Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
La Grande Illusion de Jean Renoir
Durant la Première Guerre mondiale, en 1916, lors d’une mission de reconnaissance, l’avion du lieutenant Maréchal transportant le capitaine de Boieldieu est abattu par les Allemands. Les deux hommes pris en charge par le capitaine von Rauffenstein sont internés dans un camp de prisonniers où ils retrouvent nombre de leurs compatriotes, parmi lesquels Rosenthal issu d’une famille de banquiers juifs, ainsi que des détenus étrangers. Un projet d’évasion est mis au point par Maréchal, de Boieldieu et Rosenthal, mais à la veille de sa réalisation, les Français sont transférés dans un autre camp. Au fil de leurs pérégrinations et de nouvelles vaines tentatives de s’évader, ils vont se retrouver au sein d’une forteresse commandée par von Rauffenstein, désormais inapte au combat après des blessures. Et si cette fois, l’occasion de s’enfuir était la bonne ?
Sorti en 1937, La Grande Illusion fut un énorme succès et s’est imposé comme un classique de l’Histoire du cinéma par son casting (Jean Gabin, Erich von Stroheim, Pierre Fresnay, Marcel Dalio, Dita Parlo), mais surtout par son message pacifiste et son ode à la fraternité entre les hommes au-delà de leurs conditions.
Idéalisme
Le film de Jean Renoir frappe par son idéalisme, son irénisme, sa naïveté. Ainsi, la boucherie de la Grande Guerre demeure constamment hors-champ. La guerre, il s’agit juste de « la faire proprement », selon l’expression du capitaine de Boieldieu. Dans leur camp, les prisonniers français apprécient « la stupéfiante honnêteté » et la « gentillesse » de leurs geôliers. Leur détention est d’ailleurs confortable, ponctuée de bons repas arrosés d’alcools fins, d’amusements et de projets d’évasion. Certes, au fil du récit, le propos se fait plus sombre, plus amer, même si un happy end conclut l’intrigue. Mêlant le film de prison, la comédie et la romance, La Grande Illusion est un appel à la concorde.
Plus que la nationalité, la religion ou l’origine, c’est la classe sociale qui distingue ici les individus, comme dans La Règle du jeu que Renoir tournera deux ans plus tard. Ainsi, le respect teinté d’amitié entre les aristocrates de Boieldieu et von Rauffenstein fait écho à la frontière finalement insurmontable entre Maréchal issu du peuple et le grand bourgeois Rosenthal. Cette vision plutôt étroite et le message pacifiste du film seront bientôt balayés dans le réel par la Seconde Guerre…
> LES FILMS QU’IL FAUT AVOIR VUS