La prochaine série des concerts d’abonnement de l’Orchestre de Chambre de Toulouse consacre son programme à l’un des plus célèbres, et néanmoins l’un des plus secrets, des compositeurs viennois, le tendre Franz Schubert. De ses pièces de musique de chambre et de divertissement à sa Cinquième symphonie, ces concerts brossent un portrait tout en demi-teinte du compositeur disparu à l’âge de trente-et-un ans, après avoir livré au monde une œuvre vocale et instrumentale aussi vaste que pétrie d’émotion.
Franz Schubert, figure touchante du romantisme viennois, a donc eu une vie encore plus courte que celle de Mozart. Ce douzième enfant d’une fratrie de 14, né le 31 janvier 1797 est mort en 1828, à l’âge de trente-et-un ans, 1828. S’il débute comme son père, comme maître d’école, il ne tarde pas à se consacrer à la musique. Personnalité effacée, discrète, ce grand génie de l’histoire est l’auteur de plus de six cents lieder, d’une douzaine d’opéras (hélas presque toue oubliés), de nombreuses messes, de chœurs, de musique de chambre (dont quinze quatuors à cordes), de sonates et pièces diverses pour piano, et de neuf symphonies (dont la première fut composée à l’âge de seize ans).
Mais c’est la qualité de sa musique, plus que la quantité de ses œuvres, qui laisse une trace forte dans l’Histoire. Il écrit à un ami : « Je ne transigerai jamais avec les sentiments du cœur ; ce que j’ai en moi, je le livre tel quel, un point c’est tout ! », nous donnant ainsi la clef du Romantisme naissant. Mais ce qui caractérise le « sentiment » chez Schubert, c’est la délicatesse de son expression et la pudeur qui l’enveloppe.
Le programme des prochains concerts de l’OCT débute par le pur « chambrisme » de l’ouverture en do mineur. Les Menuets et Danses allemandes qui suivent sont écrits pour les seuls instruments à cordes. L’orchestre s’adjoint enfin une flûte, deux hautbois et un basson pour la Cinquième symphonie. Mais même lorsqu’il écrit pour grand orchestre, Schubert reste le musicien de l’intimité partagée, celle des amis qu’il réunit chez lui lors des fameuses « schubertiades » au cours desquelles la musique sert de lien affectif.
Comme pour Mozart, une grande partie de l’œuvre de Schubert est une œuvre de jeunesse, à moins que pour l’un comme pour l’autre il n’y ait au final que des œuvres de la maturité tant celle-ci est étonnante dès les premiers opus.
« Mes créations sont le fruit de ma connaissance de la musique et de ma connaissance de la douleur » écrit-il dans son journal intime. En octobre 1828, alors qu’il a déjà composé plus de mille œuvres, il décide de réapprendre à écrire la musique et se plonge dans l’étude de Haendel. La maladie l’empêchera de mener à bien son projet et il meurt à 31 ans, nous laissant une œuvre au goût d’inachevé.
Serge Chauzy
Une Chronique de Classic Toulouse
jeudi 21 mars et vendredi 22 mars à 20h30
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