Si je vais vous parler aujourd’hui de Neill Blomkamp ce n’est pas que je tienne spécialement à faire ma maligne mais tout simplement parce que j’ai vu hier son dernier long – métrage.
Ce jeunot de 34 ans m’avait plutôt épaté avec son premier film, District 9. Dans cette histoire, la ville de Johannesburg (où le garçon a vécu ses 18 premières années) connaissait des problèmes d’intégration avec un vaisseau extra – terrestre, ses occupants se retrouvant relégués dans les townships. Mis à part une fin un peu fleufleur, Neill Blomkamp commençait fort avec un cinéma de divertissement mêlant science – fiction et constat social (en confrontant les conditions de détention des aliens aux ravages de l’apartheid). Un début très prometteur donc, que même le grand Peter Jackson ne s’y était pas trompé en devenant producteur du film.
Le nouveau long – métrage du réalisateur sud – africain avait donc toutes les raisons de susciter pareil engouement.
2154, la Terre est ravagée suite à des années d’exploitations humaines intensives. Surpopulation, pollution, dérèglements climatiques, extrême pauvreté, brutalités policières, hôpitaux surchargés sont le quotidien de ceux qui n’ont pas eu la chance de pouvoir s’expatrier sur Elysium, luxueuse station spatiale, réservée à l’élite et préservée de toute intrusion (en gros, on tire à vue sur toute navette terrienne qui essayerait de s’incruster). Max, ancien voleur de voiture, doit jongler entre son travail d’ouvrier dans une immense usine d’assemblage, les contrôles d’identité arbitraires, son conseiller de probation et son passé qui se rappelle sans cesse à lui.
Suite à une erreur de manipulation et la bêtise de son contremaître, il se retrouve exposé à une dose mortelle d’irradiations. Son unique chance de survie est de se rendre dans les 5 jours sur Elysium pour y être soigné. Par la même occasion, il aura éventuellement l’opportunité d’améliorer le quotidien de quelques milliards de ses contemporains …
Si Neill Blomkamp se retrouve cette fois – ci doté d’un budget représentant 3 fois celui de son précédent film, pas sûr qu’il en ait été autant de sa capacité créatrice …
La base sociale est toujours présente : partageant l’action entre une Los – Angeles dévastée (transformée en vastes étendues de favelas) et la base spatiale d’Elysium (où fleurissent les villas de luxe), il n’est pas difficile d’y voir la parabole de la politique d’émigration des Etats – Unis face aux clandestins de l’hémisphère sud.
Le département » effets spéciaux » a également bien travaillé, mis à part quelques incrustations un peu grossières la base spatiale est superbe, les armes sont intéressantes (dans un film s’entend) avec de chouettes effets blast, idem concernant le port d’exosquelette et le rapport homme – machine en général.
Pour le reste, les choses sont malheureusement bien linéaires …
Max est représenté tourmenté par son passé (originalité quand tu nous tiens), flanqué d’un brave sidekick qui va se sacrifier pour lui rendre la tâche plus facile (début d’agacement), refusant même le marché qu’on lui propose pour ensuite se raviser à la vue d’une enfant malade (agacement²).
Rebelles aux projets altruistes d’un côté (facilement reconnaissables, ce sont ceux couverts de tatouages, que l’on trouve dans des sortes de grands entrepôts, sur fond de grosses basses et néons fluos)
Avoir collé ces tresses parfaitement ridicules à ce pauvre Diego Luna était – il par contre vraiment nécessaire ??
face à l’ignoble parvenue aux immondes desseins de l’autre (évoluant dans des décors immaculés, arborant coupe de cheveux impeccable et parfaite maîtrise de la langue de Molière),
niark niark, je suis parfaitement machiavélique sous ma coupe au bol
avec une telle problématique, on se demande bien qui va l’emporter ! Assistera – t’on à un renoncement final pour le bien de l’humanité ?? Quel suspense !!! Non je déconne, à ce stade – là, on ne se pose même plus la question …
Le casting ne facilite pas l’empathie envers les personnages, je parle particulièrement pour Matt Damon dont l’aspect poupin sous stéroïdes ne permet pas une grande palette d’émotions. A vrai dire, je n’ai jamais vraiment compris l’engouement autour de cet acteur … Et puis, dans ce genre de film, le choix du super – vilain reste un élément primordial.
Neill Blomkamp est bien gentil de réengager son poto Sharlto Copley, mais ce qui fonctionnait parfaitement dans District 9 est beaucoup moins crédible sur Elysium. Je ne sais si cela tient à l’air parfaitement inoffensif de l’acteur ou son accent à couper au couteau, mais pour ma part je l’imaginais bien mieux en train de descendre une pinte au pub du coin qu’en grand méchant psychopathe …
Film d’action honnête, Elysium saura remplir son rôle si vous décidez d’aller le voir en salle. Mais si vous attendez sa diffusion télévisuelle il le fera, à mon avis, de la même façon.
En vous remerciant.