Vous voilà bien embarrassé. En effet, privilège des grandes métropoles, c’est la possibilité que nous avons maintenant d’assister à des retransmissions de représentations de spectacles d’opéras et de ballets, dont certaines données en DIRECT et filmées dans les salles les plus prestigieuses. Il va falloir peut-être faire des choix. Bien sûr, l’expérience de la découverte d’un spectacle dans un théâtre demeure une expérience unique, indépassable, mais il faut aussi penser à tous ceux qui ne peuvent se déplacer, et d’autres raisons que l’on pourrait évoquer, toutes recevables. Sachons que côté technique de captation des spectacles, les progrès durant ces dernières années sont énormes. Réalisateurs, producteurs, diffuseurs ont compris que la projection d’un spectacle filmé dans une salle de cinéma est un événement en soi qui demande une exigence artistique spécifique. Aussi, peut-on compter sur l’extrême vigilance portée par les responsables sur la retransmission elle-même.
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Alors donc, si l’on doit ne choisir qu’une date, faisons comme Stéphane Lissner, Directeur de l’Opéra national de Paris, fixons-nous sur la retransmission en DIRECT du 17 mars 2016. Elle a l’énorme avantage de regrouper dans la même soirée, deux œuvres de Tchaïkovski, le dernier opéra du compositeur russe, Iolanta, et l’un de ses plus célèbres ballets, Casse-noisette. Ils furent créés le même soir en 1892 au Théâtre Mariinski de Saint-Petersbourg. Pour la première fois aussi depuis leur création, les deux œuvres sont réunis dans la même soirée. Chanteurs d’exception, puisqu’on retrouve, entre autres, dans le rôle de l’héroïne Sonya Yoncheva, Etoiles, Premiers danseurs et Corps de ballet dans une mise en scène de Dmitri Tcherniakov et sous la direction d’Alain Altinoglu, tous créeront l’événement, événement unique qui répond pleinement au vœu du directeur, à savoir d’associer, comme rarement dans l’histoire de l’Opéra de Paris, les mondes du lyrique et du ballet.
Et puis, si l’on peut se le permettre, on peut monter jusqu’à 5 retransmissions et à ce moment-là, on choisit les 5 en DIRECT. Ce qui fait un abonnement complet. Le jeudi 1er octobre, c’est ballet. Deux chorégraphies de George Balanchine et Jérôme Robbins, deux de ces maîtres, encadrent une réalisation du Directeur, Benjamin Millepied, une création très contemporaine qu’il souhaite afin de montrer l’excellence de la technique classique et son importance pour la danse aujourd’hui.
En décembre, le 17, c’est La Damnation de Faust d’Hector Berlioz. Qui n’est ni un opéra, ni un oratorio, mais une succession de tableaux autonomes. On dit “ légende dramatique“. La production est dirigée par le Directeur musical de l’Opéra de Paris, Philippe Jordan. Pour une œuvre aussi imposante de richesse musicale et de force dramatique, le chef a une importance capitale. Pas de souci avec le patron de la fosse. Si l’on vous dit que le malheureux Faust, c’est Jonas Kaufmann, Marguerite, Sophie Koch et Mephistophélès, l’immense Bryn Terfel, la star des barytons-basses, celui qui se surnomme, « le Billy Eliott de l’opéra », c’est donc une distribution de rêve dans une nouvelle production signée Alvis Hermanis.
Il y a du beau monde aussi dans Le Trouvère du 11 février. Le baryton Ludovic Tézier est le Comte di Luna, jaloux et amoureux de Leonora, cette malheureuse qui nourrit une violente passion pour le troubadour Manrico, amour qui va entraîner l’amante et l’aimé vers la mort, la première, c’est Anna Netrebko, une des plus grandes sopranos du moment, la reine du bel canto aussi et l’aimé, c’est le ténor Marcelo Alvarez que les habitués du Capitole connaissent si bien. Mais j’oubliais celle qui déclenche toutes les horreurs, la sorcière ou déclarée telle, Azucena. Le rôle est chanté par une mezzo-soprano au faîte de sa gloire en ce moment dans cet opéra, Ekaterina Semenchuk.
La mise en scène est de Alex Ollé. Ils ont de la chance, ce n’est pas Calixto Bieito. Mais, comme l’énonce Alain Duault, Directeur artistique de cette saison, comme des précédentes « Comme chaque année, j’ai cherché l’exceptionnel, c’est-à-dire la réunion des artistes les plus prestigieux en même temps que des présentations visuelles qui, sans provocation inutile, redynamisent les œuvres et les rendent toujours plus vivantes. »
Enfin, dernier direct au programme, Rigoletto dont tous les atouts seront à découvrir et vous aurez ainsi l’occasion de comparer avec celui que nous aurons eu au Capitole en novembre. C’est une nouvelle production qui marque les débuts d’une collaboration entre l’Opéra de Paris et le metteur en scène Claus Guth. A la baguette, nous aurons Nicola Luisotti. La distribution mêle des noms connus et d’autres moins, mais qui ne demandent qu’à l’être davantage. Le malheureux bouffon du Duc, malheureux si l’on peut dire, sera chanté par Quinn Kelsey. Quant à sa fille Gilda, une victime parmi tant d’autres du Duc, c’est Olga Peretyako dont le fameux « Caro nome » devrait nous enchanter. Mais la vengeance de son père lui sera fatale. Le Duc de Mantoue, le séducteur peu amène sera chanté par le beau ténor Michael Fabiano. Cet opéra de Verdi rencontre toujours un immense succès. Les airs s’y enchaînent avec un naturel confondant. C’est peut-être son opéra comportant le plus de “tubes“. Chaque protagoniste important en a au moins un. On ne ratera pas la version en salle, ni celle filmée.
Mais le 3 décembre, vous avez le droit d’aller vous distraire avec Une Vie parisienne à l’Opéra de Lyon, de très très haut niveau, dans une mise en scène de Laurent Pelly. C’est de l’opérette comme on aimerait en voir plus souvent sur la scène du Capitole, une production surtout dans laquelle il y a tout.
Il vous sera très difficile de bouder le Vaisseau fantôme de l’Opéra de Zurich. Dans une production originale, vous aurez droit au Hollandais du baryton-basse gallois BrynTerfel, au Daland puissant de Matti Salminen, et à la Senta d’Anja Kampe, tous placés sous la baguette de qualité du brillant chef français Alain Altinoglu. C’est pour le 21 janvier.
Mais, pas de crainte à avoir, vous serez prévenu en temps voulu lorsqu’une retransmission se rapprochera sur l’agenda. On vous servira de petite lumière clignotante.
Michel Grialou
Viva l’Opéra – saison 2015/2016
Cinémas UGC
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