Réflexions futiles, choses vues et souvenirs inspirés par la ville et ceux que l’on y croise.
L’autre jour, rue Bayard, devant la vitrine d’une boutique proposant des objets très divers que l’on pourrait qualifier d’islamiques, j’aperçus un livre portant le titre : Recueil de fatwas concernant les femmes. Je dois avouer que ma curiosité a été piquée.
Début septembre, en déambulant dans certaines rues constituant le « boboland » et « l’hipstéristan » toulousains, j’ai été soudain saisi par une interrogation : que vont devenir tous ces barbiers quand la mode de la barbe sera passée ? Interrogation vite suivie d’une autre dans le même registre de la reconversion professionnelle : que vont devenir les tatoueurs si un jour la mode du tatouage disparaît ? Dans ce cas-là, il faudra sans doute des gens aptes à effacer les tatouages. Mais les tatoueurs peuvent-ils devenir « détatoueurs » ?
Rue de Metz, une boucherie a remplacé un boucherie. Il fallait avoir l’œil.
Rue de Metz encore, au bureau postal des Augustins, les boîtes aux lettres ont changé de place. Il faut le savoir. L’interface des machines automatiques à affranchir le courrier a aussi changé. L’opération est devenue un peu plus complexe et un peu plus longue, ce qui dénote dans l’esprit des temps un incontestable progrès.
Je n’avais pas emprunté la rue Merly depuis plus de vingt ans. L’ouverture du restaurant, Le Rocher de la Vierge, m’a fait m’y rendre deux fois en moins de vingt-quatre heures. Pour dîner puis pour déjeuner.
Le nombre de restaurants qui ouvrent n’égalera jamais le nombre de ceux qui devraient fermer.
La Compagnie française est ouverte sept jours sur sept.
La première fois que je suis allé à la Compagnie française (et la dernière), le serveur, prenant les commandes de notre table, parlait avec l’accent italien, mais ne parlait pas cependant la langue de Roberto Baggio. On lui avait conseillé, selon ses dires, de prendre l’accent de façon à épouser l’ambiance Trattoria visée par l’endroit.
« J’étais là au centre ville / Quand je me suis aperçu / Que j’étais plus dans la ville / Que j’aimais, ça m’a déplu / En écoutant tous les passants / Je me suis senti tout nu / Ils avaient aucun accent / En tout cas rien de connu / Jusqu’en bord de Garonne / C’était comme un grand absent / Oh le méchant coup de gomme / Je me suis dit en passant », L’Accent tué, Zebda.
Certains jours, j’ai l’impression que la rue Alsace est plus longue que la veille.
Voici quelques années, alors que le magasin Virgin s’apprêtait à fermer définitivement ses portes, une énorme bâche annonçait sur l’une des vitrines extérieures en lettres et couleurs criardes : « Tout doit disparaître ». Au-delà des circonstances, je ne pus m’empêcher de voir dans cette injonction à la disparition totale un appel légèrement inquiétant.