Mardi 16 décembre à la Halle. Quelques réflexions, à chaud, si l’on peut dire !
Sûr que nombre de mélomanes regrettent que la cantatrice, récitaliste, concertiste, consacre plus de temps maintenant à la direction d’orchestre et à son orchestre mais il faut reconnaître que l’artiste excelle dans ses nouvelles orientations artistiques. C’est une facette de son talent dont on est très heureux de bénéficier ou de découvrir. Et c’est bien Simon Rattle, ni plus, ni moins, qui l’a qualifiée récemment de « chef authentique ».
Quand Nathalie Stutzmann monte sur l’estrade, c’est d’un pas décidé, et dès les premières mesures, c’est devant que ça se passe. Pas le temps de consulter le rétroviseur. Quand le chef sollicite son orchestre et ses chœurs, c’est tout son corps qui s’exprime et semble monter vers le ciel. Foin de petits sautillements et de pirouettes. Pas de temps à perdre ou à réfléchir pour “attaquer“ le numéro suivant. Sous nos yeux, c’est comme un ballet parfaitement réglé entre les interventions des solistes, des chœurs et de l’orchestre, avec un déroulement des numéros choisis, soigneusement étudié, laissant peu de temps morts, ce qui rend l’écoute tellement plus captivante. La vigueur haendélienne est là, fortement rendue mais pas pour autant tonitruante, et virtuose vocalement mais sans prétention, juste ce qu’il faut. Ce qui n’empêche pas l’exaltation émotionnelle, peut-être davantage encore ici dans les Deuxième et Troisième partie.
Oui, jubilatoire car, entre autres, l’Orfeo 55, toute jeune formation, présente des qualités révélatrices de la profonde complicité de tous ses membres avec sa créatrice. Le quatuor vocal choisi est d’une homogénéité totale. Dès le « Confort ye… », le ténor Benjamin Bernheim vous met dans l’ambiance avec un timbre qui déclenche quelques frissons. Aucun souci non plus pour une voix qui s’entend en tous points de la salle. Plus loin, la contralto Sarah Mingardo vous murmure un : « He was despised… », magnifique d’intériorité.
Plus loin encore, c’est un festival avec les interventions du ténor puis les numéros dévolus au chœur, le Chœur de Chambre de Namur, somptueux d’homogénéité. Ne pas oublier que son directeur actuel s’appelle Leonardo Garcia Alarcón. « Lift up your heads… » puis, « The Lord gave the word… », deux grands passages suivis d’une intervention pleine d’expressivité du baryton-basse Andrew Foster-Williams : « Why do the nations so furiously… » Furiously, ce n’était pas un vain mot, tandis que le soliste fut d’une aide fort précieuse et d’un grand soutien dans la justesse pour le trompette solo durant tout le : « The trumpet shall sound… » (la partition pour l’instrumentiste est un véritable défi, sûrement plus facile à relever avec un instrument moderne.)
Quant à quelques commentaires encore, laissons parler ceux ou celles qui connaissent l’œuvre par cœur, pour l’avoir même chantée à maintes reprises.
Merci! Merci! Merci!
Ce Messie est exceptionnel, c’est une vraie méditation, direction d’une grande délicatesse, Nathalie est en train de dépasser les plus grands! et cet Amen final est sublime; vraiment, je ne sais pas comment vous remercier, ……
J’ai en effet aussi passé une délicieuse soirée hier, cette interprétation du Messie était tonique, mêlant une touche guillerette à la solennité du propos, avec un chœur de très haut vol, l’ensemble dégageant un vent de profondeur et de liberté tout à fait à mon goût!
Susan Gritton m’a fait frémir avec « if God is for us », ……
Michel Grialou