C’est pour le mardi 21 octobre à 20h à la Halle aux grains que le concert est organisé par les clubs Rotary de Toulouse et de ses environs au profit de l’association ASEI pour ses projets d’inclusion et de solidarité en faveur des enfants et jeunes adultes atteints de Troubles du Spectre de l’Autisme. Concert placé sous l’autorité de la violoniste Marie Cantagrill avec les musiciens de l’Orchestre de chambre d’Ariège. Ils interprèteront les célèbres Quatre Saisons d’Antonio Vivaldi, et les Airs Bohémiens de Pablo de Sarasate.

Marie Cantagrill © Bertrand Berbet
Marie Cantagrill est une violoniste française, dont on loue l’extraordinaire musicalité, qui partage son temps entre les concerts qu’elle donne, l’enregistrement d’albums, et sa participation fournie à des œuvres caritatives. Elle fonde, en 2011, l’Orchestre de Chambre d’Ariège, crée un Concours International de Violon (annuel depuis 2013), qui attire des jeunes du monde entier, ainsi que le Festival « Les Grands Rendez-Vous à Saint-Lizier ». Elle propose aussi, avec ses Musiciens, des « répétitions publiques et pédagogiques », offertes à tous publics, une riche idée pour certaines zones géographiques plutôt délaissées. C’est pourquoi, durant ce concert exceptionnel, Marie Cantagrill commentera les œuvres.
Antonio Vivaldi
Concerto en mi majeur op. 8 n° 1 “le Printemps“
Allegro – Largo – Allegro (danse pastorale)
Concerto en sol mineur op. 8 n° 2 “L’Été“
Allegro – Adagio – Presto
Concerto en fa majeur op. 8 n° 3 “L’Automne“
Allegro – Adagio molto – Allegro
Concerto en fa mineur op. 8 n° 4 “L’Hiver“

Marie Cantagrill et ses Musiciens
Décembre 1725, à l’apogée de sa carrière, Antonio Vivaldi publie à Amsterdam, chez l’éditeur Michel-Charles Le Cène, sous le titre Il Cimento dell’ Armoria e dell’ Invenzione, son op. VIIIè. Il marque le sommet de sa gloire. Ce recueil de deux fois six concertos a été édité en parties séparées, pour violon principal et cordes (et non concerti grossi, comme souvent écrit).
De ses douze concertos, sept arborent une étiquette descriptive, les quatre premiers par lesquels s’ouvre le recueil, constituant la fameuse suite des saisons. Suivent, La Tempesta di mare, Il Piacere (le Plaisir), La Caccia (la Chasse) respectivement les cinquième, sixième et dixième numéros. Il était naturel que le tempérament du Prete rosso l’incline vers la description, même dans le genre instrumental. Le goût de l’époque l’y porte aussi. N’oublions pas que notre vénitien, avant Les Saisons, en tant que musicien de théâtre, a écrit une quinzaine d’opéras.
Notons que la succession des saisons avait fourni aux compositeurs argument pour, qui un ballet, qui un divertissement scénique, qui une sérénade et on a même un Trionfo delle stagioni qui sera chanté alors au Palais Royal de Naples. Quoi qu’il en soit, Vivaldi est bien le premier à avoir traité ce thème symphoniquement, sans le secours de chant, ni de la danse, sans autre moyen d’expression que les instruments d’orchestre à cordes traditionnel.

Antonio Vivaldi
Notre compositeur aide aussi son auditoire en lui fournissant un véritable libretto. En tête de la partie du violon principal sont en effet gravés quatre sonnets, un par saison intitulés « Sonetto dimostrativo sopra il Concerto Intitulato la Primavera (ou l’estade, ou L’ Autumno, ou L’Inverno). Chacun de ces sonnets décrit sommairement les péripéties mises en musique. Si l’argument poétique a bien été ajouté après coup, le compositeur l’avait à l’esprit puisque on repère sur les manuscrits des indices en rapport.
Le retentissement des Saisons a été considérable. Elles ont puissamment marqué dans la carrière de Vivaldi. Elles ont très vite suscité, hors des frontières des républiques, et duchés et états de la future Italie un engouement auquel on connaît peu de précédents, tout en ayant des répercussions conséquentes sur le mouvement musical, à commencer sur les compositeurs de son temps, les Locatelli, Geminiani, Boccherini et pensons à l’oratorio Les Saisons de Joseph Haydn, ou à un certain Justin Henri Knecht dont le Portrait musical de la Nature de 1784 nous conduit jusqu’à la Symphonie pastorale de Beethoven.

Pablo de Sarasate
Airs bohémiens, op. 20 9’ environ
Moderato – Lento – Un poco piú lento – Allegro molto vivace
Rares sont les œuvres musicales qui incarnent à la fois l’esprit du virtuose du XIXe siècle, aux dons quasi surnaturels, et l’esprit libre et sauvage du gitan errant. Le compositeur espagnol Pablo Martín Melitón de Sarasate y Navascués, né à Pampelune en 1844, a composé cette œuvre d’inspiration gitane pour mettre en valeur son incroyable technique.
Le jeune violoniste quitta l’Espagne pour entrer, exceptionnellement, au Conservatoire de Paris à l’âge de douze ans. Il était si célèbre dans son pays natal que la reine Isabelle II d’Espagne lui offrit, paraît-il, un Stradivarius récemment pillé par ses troupes lors de la guerre contre le Royaume de Naples ! Elle aurait financé personnellement ses études à Paris. En moins d’un an, il remporta un premier prix de violon et de solfège au Conservatoire, ainsi qu’un prix d’harmonie, et, à 19 ans, il entame la première de ses nombreuses tournées mondiales, avec les moyens de transport de l’époque ! l’Europe, l’Afrique, l’Amérique du Nord et du Sud, ainsi que l’Orient. Les cours et salons l’accueillirent à bras ouverts et il devint l’un des musiciens les plus célèbres et les plus célébrés de son époque.
Zigeunerweisen Op. 20, initialement composé pour violon et orchestre en 1878, fut créé la même année à Leipzig, en Allemagne, alors que le compositeur, violoniste virtuose au sommet de son art, avait 33 ans. Les Tsiganes que Sarasate “peint“ ne sont pas ceux de son Espagne natale, mais plutôt des Hongrois qu’il a rencontrés lors de ses récentes tournées de concerts dans ce pays. L’œuvre s’inspire de thèmes du peuple rom et, dans la dernière section, des rythmes de la Csárdás. L’origine de la Csárdás remonte au verbunkos hongrois du XVIIIe siècle, utilisé comme danse de recrutement par l’armée hongroise.

Czardas / Marcin Bak
Zigeunerweisen est structuré en deux sections contrastées. Une fanfare orchestrale dramatique introduit le soliste, qui se met en lumière avec des cadences embellies quasi improvisées, accompagnées mais rythmiquement libres. Le violoniste chante une complainte triste, ornée d’une riche broderie de trilles, d’appoggiatures, d’harmoniques, de glissandi, de pizzicati et de spicciati. Après une pause dramatique, les sections rapides s’élancent comme un gobelet lâché sur une piste de cirque – une danse lumineuse des plus virtuoses, avec la pyrotechnie du violon qui étincelle aux cordes.
L’œuvre suit le modèle familier des Rhapsodies hongroises de Liszt (Sarasate a rencontré Liszt à Budapest dans les années 1870). La Csárdás se caractérise par une variation de tempo : elle commence lentement (lassú) et se termine sur un tempo très rapide ( friss , littéralement « frais »). Il existe d’autres variations de tempo. Les danseurs sont des hommes et des femmes, les femmes étant vêtues de larges jupes traditionnelles, généralement de couleur rouge, qui forment une forme distinctive lorsqu’elles tournoient.
« Il est impossible de prescrire précisément comment cette pièce doit être interprétée. Elle doit être interprétée avec une grande liberté, afin de se rapprocher le plus possible du caractère de la musique tzigane improvisée », écrivait Sarasate à propos de son opus 20.
Avant lui, Paganini était réputé pour sa prouesse technique flamboyante et son exubérance émotionnelle, et Joachim, ami de Brahms, pour son intellectualisme élevé et sa profonde perspicacité musicale. Sarasate était réputé pour son élégance, sa précision, son apparente facilité d’exécution et, selon les mots d’Eduard Hanslick, doyen viennois des critiques musicaux européens, et éditeur redouté, pour son « flux de sons magnifiques ».
Les quelques enregistrements de ces Zigeunerweisen en 1904 !! réalisés par Sarasate peu avant sa mort (il décède à Biarritz en 1908), premiers disques commerciaux d’un violoniste de renommée mondiale, témoignent de son talent remarquable. Si vous avez les instruments pour écouter ces premières cires…
> Entretien avec Olivia Lévrier, directrice générale de L’ASEI
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