C’est avec l’ultime chef d’œuvre lyrique d’Hector Berlioz : Béatrice et Bénédict, que le Théâtre du Capitole ouvre véritablement sa saison, après le prélude qu’en constitue tous les deux ans le Concours de Chant de Toulouse.
Malgré la rareté de cet ouvrage, créé en 1862 au Théâtre Bénazet de Baden-Baden, les prochaines représentations n’en sont pas pour autant une création locale. En effet, Nicolas Joel l’avait programmé dès 1991. Il n’en demeure pas moins que les amours improbables qui vont déchirer puis unir Béatrice et Bénédict sont absentes de notre scène depuis un quart de siècle. Si l’on doit trouver une raison à cela, je pense qu’il faut aller la chercher dans le livret du compositeur lui-même. En effet, Hector Berlioz, qui vénérait littéralement Shakespeare, et comment le lui reprocher, était tombé, tout jeune, en arrêt devant la pièce du célèbre dramaturge anglais : Beaucoup de bruit pour rien. Il va mettre cependant plus de trente années à concrétiser son désir de la transformer en opéra. Il va utiliser la forme opéra-comique pour cela, c’est-à-dire une œuvre avec texte parlé. Et tant qu’à faire, il va en écrire également le livret, enlevant au passage des personnages et modifiant bien d’autres choses. Plutôt que d’une adaptation, il faut parler ici de recréation. A vrai dire, pas très heureuse… mais il y a la musique et quelques airs, duos et trios qui comptent parmi ce que ce musicien a écrit de meilleur.
En coproduction avec Le Théâtre royal de la Monnaie de Bruxelles
Inaugurée en mars 2016 dans la capitale belge, cette production est signée Richard Brunel pour la mise en scène. Il est de retour à Toulouse après son Albert Herring de Benjamin Britten en 2013. Réécriture dans la réécriture, ce dernier a modifié le texte de Berlioz afin de le rendre plus proche de l’original… Soit. A la baguette nous retrouvons également un maestro bien connu à présent du public toulousain : Tito Ceccherini. Il revient pour la troisième année consécutive après Les pigeons d’argile, et le spectacle composé du Château de Barbe-Bleue et du Prisonnier.
La mezzo-soprano québécoise Julie Boulianne fera avec Béatrice ses premiers pas sur la scène du Capitole. A ses côtés, le ténor espagnol Joel Prieto sera Bénédict après avoir été ici même un splendide Fenton (Falstaff en 2011) et Fernando (Dona Francisquita en 2014). La soprano américaine Lauren Snouffer chantera Héro après avoir fait partie du cast de la création mondiale de Written on skin en 2012. Une autre découverte sera certainement la mezzo-soprano italienne Gaia Petrone, ici distribuée dans le rôle d’Ursule. Le baryton français Aimery Lefèvre (Claudio) n’est plus à présenter aux mélomanes de la Ville rose, s’étant illustré sur la scène du Capitole dans de nombreux ouvrages couvrant de multiples répertoires. Le baryton-basse italien Bruno Pratico fait lui aussi ses débuts in loco dans le rôle complexe de Somarone. Enfin la basse britannique Thomas Dear, autre habitué des lieux où il revient pour la quatrième fois sera Don Pedro. Mais si la distribution vocale s’arrête là, il faut ajouter deux comédiens à ce plateau : Pierre Barrat (Léonato) et Sébastien Dutrieux (Don Juan).
S’il faut attendre à nouveau 25 ans pour revoir cet ouvrage, il paraît important de s’y précipiter !
Robert Pénavayre
Une chronique de ClassicToulouse
Béatrice et Bénédict – Hector Berlioz
30 septembre au 11 octobre 2016
05 61 63 13 13
Crédits Photos
Julie Boulianne (Béatrice)
© Julien Faugère, ATMA Classique
Joel Prieto (Bénédict)