De Mozart à Mendelssohn, pour son dernier concert toulousain de la saison avec l’Orchestre national du Capitole, Tugan Sokhiev donnera à entendre à la Halle aux Grains des œuvres de la fin de la période classique marquées par les prémices du romantisme.
Tugan Sokhiev achève sa saison toulousaine avec l’Orchestre national du Capitole de Toulouse avec un programme de trois œuvres composées au crépuscule de la période classique, entre 1787 et 1833. L’ouverture en ré mineur de l’opéra « Don Giovanni », de Wolfgang Amadeus Mozart, sera interprétée au début de ce concert retransmis en direct sur les ondes par Radio Classique. C’est, avec « La Flûte enchantée », l’opéra qui eut le plus d’influence sur les compositeurs romantiques, par son mélange d’éléments comiques et tragiques. Enchaînant gravité et fougue, l’ouverture concentre les climats musicaux de l’œuvre.
Actuellement en résidence auprès de l’Orchestre philharmonique de New York, Inon Barnatan (photo) fera ses débuts avec la phalange toulousaine lors de ce concert. Né en 1979, le pianiste israélien interprètera le Troisième concerto de Ludwig van Beethoven. Créé en 1803 à Vienne, par le compositeur lui-même, il est contemporain de la Symphonie Héroïque et préfigure la Cinquième symphonie, écrite également dans la tonalité ut mineur. Unique concerto de Beethoven écrit en mineur, sa structure en trois mouvements est de facture classique : le premier épouse une forme sonate, le deuxième une forme lied et le troisième mêle rondo et forme sonate.
C’est l’une des premières œuvres du compositeur à reposer sur des éléments pré-romantiques, bien qu’elle s’ouvre sur un thème très proche du Concerto n° 24 de Mozart, également en ut mineur. Parsemé d’hommages à ceux de Mozart, ce troisième concerto de Beethoven est pourtant le premier à s’éloigner du style mozartien qui imprégnait les deux précédents. L’écriture virtuose s’y déploie au service d’une tension dramatique caractéristique de la passion beethovenienne.
La soirée s’achèvera avec la Quatrième symphonie en la majeur de Félix Mendelssohn, dite « Italienne ». Entamée à Rome au printemps 1831, la composition se nourrit de danses et chants populaires italiens. Reprenant ainsi le principe descriptif de sa Troisième symphonie, « Écossaise », Mendelssohn s’inspire de la compagne italienne et des émotions ressenties au fil de ce voyage où il fit la connaissance d’Hector Berlioz – lui aussi séjournant à Rome et qui signera plus tard « Harold en Italie » pour alto solo et orchestre.
Qualifié par le jeune compositeur allemand de «pays de la Nature qui ravit tous les cœurs», l’Italie et ses paysages se reflètent dans cette œuvre lumineuse, légère et enjouée. Créations parmi les plus personnelles et les plus accomplies de Mendelssohn, elle est empreinte d’un romantisme solaire et visionnaire. Son esthétique novatrice se caractérise par la diversité des techniques d’écriture employées, la variété expressive des thèmes, le traitement foisonnant du rythme et les raffinements de l’orchestration. Construite en quatre mouvements, avec un scherzo en guise de troisième, elle fut triomphalement créée à Londres en 1833, sous la direction du compositeur. Celui-ci avait également interprété le Concerto n° 20, en ré mineur, de Mozart.
Jérôme Gac
ONCT, vendredi 12 juin, 20h00, à la Halle aux Grains, place Dupuy, Toulouse.
Tél. 05 61 63 13 13.
Concert diffusé en direct sur Radio Classique
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I. Barnatan © Marco Borggreve