Froid dans le dos !
Si après ce film vous continuez à avaler d’un trait tout ce que vomissent la petite lucarne, la multitude de radios ou encore les innombrables journaux et magazines de notre hexagone, c’est à n’y rien comprendre ! Etroitement inspirée du livre éponyme que publie en 1997 Serge Halimi, la présente réalisation nous envoie à la figure quelques vérités sur les relations ahurissantes de la sphère politico-économico-médiatique. Avec la participation bien involontaire de personnalités auto-proclamées telles que Alain Minc, Arlette Chabot, Laurence Ferrari, David Pujadas, PPDA, Michel Field, Michel Drucker, Jean-Pierre Elkabbach, Isabelle Giordano ou encore l’ineffable Christine Ockrent, pour ne citer ici que les plus renversantes de naïveté dans leur job de cire-pompe, ce film nous plonge dans les arcanes de ceux qui structurent l’actualité à des fins économiques et politiques. C’est démentiellement édifiant. Ce faux contre-pouvoir qu’est censée constituer la presse sous toutes ses formes est ici révélé (pour ceux qui l’ignoraient) dans toute son horrible splendeur : journalisme de « révérence », médias appartenant à de grands groupes industriels, marchandisation de l’information, univers de connivence. Au bout d’un moment, c’est un vertige nauséeux qui vous guette et vous avez besoin d’air. Sauf que dans ce milieu littéralement mafieux, l’oxygène se compte en euros. Autant dire qu’il n’y a pas beaucoup de place pour la réflexion. Jusqu’à Laurent Joffrin (ancien rédac chef de Libé !) qui est pris en flagrant délit de courbette face à Nicolas Sarkozy ! Et comment ne pas hurler de colère devant Alain Minc pontifiant six mois avant la crise actuelle sur l’autorégulation automatique des marchés et continuant, aujourd’hui, à pérorer sur toutes les chaînes alors que la moindre des honnêtetés serait d’aller se cacher. Et que penser d’économistes de renom tels que Jean Gadrey et Frédéric Lordon, entre autres, prévoyant la catastrophe actuelle en temps et heures, mais…interdits d’antenne ! A qui profite le crime ? Une question tout de même : l’avenir n’est-il pas dans internet ? Une autre question, beaucoup plus embarrassante. N’est-on pas tous responsables d’avoir « starifié » des passe-plats dont les années 60 du siècle dernier n’auraient pas voulu pour animer la plus nunuche des émissions de variétés ?
Presque deux heures d’un brûlot incroyable et salutaire censé nous faire changer de regard devant l’information prédigérée que l’on nous assène à longueur de journée. A voir absolument !
Robert Pénavayre
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