Du 1 au 6 septembre, 141 candidats admis représentant 31 nations participeront à l’un des plus fameux et anciens concours de chant internationaux. 50è édition pour cette véritable institution culturelle, pour la ville et la région, maintenant toujours bien haut le drapeau tout auréolé de sa réputation.
Preuve s’il en est avec les 40% de candidats venant cette année de l’Extrême-Orient. Un quart environ pour la France tandis que les restants se répartissent sur une trentaine de pays différents. Question type de voix, bizarrement, on va s’étonner d’un seul contre-ténor présent alors que cette tessiture, soprano ou alto rencontre un large succès actuellement. Répartition globalement équitable entre les ténor, baryton, et basse tandis que côté voix féminines, les sopranos l’emportent aisément.
Le jury est constitué de professionnels incontestables, que ce soit des directeurs de théâtres, ou directeurs artistiques, ou chanteurs dont la renommée est ou fut internationale. Cette année, il est présidé par la cantatrice Teresa Berganza, mezzo-soprano qui débuta sa période de gloire il y a une cinquantaine d’années, faisant triompher moult représentations d’un Cosi fan tutte dans le cadre du Festival d’Aix-en-Provence, participant depuis à de magnifiques enregistrements – 200 disques – entre autres d’opéras dirigés par Michel Plasson, sous le label mythique La Voix de son Maître, ou pour faire plus actuel EMI, sous la houlette de son directeur d’alors, et présent d’ailleurs dans ce jury, j’ai nommé Alain Lanceron.
Parmi les autres membres du jury, on note, Frédéric Chambert, notre Directeur du Théâtre du Capitole, et une figure incontournable du milieu lyrique, Raymond Duffaut, le grand ordonnateur des “messes “ lyriques, depuis des décennies, dans le cadre grandiose des Chorégies d’Orange. Il y a en principe trois Prix pour les voix féminines et trois pour les voix masculines. S’y ajoutent le Prix du Public, un autre pour la Mélodie, et un autre qui sait, pour la Jeunesse…
Tous ces membres participent de par leur fonction à la quête et découverte des futures grandes voix, voix qu’ils pourront ensuite faire se produire sur les scènes des théâtres qu’ils dirigent. Comme Peter Mario Katona, Directeur des distributions du Covent Garden de Londres. Un plus bien sûr pour les lauréats qui repartent systématiquement avec un lot de contrats. Mais, pas uniquement les lauréats d’ailleurs car certains membres du jury peuvent être plus affûtés !!! et repérer des valeurs prometteuses un peu trop vite éliminées. Un peu comme Teresa Berganza lors de son premier concours de chant raté à Genève, mais pas complètement ! puisqu’elle est engagée sur le champ par un certain Ernest Ansermet, pas moins.
Membre du jury n’est pas une simple distraction, vous l’avez compris. Ils peuvent même se retrouver conspués par une partie du public alors pas d’accord avec leur choix ! Un enfer douloureux pour les oreilles, en perspective… ! Mais, le public peut avoir oublié un peu vite que les membres du Jury se font une opinion sur les prestations de chacun au cours des éliminatoires mais aussi des demi-finales et non pas uniquement sur la finale. Les règles de fonctionnement ont peu évolué mais on remarque le retour du Prix du public, un temps délaissé, à regret pour la grande majorité des présents à la finale.
Les épreuves peuvent présenter pour un public averti ou non, un côté pédagogique tout à fait intéressant. C’est pourquoi, les épreuves en demi-finale avec piano sont libres d’accès et bien sûr la finale avec orchestre, ici moyennant finances, pour des tarifs raisonnables allant de 6,50 à 40€.
Pour la Finale, l’Orchestre sera placé sous la direction de David Syrus, responsable des études musicales au Royal Opéra House de Londres, ou pour faire simple, le Covent Garden. Chef qui prend ses habitudes à Toulouse puisqu’on l’a retrouvé à la direction de, La Clémence de Titus, Albert Herring, Belshazzar, et le Concours de Chant précédent. On le sait à l’affiche cette saison des 2 opéras de Benjamin Britten : Owen Wingrave et Le Tour d’écrou. Impensable tout autant de ne pas évoquer tout le travail en amont et l’aide, les encouragements, produits par les accompagnateurs au piano lors des répétitions, des éliminatoires et des demi-finales. La Finale ne représente plus que l’écume !
Un concours de chant né au mois de mai 1954 – 167 candidats ! – sous la poussée d’un public qui surveillait sa troupe à demeure mais qui voulait aussi voir et surtout entendre des “têtes“ nouvelles. Initiative fermement soutenue par le Maire d’alors, Raymond Badiou. C’était en effet du temps où par saison, on donnait 15, 20 opéras, et autant d’opérettes. Il fallait un certain lot d’artistes disponibles et pratiquement là, sous la main. Il y avait alors une troupe, concept que l’on ne retrouve pratiquement plus sauf dans les maisons d’opéras allemandes. Un parcours en suivant qui méritera toute l’attention, pendant des décennies, d’une figure définitive du Théâtre du Capitole, le bien-nommé Auguste Rivière.
Petite anecdote : sait-on que pour la saison 1907-1908, la presse toulousaine s’étant émue d’une pénurie de ténors, et sous la houlette de La Dépêche de Toulouse, ancêtre de notre chère DDM, celle-ci prit l’initiative d’un « concours de ténors », dont la finale fut parisienne !! Enorme succès, mais il faudra attendre 46 ans pour un nouveau concours, la municipalité ayant estimé le coût d’une telle manifestation à monter beaucoup trop élevé.
Enfin, répétons-le, nous espérons avoir droit à notre étonnant hymne local, à savoir, La Toulousaine d’un, alors jeune étudiant, Pierre Louis Deffès pour la musique, en 1845, et d’un employé à la mairie de Toulouse, Lucien Mengaud pour les paroles de cette poésie languedocienne écrites en graphie patoisante ! C’était en 1844. « Ô moun pays ! ô Toulouso,… » Par contre si l’on pouvait éviter le fameux vase de Sèvres qui récompense en plus du chèque certains lauréats, et le remplacer par, je ne sais, un i-pad, ou un Mac-air,…… car le vase, quel cadeau empoisonné : un Toulouse – Pékin avec le vase en bagage cabine, c’est pas top !! Déjà écrit, pas suivi d’effet, et donc, répété !!!
Michel Grialou
50e Concours international de chant de Toulouse
Théâtre du Capitole
Demi-finale : 4 septembre à 19h00
Finale : 6 septembre à 20h00
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