un tremplin pour de nombreux artistes (entre quatre et cinq par ans) grâce à la résidence d’artistes située au troisième étage du bâtiment, et permettant au public, lors des ouvertures, d’avoir un contact privilégié avec les œuvres, et leurs auteurs. C’est ainsi que, vendredi dernier, eut lieu ce qui sera peut-être l’une des dernières ouvertures de résidence qui mettait en valeur le travail de Marie Zawieja et DDigt. Ces résidences sont donnent par ailleurs la possibilité aux artistes de pouvoir créer de nouvelles pièces, et ainsi de privilégier la création artistique.
Une mise en vente économique
C’est donc, au delà de la devanture, tout l’Espace qui a été mis en vente par la Mairie. La validation de celle-ci s’est faite lors du Conseil Municipal de vendredi dernier, et plus précisément à l’ordre du jour n°17. Elle fait partie d’un projet bien plus vaste, qui consiste en la vente de nombreuses places fortes de la municipalité toulousaine, tels qu’une part du batîment Niel ou encore un des bâtiment rue Valade. Cette série de ventes est justifiée par de nombreux agents culturels de la Mairie de Toulouse, qui font appel à un raisonnement économique en rappelant le coût trop élevé des rénovations nécessaires dans ces différents lieux. Alors, ils rappellent qu’il ne s’agit pas de vendre l’esprit de l’Espace Croix-Baragnon, mais bel et bien de déplacer cette identité culturelle afin d’éviter des coûts « disproportionnés » de mise au norme, selon les mots de l’adjoint au Maire chargé de la Culture. Pourtant, aucune information n’a encore été donnée sur d’éventuels lieux susceptibles de récupérer les bureaux, mais aussi la Galerie qui a été vendue contre la volonté de nombreux agents artistiques.
Une décision source de protestations
À l’annonce de plus en plus bruyante de cette vente, qui fait désormais l’objet de nombreuses annonces journalistiques et télévisées, des objections furent déclamées par les acteurs artistiques, mais surtout par les riverains toulousains qui implorent la sauvegarde de « ce lieu mythique ». De fil en aiguille, de nombreuses actions ont été entamées, à commencer par une manifestation sur la place du Capitole vendredi dernier. Indirectement, cela a entrainé la fermeture des portes du site, afin de limiter les incidents, ainsi que la présence d’agents de sécurité toute la journée, mais aussi dans la soirée lors du finissage de l’exposition Tandem 19, prônant ironiquement la sérénité et la méditation.
Enfin, la protestation est aussi numérique, puisqu’une page a déjà été créée sur Facebook. Ainsi, « Non à la vente de l’Espace Croix-Baragnon » partage la plupart des articles de la presse, mais aussi une pétition numérique qui a rassemblé en quelques jours presque 2.5OO voix (disponible ici )
D’ici l’été prochain, date du déménagement officiel, d’autres manifestations sont prévues; et vous pouvez évidemment découvrir ce qui sera peut-être les derniers événements d’une longue série d’un demi-siècle de Culture, et notamment « Sexy Groovy » qui se tiendra à partir de vendredi prochain, dans un climat d’incertitude.