Quand on a 17 ans, un film d’André Téchiné
C’est à Luchon et dans ses Pyrénées environnantes que ce réalisateur, originaire de Valence d’Agen, a planté sa caméra au début de l’an passé. Couvert de prix pour Les roseaux sauvages en 1994, il est cette fois nommé à sept reprises lors de la 66ème Berlinale pour son dernier opus sous rubrique. Il en repartira sans rien…
A vrai dire, ce film nous laisse perplexes et déroutés. Un peu comme s’il y avait deux films en un seul. L’un met en scène des adultes, dont Sandrine Kiberlain (peu convaincante), et semble peu maîtrisé, voire abandonné autant dans la direction d’acteur que dans l’intérêt discutable de certaines scènes. Puis il y en a un second qui est d’un tout autre acabit. Il met en présence deux jeunes gens (17 ans…) étudiant dans le même lycée. Damien est le fils d’une docteure et d’un militaire, Tom est un enfant adopté, issu des îles lointaines, vivant avec ses parents, agriculteurs dans la montagne. Rapidement, la tension existant entre les deux est perceptible, une tension qui peut devenir source de brutalité. Pour des raisons peu plausibles qui ne donnent pas vraiment de force au scénario, la maman de Damien propose à Tom de venir vivre chez eux afin de réviser ses examens dans de bonnes conditions, tout en sachant qu’il y a déjà eu des alertes dans le comportement agressif des deux jeunes garçons. Ce rapprochement semble apaiser un temps les humeurs, pas les regards fuyants et parfois appuyés qu’ils se portent mutuellement.
La caméra se fait alors d’une exemplaire complicité dans ce doux sentiment naissant et encore inconnu entre Damien et Tom. Un sentiment qu’ils ne vont pas s’avouer en même temps, ce qui va provoquer les séismes que l’on imagine. Au plus près de ses acteurs, Kacey Mottet Klein (Damien) et Corentin Fila (Tom), André Téchiné renoue alors avec son meilleur cinéma, fait de sensualité, d’émotion, de trouble et d’émerveillement, de réalisme aussi.
Ses deux jeunes comédiens, jouant sur un fil hyper tendu, sont stupéfiants d’engagement, d’autant que pour Corentin Fila il s’agit d’un début devant une caméra. A eux deux, ils portent le film.
Robert Pénavayre