Relire mon article d’annonce paru le 15 décembre.
On peut aussi se plonger dans le livre de Pierre-René Sema, La zarzuela, de Z à A.
D’aucuns vont regretter d’avoir autant négligé les cours d’espagnol car une zarzuela, ça se déguste aussi dans les dialogues – partie absolument intégrante – dont les paroles nécessitent, c’est vrai, plus que des rudiments scolaires ! Il nous manquait donc un peu de sel…et de poivre ! Tant pis. Et, avant d’émettre quelque avis sur tel ou tel tableau scénique, ou dialogue, ou situation, ou timbre de voix, n’oublions pas qu’une zarzuela, c’est un type d’ouvrage qui ne se compare à rien d’autre. Alors, prenons-là telle que, une comédie lyrique en trois actes, classée parmi les zarzuelas “grande“. En cette fin d’année, foin des sempiternelles rescapées de nos opérettes, les, Vie parisienne, Mousquetaires au couvent, Belle Hélène, Veuve Joyeuse et autres, sauvé !
Donc, nous voilà partageant à nouveau, la production de juin 2007 qui avait soulevé adhésion et enthousiasme. Et tout d’abord, il est bien agréable de noter que les points positifs sont toujours là. Emilio Sagi a concocté une mise en scène indémodable qui ne s’embarrasse pas de psychanalyse, ce qu’on ne lui demande pas. Ni Freud, ni Jung au rendez-vous. Ezo Frigerio et Franca Squarciapino étaient déjà aux ciseaux, scie et pots de peinture pour créer des décors et costumes d’un goût parfait permettant une succession de tableaux du plus bel effet, et du meilleur goût, et si une forme de trivialité dans certaines attitudes peut être remarquée, on est loin du mot vulgarité, c’est l’évidence. D’autant que, tous, sur scène, jouent et chantent avec un entrain qui fait plaisir. Entre parenthèses, on fait des gorges chaudes d’un Don Pasquale, par exemple, mais Dona Francisquita n’a pas à rougir de la comparaison. La gent féminine, et surtout La Discreta enamorada, sait mener vieux barbons et jeunes freluquets par le bout de leur nez, comme chez Donizetti.
Et puis, qui dit zarzuela dit aussi danse. Danseuses et danseur de fandango ne peuvent que remporter des bravos nourris au 3ème acte. C’est un atout.
De la distribution vocale dans laquelle on ne relève aucune faiblesse, se détachent la soprano Elisandra Melian, très joli timbre de voix et comédienne à souhait dans Francisquita, et son amoureux indécis, Fernando, le ténor Joel Prieto, physique du rôle et voix assurée, car il y a aussi des airs ravissants, délicats, présentant, tout de même, certaines difficultés même si Amadeo Vives n’a pas écrit pour mettre ses chanteurs en difficulté. Là n’est pas le but. Dans le programme, Jean-Jacques Groleau vous dit l’essentiel et plus, à ce sujet. Leonardo Estevez dans Don Matias défend sa partition et son jeu avec finesse et conviction tandis que Jesus Alvarez est le personnage de Cardona sans problèmes aucun. Un ténor qui ne peut se permettre de venir chanter en bord de scène de temps à autre. Il se doit d’être partout, devant, au fond, derrière un pilier ou un éventail, sous une robe… Ses qualités de comédien sont un atout certain dans la réussite de l’ensemble. Clara Mouriz, mezzo, doit assurer le rôle de la volcanique Aurora, la Beltrana, et ce n’est pas une mince tâche. Retenons ces quelques paroles d’une Aurora, dépitée : « Tu ne peux pas aimer quelqu’un d’autre, mon trésor, puisque moi je t’aime. » ce n’est pas un sujet de philo pour le bac, mais ici, on aime !
Quant à la musique, on note avec satisfaction, que l’ensemble s’allège au fil des représentations, retrouvant toutes les qualités mises en avant de l’ouvrage. Et vive le fandango !
Représentations encore le 28 décembre à 15h
Et le 30, le 31 à 20h.
Michel Grialou
Photos © Patrice Nin
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