L’Odyssée, un film de Jérôme Salle
Lorsque le Commandant Cousteau et Louis Malle présentent leur film documentaire : Le Monde du Silence, en 1956 à Cannes, ils repartent avec rien moins que la Palme d’Or. Hollywood lui décernera un Oscar dans la catégorie. Soixante ans après, il vaut mieux faire l’impasse sur ce documentaire, à contre cœur certes, tellement il nous a fait innocemment rêver. Car celui qui nous faisait découvrir ce monde inconnu de la mer en était en même temps le fossoyeur, autant de la flore que de la faune. Il faut voir comment il procédait pour faire le comptage des espèces : à coup de pains de dynamite dans l’eau. Alors effectivement, après c’est plus facile à compter… Bref. Avant tout grand communiquant, Cousteau (1910/1997) était alors la personnalité préférée des Français ! Mais qui se cachait sous le fameux bonnet rouge ? Le dernier opus de Jérôme Salle tente de nous le faire découvrir. Et ce n’est pas brillant. Coureur de jupons, illuminé, égocentrique, mégalo, odieux avec sa famille, il a passé sa vie à se mettre en scène, quitte à piétiner le minimum minimorum de l’écologie. C’est son fils Philippe (1940/1979) qui lui a fait prendre conscience de son erreur et alors que la situation financière des Cousteau est catastrophique, lui a fait comprendre tout l’intérêt de se lancer dans ce lobbying. Le cœur battant de ce film réside dans l’opposition entre les deux hommes. Grâce à Pierre Niney (Philippe) ce duel prend de la hauteur face à un Lambert Wilson (Cousteau) particulièrement coincé dans son personnage. En dehors de cette opposition, ce biopic manque singulièrement d’intérêt si ce n’est celui, salutaire, de déboulonner un mythe.
Robert Pénavayre