Premier lundi du mois, rendez-vous avec la bibliothèque de la cinémathèque ! Joëlle vous parle de l’exposition « Vedettes en séries : les revues populaires de cinéma en France 1920-1970 » du 13 septembre au 6 novembre 2016, dans le Hall de la Cinémathèque (rue du Taur) et la Salle de lecture de la bibliothèque d’études et du Patrimoine (rue du Périgord). Bonne découverte !
Comme je vous le disais récemment, la bibliothèque de La Cinémathèque de Toulouse possède un fonds très riche de revues de cinéma : 1550 titres vivants et morts. Elles sont répertoriées dans le catalogue Ciné-Ressources, et disponibles en consultation sur place uniquement (présentation des fanzines ici, entretien avec les rédacteurs en chef des revues « Éclipses », « Répliques » et « La Septième Obsession » ici).
Parmi celles-ci, on trouve un fonds très riche de revues de cinéma françaises dites « populaires ». Destinées au grand public, celles-ci célébraient les vedettes de l’époque. Très nombreuses à partir des années 1920, elles ont commencé à disparaître dès la fin des années 1960. Ces revues proposent de nombreux articles sur l’actualité de la production cinématographique française, européenne et hollywoodienne. On y trouve aussi une multitude d’informations : tournages, critiques de films, films racontés, courriers des lecteurs, papiers et potins sur la vie et la carrière des vedettes de cinéma. Les lecteurs friands d’anecdotes pouvaient ainsi tout savoir sur les « prétendus » caprices, histoires d’amours ou loisirs favoris de leurs vedettes préférées sans perdre de vue les dernières tendances de la mode hollywoodienne.
De par leur richesse iconographique, avec des couvertures luxueuses en noir et blanc puis en couleurs, mais également des photographies et des articles illustrés, elles constituent des documents précieux et représentatifs de l’époque phare du vedettariat. Elles ont aussi suivi l’évolution du cinéma tout au long du 20è siècle : le cinéma muet, le début du parlant et la disparition du muet, l’âge d’or hollywoodien, l’apparition de la couleur, l’arrivée de la télévision, la libération sexuelle et l’émergence du cinéma érotique.
Nous avons choisi de valoriser ce fonds, en organisant pour la première fois une exposition qui leur est consacrée. Celle-ci est intitulée « Vedettes en séries : les revues populaires de cinéma en France 1920-1970 ». Elle débute le 13 septembre et se termine le 6 novembre. Quelques titres emblématiques ont été sélectionnés, vous pourrez donc les voir dans le hall de la Cinémathèque et dans la salle de lecture de la Bibliothèque d’Étude et du Patrimoine, rue du Périgord. N’oubliez pas que vous avez la possibilité de consulter ces revues directement à la bibliothèque, afin de constater par vous-même leur richesse, et leur particularité !
Voici ici un petit aperçu de ces titres :
Ciné-Revue / Ciné-télé-revue (1919 – ) – Hebdomadaire (uniquement exposée à la Bibliothèque d’Étude et du Patrimoine, rue du Périgord)
Revue belge, au tirage important, publiée en français, et diffusée en France, le cinéma y est traité principalement à travers l’actualité : entretiens, « indiscrétions » et portraits concernant les vedettes, films racontés, critiques succinctes des films nouveaux. Elle propose aussi une rubrique « les immortels du cinéma » qui retrace la carrière d’une personnalité de l’écran (acteur ou réalisateur) accompagnée d’une filmographie exhaustive. Même si sa parution a été interrompue pendant la seconde guerre mondiale, de 1939 à fin 1944, elle présente une longévité exceptionnelle. Toujours en activité, elle a cependant cessé le tirage papier en 2007 au profit du numérique. A ses débuts, elle est essentiellement consacrée au cinéma, puis elle s’ouvre de plus en plus à la télévision à la fin des années 1950. Ses choix rédactionnels ont également suivi la tendance de l’érotisme dans les années 1970. Durant cette période, la revue a publié des photos de starlettes dénudées dans ses pages centrales, ainsi que des couvertures très « sexy ».
Cinéa-Ciné pour tous (1923-1932) – Bimensuel (uniquement exposée à la Bibliothèque d’Étude et du Patrimoine, rue du Périgord)
Revue à la présentation luxueuse, qui se destine aussi bien au grand public qu’aux cinéphiles. Elle est la fusion de Cinéa et Ciné pour tous. Celle-ci se démarque de ses concurrents en publiant des textes d’une qualité rédactionnelle indéniable : enquêtes, études critiques, numéros spéciaux. Cinéa-Ciné pour tous défendait le cinéma en tant qu’art. Elle a aussi été un fervent défenseur du cinéma muet, et s’est avérée être un lieu de débats privilégié à l’occasion de l’arrivée du cinéma parlant.Elle succombe finalement à la concurrence des grands magazines illustrés tels que Cinémonde ou Pour Vous, plus populaires et davantage tournés vers le vedettariat.
Cinémagazine (1921-1935)- Hebdomadaire
Cinémagazine est une revue à part car elle propose un compromis entre films racontés, culte de la vedette, iconographie attirante d’un côté et informations plus fouillées, critiques, articles de fond, de l’autre. Parfois un numéro entier est consacré à un film et les documents proposés sont très précieux (tournage, dossier critique, scénario etc.). A partir de 1930, la revue devient un épais et luxueux mensuel qui accueille des textes de Maurice Bessy, Jean Dréville, Marcel Carné, Robert Florey, René Jeanne puis redevient hebdomadaire avant de disparaître (descriptif extrait du catalogue Ciné-Ressources).
Mon ciné (1922-1937) – Hebdomadaire
Mon ciné qui est le moins cher et le plus populaire des hebdomadaires du cinéma muet, rencontre immédiatement un succès considérable. Sa formule est la suivante : dans chaque numéro, on trouve deux films sous la forme de feuilletons, adaptés par des spécialistes du genre (dont Maurice Bessy), un film en image sur une double page (sorte de précurseur du roman-photo), plus des échos, une présentation des nouveaux films, et parfois un entretien avec un auteur ou un réalisateur, un article sur un aspect technique ou sur un métier du cinéma. La littérature romanesque, inspirée du cinéma, trouve ici son meilleur représentant. Le cinéma national y est fortement défendu. Mon ciné privilégie activement le cinéma populaire, celui qui avant tout véhicule « l’émotion » (descriptif extrait du catalogue Ciné-Ressources).
Ciné Miroir (1922-1953) – Bimensuel
« Ciné-miroir a surtout pour but d’amuser, de distraire, d’être le journal de la famille par excellence ». Tout est dit en ces quelques lignes d’éditorial : films racontés, portraits de stars, cette revue à gros tirage très illustrée, émanation du quotidien Le Petit Parisien, est l’un des premiers magazines populaire de cinéma. Peu de critiques de films, quelques rares articles de fond sur le documentaire ou les cinémas étrangers. En trente ans d’existence (moins les six années d’interruption pendant la Seconde Guerre mondiale), Ciné-miroir ne changea ni de formule ni de présentation (descriptif extrait du catalogue Ciné-Ressources).
Cinémonde (1928-1971) – Hebdomadaire
Populaire et de qualité, Cinémonde propose dans une présentation luxueuse une formule mêlant films racontés, papiers sur les vedettes, courrier des lecteurs, critiques, articles de fond et numéros spéciaux. De grands noms participent à la rédaction (Blaise Cendrars, Joseph Kessel, Jean Renoir, Marcel Carné, François Truffaut…). La revue connaît une longévité exceptionnelle, malgré une interruption pendant la seconde guerre mondiale. La revue régnera sur la presse cinématographique jusqu’en 1966, date à la quelle son rédacteur en chef, Maurice Bessy, décide de partir. Elle perd alors de son prestige. Ses numéros de bien moindre qualité s’ouvrent davantage à la télévision et surfent sur la mode de l’érotisme. Cinémonde s’éteint définitivement en 1971, victime de la concurrence de sa grande rivale venue de Belgique : Ciné-télé-revue.
Pour vous (1928-1940) – Hebdomadaire
Pour vous est le plus luxueux des journaux populaires de l’époque, avec une iconographie exceptionnelle. Personnellement, il s’agit de mon préféré. Le journal revendique son indépendance et peut se permettre de ne pas avoir recours à la publicité car il est soutenu par le très puissant groupe de presse l’Intransigeant. Tiré entre 50 000 et 80 000 exemplaires selon les années, il surclasse presque son rival Cinémonde de par les dimensions de son format, la qualité de sa rédaction et la richesse de ses illustrations. Films racontés, portraits et confidences de stars, concours, courriers des lecteurs : on retrouve les rubriques traditionnelles du magazine pour grand public. Les critiques de cinéma sont aussi au rendez-vous (textes de Jean-George Auriol, René Clair…), ainsi que des articles sur l’actualité du cinéma français et hollywoodien, des informations sur les activités professionnelles en France et à l’étranger, des dossiers techniques, thématiques, des enquêtes. Certaines personnalités de la littérature française sont également invitées à s’exprimer : Blaise Cendrars, Jean Giraudoux, Henry de Montherlant. L’arrivée de la seconde guerre mondiale provoque malheureusement son déclin. La revue s’arrête avec le n°603 du 5 juin 1940, à la veille de la débâcle française. Ce dernier numéro, réduit à 8 pages, présente un édito empreint de pessimisme.
Cinévie (1945-1948) – Hebdomadaire
Cette revue, à l’iconographie très riche, s’adresse essentiellement au grand public. Au fur et à mesure de sa publication, elle propose des couvertures aux teintes de plus en plus criardes. Son contenu est principalement consacré à la vie et à la carrière des vedettes françaises et hollywoodiennes. Les critiques de films sont tout de même présentes, et signées notamment par François Chalais et France Roche. Cinévie fusionne en 1948 avec Cinévogue pour devenir Cinévie-Cinévogue.
Cinévogue (1946-1948) – Hebdomadaire
La forme et le contenu de cette revue, toujours très axé sur les vedettes, sont comparables à ceux de sa rivale Cinévie avec qui elle fusionne en 1948, pour devenir Cinévie-Cinévogue.
Cinévie-Cinévogue (1948-1949) – Hebdomadaire
Cette revue est le fruit de la fusion entre Cinévie et Cinévogue. On y retrouve sensiblement le même contenu et le même type d’illustrations avec, cependant, des critiques de films beaucoup moins étoffées. En 1949, la publication est absorbée par Cinémonde.
Votre cinéma (1947-1949) – Hebdomadaire
Revue à l’iconographie luxueuse, qui s’intéresse à l’actualité cinématographique principalement française, européenne et hollywoodienne. Comme de nombreuses revues populaires de l’époque, elle s’adresse au grand public, et propose des articles sur la vie privée des vedettes de cinéma, des films racontés, un courrier des lecteurs.
Visages et contes de cinéma (1936-1939) – Bimensuel
Revue luxueuse qui, malgré sa courte période d’existence, participe au culte des vedettes en publiant dans chacun de ses numéros une biographie romancée d’une star, avec des photographies en noir et blanc et en couleur.