Cette nouvelle saison comporte de nombreux concerts, des collaborations exceptionnelles et un répertoire prestigieux, toujours sous la conduite du maestro si dévoué Jean-Guy Olive.
Elle débute avec un Concert prestige sur deux dates, les lundi 12 et mardi 13 décembre 2016 à 20h30 à l’Auditorium St-Pierre des Cuisines. L’ouverture de la billetterie pour les premiers concerts de cette saison est effective !
Sous la baguette passionnée et exaltante du chef Jean-Guy OLIVE, le programme à l’Auditorium Saint-Pierre des Cuisines sera consacré au musicien tchèque Antonin Dvořák, avec :
Ouverture « Dans la nature » op. 91
Concerto pour violoncelle n°2 en si mineur op.104.
Soliste, le violoncelliste Jérôme PERNOO.
Jean-Guy Olive est à l’origine percussionniste. Il démarre sa formation au CNR (Conservatoire National de Région) de Toulouse et obtient, entre 1994 et 1997, ses médailles d’or en solfège, contrebasse, musique de chambre, direction d’orchestre et déchiffrage, ainsi qu’un Diplôme d’Etat en direction d’ensembles à vents en 1998. Mais oui, tout ça !
Depuis Septembre 2008, il tente une nouvelle aventure musicale et confronte son talent aux 80 musiciens d’un orchestre symphonique entièrement amateur. L’expérience acquise à la tête, de l’Orchestre de Chambre de Toulouse, du Brass Band de Toulouse (qu’il a créé en 2006) et des classes d’orchestre du CNR de Toulouse, lui permet de relever ce défi avec conviction et enthousiasme. Ce chef professionnel met ainsi au service de l’Orchestre de l’Université de Toulouse – OUT – ses compétences et sa pédagogie, avec humilité et un amour de la musique qui ne peut donner à chacun qu’une envie : se surpasser.
Peut-on souligner encore que sa tentative est bien une réussite compte tenu des projets, de plus en plus nombreux, variés et ambitieux de l’orchestre tout au long de ces dernières années. On remarque :
– La mise en place d’un rendez-vous annuel dansant et gourmand autour d’un programme de valses (voir plus loin)
– La mise en place de projets d’envergure avec chœurs (le concert « chœurs d’opéras » en 2015 à la Halle aux Grains regroupait 5 chorales et 350 choristes)
– La mise en place du concert prestige du mois de décembre avec Jérôme Pernoo. Les années précédentes, plusieurs solistes ont accompagné l’Orchestre de l’Université : David Minetti (clarinettiste solo à l’ONCT), Bruno Dubarry (altiste solo à l’ONCT), Dimitri Kuznetsov (saxophoniste diplômé de l’ISDAT), Fabrice Millischer (tromboniste de renom) et le violoniste Gilles Colliard, directeur musical actuel de l’OCT.
– Le partenariat avec l’Orchestre de Chambre de Toulouse, qui a débuté l’an dernier avec la Cinquième Symphonie de Beethoven. L’OCT s’est montré satisfait du résultat produit par l’OUT puisque le partenariat est reconduit cette année.
Jérôme PERNOO est un soliste de renommée internationale, une “pointure“ comme on dit, récompensé lors d’importants concours internationaux (Concours Tchaïkovski, Concours Rostropovitch, Concours de Pretoria), et présent sur les plus grandes scènes musicales du monde, du Carnegie Hall de New-York à la Philharmonie de Berlin. Mais après 20 ans d’une prestigieuse carrière, il vous confie : « Je ne veux plus courir après la gloire. J’ai envie de me concentrer sur un seul lieu pour faire les choses plus profondément, avec plus de possibilités de travail, en réunissant quelques musiciens autour de moi. » Il est ainsi co-fondateur du Festival de Pâques de Deauville, créateur du Festival Les Vacances de Monsieur Haydn à La Roche Posay. En 2005 il est nommé professeur de violoncelle au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris.
L’une de ses dernières réalisations est la création du Centre de Musique de Chambre de Paris. Lors de son dernier passage à Toulouse, à l’occasion des Victoires de la Musique Classique 2016, il interprétait le concerto pour violoncelle de Guillaume Connesson, concerto dont il est le dédicataire. Il était alors accompagné par l’Orchestre National du Capitole de Toulouse.
En plus d’être un violoncelliste d’immense talent, un musicien à l’enthousiasme communicatif et un pédagogue hors pair, Jérôme PERNOO est un passionné. Sa passion, son défi quotidien, est de transmettre, et de prouver à ceux qui disent que « la musique classique n’est pas pour eux » qu’ils se trompent. C’est ainsi qu’il affirme : « Ce qui empêche les gens de venir écouter de la musique classique, c’est l’étiquette, explique le violoncelliste. Au XXe siècle, l’art a été scindé entre le savant et le populaire, selon des codes tout à fait réfutables. Aujourd’hui, notre défi sera de réussir à ‘décoller l’étiquette’ sans pour autant nous corrompre ou faire croire à autre chose. Nous ne sommes pas là pour appâter le client, mais pour lui offrir une musique débarrassée de tout protocole. »
Autres manifestations à venir
Concert Viennois dansant : le 29 janvier à la grande halle de l’Union, venez danser et valser pour soutenir l’association Hôpital Sourire.
Concert avec l’Orchestre de Chambre de Toulouse : au Phare à Tournefeuille le 12 mars (2 concerts dans la journée), à nouveau autour de Dvořák, salle où sera joué la fameuse Symphonie du Nouveau Monde.
Ouverture “Dans la nature“, op.91
Ce court ouvrage de treize minutes environ fait partie avec deux autres “Carnaval“, op.92 et “Otello“ op.93, d’une sorte de triptyque sur les thèmes “Nature“, “Vie“, “Amour“. Ils illustrent les sensations les plus fortes que l’être humain puisse connaître : fusion avec la nature, participation au tourbillon de la fête, et emprise d’un sentiment violent empoisonné par la jalousie, – dont le héros shakespearien fournit la meilleure incarnation.
Plus particulièrement, l’œuvre “Dans la Nature“ peut être considérée comme une réponse aux Près et bois de Bohême de Bedrich Smetana, autre musicien tchèque, en attendant la Suite sud-bohémienne de Vitezslav Novak, tchèque aussi. Par un soir d’été, l’homme entre dans une nature qui paraît assoupie, où s’élèvent parfois quelques notes de chants d’oiseaux, – dont naît une sereine mélodie que l’on retrouvera dans les deux autres Ouvertures. Progressivement s’impose une sensation de joie, de bien-être physique et moral, qui s’amplifie jusqu’à devenir un sentiment de religiosité panthéiste, – avant le retour aux murmures intermittents et au clair-obscur du début. Des touches sonores très fines, des thèmes gracieusement dansants, des jaillissements de vie intenses et doux, des intonations de prière font de cette Ouverture une œuvre aussi variée et équilibrée par la forme, que sincère et poétique par le message qu’elle exprime.
Concerto pour violoncelle n°2 en si mineur, op.104
I Allegro
II Adagio ma non troppo
Finale : Allegro moderato
Effectif orchestral habituel : les bois par deux ; 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones, 1 tuba ; timbales ; pupitres de cordes.
Lorsque Anton Dvorak visite en 1893 les chutes du Niagara, il reste à les regarder, raconte son secrétaire Kovarik, pendant cinq bonnes minutes, puis il s’écrit : « Mesdames et messieurs, voici une symphonie en si mineur ! ». Les cahiers du compositeur contiennent effectivement des notes relatives à cette symphonie, qui ne fut toutefois jamais écrite. La tonalité de l’œuvre et l’époque de sa conception laissent pourtant supposer que Dvorak utilisa ces esquisses pour une autre partition, que son ami le violoncelliste Hanus Wihan lui avait commandée : le Concerto pour violoncelle en si mineur.
A vrai dire, Dvorak ne souhaitait pas écrire de concerto de ce genre, considérant que le violoncelle ne constituait pas un instrument soliste. Même si, finalement, ce n’était pas sa première tentative puisque dans le catalogue de ses œuvres assez compliqué à mettre au point, il existe bien un Concerto pour violoncelle n°1 datant de 1865. Et d’autres pièces écrites pour cet instrument. Le résultat vient cependant infirmer ce préjugé, même si la partition reçut sa part de critique comme son accueil à paris quelques années plus tard. Ecrit en quatre mois, de novembre 1894 à février 1895, le concerto fut la dernière œuvre de son auteur composée en Amérique. Mais aussi la dernière œuvre orchestrale de Dvorak qui ne soit pas de façon explicite associée à une histoire. On se pose toujours la question si le compositeur s’était inspiré de la musique populaire américaine dans son Concerto, comme ce fut le cas pour quelques-unes de ses œuvres composées aux Etats-Unis. Mais Dvorak lui-même a fermement démenti cette hypothèse. Le Concerto pour violoncelle n°2, op.104 est bien une œuvre tchèque à part entière.
Si on fait un peu l’historique du concerto depuis le début du XIXe siècle, cette forme de composition a suivi une rapide évolution. Encore influencé par la musique de divertissement du temps de Mozart et de Haydn, le genre reçut un traitement proprement symphonique avec Beethoven. La génération suivante, celle de Liszt, Chopin et Paganini, lui donna des dimensions grandioses en privilégiant la virtuosité. Avec le Concerto pour piano et le Concerto pour violoncelle de Robert Schumann, tous deux empreints d’une atmosphère d’une certaine gravité, et les concertos pour piano de Johannes Brahms, le concerto de Dvorak se situe au terme de cette évolution, à l’image des concertos pour violon de Tchaïkovski et de Sibelius, sans oublier le Concerto pour piano de Grieg.
Dvorak renonce à l’opposition traditionnelle entre l’instrument soliste et l’accompagnement de l’orchestre. Selon cette formule, l’orchestre intervenait surtout au moment de la reprise des thèmes, quand le soliste s’accordait un moment de répit. Chez Dvorak, la partie de violoncelle est intimement associée à la partition de l’orchestre et elle relève, en même temps, des plus hautes exigences techniques, sans jamais verser dans la pure acrobatie.
Juste quelques mots sur les trois mouvements d’une œuvre qui dure environ quarante minutes et qui commence avec une marche élégiaque et sombre en si mineur, qui donne l’impression pendant quelques mesures d’un mouvement lent. Bien que le concerto contienne peu des américanismes évidents présents dans la symphonie, le deuxième thème principal, une mélodie glorieuse, est peut-être inspirée du chant de noël afro-américain “Go tell it on the mountain“, la composition du concerto couvrant la fin de l’année 1894. Le deuxième mouvement est un choral pastoral brusquement interrompu à sa reprise par une marche funèbre. Marche elle-même interrompue par les bribes d’une chanson, presque certainement une référence au lied “lass mich allein“ – Laissez-moi seule – tiré des chants d’amour d’un opus, 82, du compositeur. Et si on cherche plus loin, mélodie écrite, paraît-il, pour sa belle-sœur mourante dont il aurait pu être amoureux, en son temps !! celle-ci décède au printemps 1895 ce qui aurait décidé le compositeur à modifier la fin du troisième mouvement en ajoutant une coda étonnante et évocatrice, remplie de références aux oiseaux, aux paysages paradisiaques et, une fois encore, incluant un autre fragment du monde langoureux de “lass mich allein“ avec ses sauts d’octave impressionnants.
Drame personnel ou pas, le concerto plaît, et même si c’est un des concertos les plus longs, près de quarante minutes, il fait partie du répertoire de tout violoncelliste soliste de talent, et constitue bien une œuvre attirant les foules dans les salles de concert.
En cela, les qualités remarquées de la partition de ce concerto sont en phase avec le personnage tel qu’il est connu, tel qu’il est décrit. La personnalité du musicien tchèque associait la modestie de sa nature et les impulsions les plus fantasques. C’était un brave père de famille et un “honnête“ musicien. Mais dans ses meilleures œuvres – et le Concerto pour violoncelle en fait partie – son inspiration le portait vers des audaces mélodiques les plus saisissantes constituant bien le propre de son écriture. Après l’œuvre pionnière de son compère Smetana, il a jeté définitivement les bases d’une musique nationale tchèque et, plus encore, il a insufflé à la musique occidentale une tonalité proprement tchèque.
A la mort du compositeur en 1904, un dernier hommage lui sera rendu par le Conservatoire de Paris qui inscrit le premier mouvement du concerto op.104 comme pièce imposée au concours de violoncelle. Tandis que la seule et unique édition du Concours de violoncelle de la ville de Toulouse en 1998, le concours André Navarra verra dans son épreuve finale le concours gagné par Gautier Capuçon qui interprète ce même concerto. Le deuxième prix, rebelote, c’est encore Dvorak !!!
Tout n’a pas été toujours aussi simple pour les œuvres de Dvorak, et plus particulièrement à Paris en ce début de XXe siècle. C’est ainsi que le grand violoncelliste Pablo Casals a refusé d’interpréter le fameux concerto le 26 janvier 1913 en plein désaccord avec le chef d’orchestre Gabriel Pierné qui avait osé insulter la partition devant le soliste, et ce durant les répétitions. Il y aura même procès que le musicien …perdra ! Pablo Casals admire ce concerto, et l’interprètera durant toute sa carrière, mais c’est sa compagne Guilhermina Suggia qui le fera découvrir aux parisiens en 1908 à la Salle Gaveau, défiant le qu’en-dira-t-on qui, pour des raisons de pudeur ! considérait que les femmes ne devaient pas jouer du violoncelle ! Avec sa comparse, Marguerite Caponsacchi, premier Prix du concours du Conservatoire de Paris en 1904, elles vont faire taire les critiques et mettre leur art au service de la musique.
Michel Grialou
Orchestre de l’Université de Toulouse
Jean-Guy Olive (direction)
Jérôme Pernoo (Violoncelle)
lundi 12 et mardi 13 décembre 2016
Auditorium Saint-Pierre des Cuisines
Réservations