Cycle Tarkovski et autres poètes du cinéma soviétique à la Cinémathèque de Toulouse, du 14 au 29 octobre
Tous les horaires et renseignements sur le site de la cinémathèque (attention : des changements ont eu lieu par rapport au programme papier)
INTÉGRALE COURTS-MÉTRAGES FICTIONS ANDREI TARKOVSKI
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Les Assassins (Ubiitsi)
1956. URSS. 19 min. Noir & blanc. Numérique. VOSTF.
Avec Yuli Fait, Alexandre Gordon, Valentin Vinogradov.
Parodie d’un film de gangster américain au temps de la prohibition, « Assassins » nous emmène dans un bar des années vingt reconstitue en studio.
Ce soir nous ne quitterons pas nos postes (1959)
Trente tonnes de munitions allemandes datant de la Seconde Guerre mondiale enfouies depuis quinze ans sont découvertes lors de travaux de terrassement. Se trouvant en plein quartier résidentiel, il est impossible de les faire exploser. Le lendemain, tous les habitants sont évacués et sept personnes sous les ordres du capitaine Galich commencent à jouer avec la mort dans la fosse sinistre…
Le Rouleau compresseur et le violon (1960)
Moscou dans les années 1960. Sacha, un garçon d’environ dix ans fait sans conviction des études musicales. Sa rencontre et son amitié pour Sergeï, un jeune ouvrier, lui donne plus envie de devenir conducteur de rouleau compresseur que violoniste.
INTÉGRALE LONGS-MÉTRAGES FICTIONS ANDREI TARKOVSKI
L’Enfance d’Ivan (1962)
Ivan se souvient : il a eu une enfance heureuse, mais la guerre détruit son bonheur familial. Son père, sa mère, sa petite sœur sont tués par les Allemands, le laissant orphelin à l’âge de douze ans. Pour se venger, il s’engage dans l’armée et manifeste son intelligence et son courage lors de missions dangereuses.
Andrei Roublev (1966-1967)
Un artiste peintre d’icônes au XVe siècle tente de prouver que l’art est à l’avant-garde de toute transformation.
Solaris (1971)
La planète Solaris, recouverte d’un océan, a longtemps intrigué les chercheurs qui y ont installé une station. Faute de résultats concluants, le docteur Kris Kelvin, un homme bouleversé par le suicide de sa femme, y est envoyé afin de définir s’il faut fermer la station ou non. Sur place, il découvre l’équipe du laboratoire spatial pris par une folie à laquelle il risque de succomber lui-même.
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Le Miroir (1974)
Arrivé à la moitié de sa vie, un homme malade se penche sur son passé. C’est son enfance tout d’abord qui lui revient avec la vision de sa mère attendant le retour improbable de son mari, puis le souvenir de sa femme dont il s’est séparé le hante. Passé et présent se mélangent dans l’esprit d’un homme qui cherchait « seulement a être heureux ».
Stalker (1979)
Stalker, sorte de guide, accompagne un physicien et un écrivain dans la « zone », vaste no man’s land où jadis est tombée une météorite. Ce territoire contient un secret: « la chambre des désirs » exauçant les vœux de ceux qui s’y rendent.
Nostalghia (1983)
Un intellectuel soviétique voyageant en Italie ressent cruellement l’éloignement de son pays. Cet exil passager devient l’occasion d’une réflexion sur l’inaccessibilité d’un monde meilleur.
Le Sacrifice (1986)
En Suède, un soir, M. Aleksander, professeur un peu pompeux, fête son anniversaire. Soudain, à la télévision, le Premier ministre annonce une guerre nucléaire mondiale, la fin de tout.
FILMS DES AUTRES POÈTES SOVIETIQUES :
SERGEI PARADJANOV (3 longs- métrages, 1 court-métrage + 1 documentaire sur lui réalisé par Patrick Cazals)
ARTAVAZD PELECHIAN (7 courts-métrages en deux programmes)
ALEXANDRE DOVJENKO (2 ciné-concerts)
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Les Chevaux de feu de Sergei Paradjanov (1965)
L’amour de deux jeunes gens séparés par la haine que se vouent leurs familles et que seule la mort réunira.
La Couleur de la grenade de Sergei Paradjanov (1969)
Évocation de la vie du poète arménien Sayat Nova, dont on situe l’existence entre 1717 et 1794 en une série de plusieurs tableaux.
Arabesques sur le thème de Pirosmani de Sergei Paradjanov (1986)
Film-essai sur l’œuvre du peintre géorgien Niko Pirosmaniachvili, Arabesques sur le thème de Pirosmani est un hommage à ce primitif que certains critiques d’art comparèrent à Giotto. Paradjanov s’efforce de recomposer le puzzle mental de cet artiste sensible, impulsif et farouchement solitaire.
Achik Kerib – Les Légendes du vieux Caucase de Sergei Paradjanov (1988)
Achik Kerib est un poète. Comme tout poète, il est amoureux. Comme tout poète, il est pauvre, et sa dulcinée la fille d’un riche marchand. Pour espérer l’épouser, la richesse de sa voix et la générosité de son cœur ne suffiront pas. Alors Achik Kerib entreprend un voyage de mille jours et mille nuits. Sept ans pour faire fortune ou mourir. De ce récit, logique et linéarité seront bannies pour laisser place à une succession de séquences-tableaux. Un côté patchwork qui s’impose comme une nouvelle forme de conte. Sur les crêtes du fabuleux. Dans le dernier tableau, sur un carton : Dédié à la mémoire d’Andrei Tarkovski.
Au début d’Artavazd Pelechian (1967)
Consacré au 50e anniversaire de la Révolution d’Octobre, ce film montre comme des citations des mouvements de révoltes populaires, des figures emblématiques, des défilés, des conflits avec la police. Un montage d’images qui traverse une bonne partie de l’histoire du siècle.
Nous d’Artavazd Pelechian (1969)
Nous est un poème. Un poème cinématographique réalisé à partir d’images d’archives des Archives Centrales d’État et du Studio de Films Documentaires d’Erevan, dont le sens repose sur son titre. « Nous » désigne le peuple arménien dans la spécificité de son histoire et montre les aspects disparates de sa vie quotidienne.
Les Habitants d’Artavazd Pelechian (1970)
Traitant des agressions perpétrées par l’homme contre la nature et de la menace que constitue la destruction de l’harmonie naturelle, ce film, construit sur le mode du plaidoyer, célèbre le mouvement qui caractérise tant la vie que le cinéma. Donnant un film bâti autour des animaux, Pelechian démembre ici son arche de Noé et la filme à la manière d’un entomologiste.
Les Saisons d’Artavazd Pelechian (1972)
Glissades à flanc de montagne sur des traîneaux de paille, brebis égarées dans un torrent bouillonnant, Pelechian et sa caméra se laissent emporter par une ronde de la vie menée par les bergers arméniens. Moissons, transhumances, les saisons se suivent, prolongeant les rites de ces éleveurs dans un éternel recommencement. Sans commentaire et d’une force visuelle qui fonctionne comme un effet de boucle, ce n’est pas un documentaire mais un véritable poème qui nous hypnotise. Une intuition cosmogonique de l’Arménie et du monde.
Notre siècle d’Artavazd Pelechian (1982)
Une méditation sur la conquête de l’espace, les mises à feu qui ne vont nulle part, le rêve d’Icare encapsulé par les Russes et les Américains, le visage des cosmonautes déformés par l’accélération, la catastrophe imminente… Pelechian procède à la mise en orbite d’un corps désorienté, pris dans la turbulence de la matière. Là, il n’y a plus rien d’humain, ce n’est plus l’homme dans le cosmos, mais le cosmos dans l’homme.
Fin d’Artavazd Pelechian (1992)
Un train qui roule vers un tunnel. Hommes et femmes tous âges et ethnies confondus. Tous embarqués dans le même wagon. La caméra est, elle aussi, parmi eux, qui cadre la fenêtre, le paysage qui défile, arabesques quasi abstraites. Qu’y a-t-il au bout ? Vie ou désastre ?
Vie d’Artavazd Pelechian (1993)
Suite du poème visuel Fin renforcé par la couleur. Vie est consacré à la naissance. Rien de la naissance du monde. Simplement le profil d’une femme, tendue, défigurée. Le port de l’enfant qui vient de naître et l’abstraction de l’espace qui l’entoure. L’évocation iconographique de la Vierge à l’Enfant.
Zvenigora d’Alexandre Dovjenko (1927) – Ciné-concert
Lyrisme et didactisme, le premier film important de Dovjenko dont Serguei Eisenstein dit : « La séance est terminée. Les gens se sont levés. Le silence. Cependant une chose plane dans l’air : un nouveau cinéaste est parmi nous. Un maître original. Un maître dans son genre. Un maître ayant sa personnalité. Et, en même temps, c’est notre maître à nous. Il est des nôtres. Il appartient à tous. Lié par son sang aux meilleures traditions de notre cinéma soviétique ». Un vieil homme, traversant les siècles et les légendes, raconte l’Ukraine, le fameux trésor caché dans les montagnes, le socialisme et la contre-révolution incarnés chacun par un de ses deux petits-fils.
Grégory Daltin : accordéon.
La Terre (Zemlia) d’Alexandre Dovjenko (1930) – Ciné-concert
Classé en 1958 parmi les douze meilleurs films de tous les temps et de tous les peuples, La Terre reste un poème politique inégalé. Politique par son sujet : la collectivisation des terres et la mécanisation du travail agricole, la formation des kolkhozes en Ukraine et la traîtrise des koulaks. Poétique par la force picturale des compositions de plans de Dovjenko et la manière dont il associe émotionnellement l’homme et la nature. Ce grand poète qu’était Dovjenko puise dans ses racines rurales pour faire de sa Terre une ode lyrique au travail agricole. On lui reprocha son manque de férocité dans la peinture du koulak. Mais Dovjenko filme avec son cœur, pas avec sa carte. Ce qui nous laisse un chef-d’œuvre intemporel, malgré un sujet profondément ancré dans son temps.
Charlotte Castellat : piano, violoncelle /David Lefebvre : guitare, cymbalum
Serguei Paradjanov, le rebelle de Patrick Cazals (2003)
Avec les témoignages de Serguei Paradjanov, Sofiko Tchiaourelli, Edouard Chevardnadzé, Sarkis, Yuri Metchitov, Jean Radvanyi, Pierre Bergé, Zaven Sargissian
Cinéaste arménien et géorgien de Tbilissi (Géorgie), mort en juillet 1990, Paradjanov est considéré comme l’un des grands cinéastes contemporains. Il laisse une œuvre inachevée mais essentielle pour l’histoire du cinéma russe et soviétique car très originale et représentative de la richesse ethnique des peuples caucasiens.
Réalisé dans sa demeure étrange, atelier et splendide capharnaüm, mais aussi sur le tournage de son dernier film Achik Kérib, au Musée Paradjanov d’Erevan, à Paris comme à Tbilissi, ce portrait d’un homme meurtri mais farouchement libre s’attache aussi aux talents parallèles du cinéaste (peintre, décorateur, styliste…).