Une comédie pleine de sens
C’est un premier long, avec son enthousiasme évident et ses non moins évidents…défauts. Le pitch est assez original. Soit deux demi-frères d’origine antillaise, Régis et Joel, qui ne se fréquentent pas particulièrement bien que vivant à Paris. Ils n’ont pas vu leur père depuis des décennies, celui-ci résidant toujours aux Antilles. Si Régis s’est parfaitement intégré, il est d’ailleurs adjoint dans une mairie, ce n’est pas du tout le cas de Joel qui, lui, est un vrai voyou, détroussant les vieilles femmes et les enfants, squattant honteusement chez sa mère. Voilà que le paternel antillais rend son dernier soupir. Les deux hommes vont à son enterrement outre Atlantique et reçoivent un trésor qui se transmet de génération en génération : la charte ayant rendu libre leurs ancêtres esclaves. Loin de se soucier de l’importance patrimoniale et identitaire de ce document, ils le détruisent dans un éclat de rire. Assistant à cette scène, une vieille femme, certainement un peu sorcière, les projette alors en…1780 ! Nos deux gaillards vont alors faire l’amère expérience de la condition d’esclave dans une plantation de canne à sucre. Entre la revendication des 35h et le portable qui ne trouve pas de réseau, une suite de gags plus ou moins faciles va émailler cette comédie au travers de laquelle les réalisateurs parlent habilement du racisme ordinaire. Fabrice Eboué (Régis) et Thomas Ngijol (Joel) tiennent les rôles principaux avec beaucoup de conviction et une dynamique sans faille. Ces « Visiteurs » à l’envers auraient mérité certainement une plus grande attention aux dialogues et à l’enchaînement des scènes. Mais bon, l’intention y est.
Robert Pénavayre