Le brillant chef espagnol Juanjo Mena retrouve les musiciens de l’Orchestre national du Capitole à leur retour d’une grande tournée européenne qui les a menés, sous la direction de Tugan Sokhiev, de Paris à Vienne en passant par les Pays Baltes et Munich. Après son concert Mahler de novembre 2011, Juanjo Mena dirigera deux compositeurs disparus trop tôt : Juan Crisóstomo de Arriaga et Franz Schubert.
Né à Vitoria, au Pays Basque espagnol, Juanjo Mena, est chef principal du BBC Philharmonic Orchestra depuis septembre 2011. Il a été directeur artistique de l’Orchestre symphonique de Bilbao (1999-2008) et chef principal invité du Théâtre Carlo Felice à Gênes (2007-2010). Il est actuellement chef principal invité de l’Orchestre philharmonique de Bergen (2007-2013). S’il dirige en concert les grands orchestres symphoniques du moment, il aborde avec un même bonheur la scène lyrique. Le Vaisseau fantôme, Elektra, Billy Budd, Eugène Onéguine, Les Noces de Figaro sont inscrits à son répertoire.
La première partie de son concert toulousain du 15 mars prochain est consacrée à un compositeur que le destin n’a pas permis de s’épanouir pleinement. Juan Crisóstomo de Arriaga, né, comme Juanjo Mena, au Pays Basque espagnol, en l’occurrence à Bilbao, meurt de la tuberculose à Paris, dix jours avant son vingtième anniversaire, le 17 janvier 1826. Il n’a que treize ans lorsqu’il compose un opéra semi seria en deux actes,Los esclavos felices. L’ouverture de cet opéra, très influencée par les classiques viennois (Haydn, Mozart) et par la musique de Rossini, inaugurera la soirée. Suivra son œuvre orchestrale la plus aboutie, sa symphonie en ré mineur, écrite en 1823. Avec son atmosphère sombre, ses modulations élaborées, ses développements chromatiques inattendus, cette œuvre de jeunesse, véritable coup de maître, annonce le romantisme musical européen et n’est pas éloignée des dernières symphonies de Schubert.
C’est précisément la neuvième et dernière symphonie de Schubert qui occupe la seconde partie du concert du 15 mars. Mise en chantier dès 1825-1826, soit guère plus d’un an après l’intimidante Neuvième symphonie de Beethoven, elle n’est mentionnée par le compositeur qu’en février 1828 dans une lettre à son éditeur Schott. Soumise à la Société des Amis de la Musique de Vienne dans le courant de la même année, elle est refusée, jugée trop longue et trop difficile. Après la mort de Schubert, son frère Ferdinand conserva la partition. C’est chez lui que Robert Schumann la découvre dix ans plus tard et la propose immédiatement à Felix Mendelssohn, alors chef d’orchestre au Gewandhaus de Leipzig. C’est ce dernier qui en dirigera la création, le 21 mars 1839, soit onze ans après la mort du compositeur.
Serge Chauzy
Une Chronique de Classic Toulouse
vendredi 15 mars – Halle aux Grains
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