Il se passe peut – être encore des choses après 50 ans. C’est ce dont essaye de se convaincre Gloria, 58 balais, divorcée il y a belle lurette, célibataire depuis, mère de deux grands enfant qui n’ont plus réellement besoin d’elle (et pas vraiment beaucoup de temps à lui accorder).
Malgré tout, elle reste positive Gloria, elle a envie de rattraper un temps qui file à une vitesse folle, de s’essayer à de nouvelles expériences (le yoga, les groupes de thérapie par le rire, éventuellement les vertus d’un bon joint), elle adore chanter de vieux tubes dans sa voiture, peut – être même que ça lui plairait de tomber sur un homme qui s’intéresse un peu à elle.
Alors le soir, elle se fait belle et elle part dans les dancings de Santiago, bouger son corps sur de la variétoche et tenter de rencontrer un gentil parti. La tactique a l’air de fonctionner, attablé non loin de là, Rodolfo commence à avoir l’oeil qui frise. De là à dire si ce sera pour un soir ou plus longtemps …
Une comédie sur des vieux qui chauffent le dance – floor ? Oui, il y a un peu de ça … Un drame sur la solitude ? Effectivement, ça se pourrait bien … Réalisé par Sebastiàn Lelio (jeune metteur en scène, monteur et scénariste argentin), le film qui en résulte est un subtil mélange des genres, abordant un thème ignoré au cinéma : l’amour chez les quinquagénaires.
Dans le cadre de la rencontre amoureuse sur pellicule, la norme veut que les individus soient beaux, jeunes, lisses. Ici, les personnages ont un passé qui les a marqués, des corps qui ont vécu. On n’est pas habitué à voir apparaître ces chairs – là, on aurait presque un mouvement de gêne lorsqu’elles se frôlent et se mélangent. Un comble.
Vous comprenez, c’est embarrassant de voir des vieux qui couchent ensemble, ce genre d’activité ce devrait être réservé à une jeunesse roulée comme Scarlett Johansson … Dans Gloria, Sebastiàn Lelio prend l’intelligent parti de montrer les choses telles quelles sont, sans putasserie aucune mais sans rien enjoliver non plus.
Le long – métrage ne se résume pas à une partie de jambe en l’air du troisième âge, c’est aussi la vie d’une femme, ses envies, ses joies, ses espoirs, ses craintes …
Il y a bien quelques silences de trop dans Gloria, mais le film possède l’inestimable qualité de dégager un rôle de femme comme l’on en voit que trop peu (des vieux + un personnage principal féminin, je me demande si Sebastiàn Lelio aurait perdu un pari au moment de l’écriture de son scénario), celui d’une femme qui a l’élégance de garder ses angoisses pour elle, qui se révèle forte autant que fragile, prête à bien des sacrifices, une femme attachante, cachée derrière de vastes lunettes qui lui donne un sympathique air de Tootsie, une femme d’une réalité bouleversante, tout simplement belle.
Celle qui incarne cette Gloria, c’est Paulina Garcia, actrice chilienne venant du théâtre, qui n’a pas hésité à se mettre à nu (dans tous les sens du terme) pour les besoins de l’histoire. Si la démarche est courageuse, elle est surtout magnifique, d’une grande justesse, tellement d’ailleurs que moi aussi je crois être un peu tombée amoureuse d’elle …
Histoire universelle (car après tout, que l’on ait 20 ou 60 ans, les déboires amoureux affectent autant), marche hésitante en bordure du précipice, volonté d’avancer malgré tout, Gloria, c’est tout ça à la fois. C’est peut – être même un peu d’espoir et quelques tubes discos.
En vous remerciant.