Il se passe toujours quelque chose au Ravelin (le club concert situé place du Ravelin à Saint-Cyprien). C’est le spot n°1 pour découvrir notamment de nouveaux groupes. Comme Frantic Forms, jeune combo (moyenne d’âge 25 ans) très prometteur et très bon sur scène (alors qu’ils n’ont fait qu’une vingtaine de concerts).

Frantic Forms
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Niels (batterie) : On a commencé avec Mathieu avec deux autres copains, Léo au chant et JB à la basse. Vratko est arrivé après et a remplacé le premier chanteur pour l’enregistrement de notre EP à l’été 2024. Martin est arrivé comme nouveau bassiste juste après.
Vos influences musicales sont assez diverses…
Martin (basse) : J’ai baigné dans une culture familiale très new-wave, j’ai appris à jouer de la basse sur les Cure (que mon père écoutait). À côté de Frantic Forms, je joue aussi dans Lonely Ghost Club qui est dans une veine goth-punk.
Niels : Avec Martin, on partage aussi un goût pour le trash metal. Mais on a commencé sur une base commune : Strokes, Artic Monkeys, Ramones, Nirvana, Libertines, avec du punk 77, un peu de metal aussi…
Où a été enregistré votre premier EP ?
Niels : Nos moyens étaient limités, et on a tout fait très vite, en deux jours, au Studio Face B.
Martin : Le prochain se fera de manière beaucoup plus posée, en prenant le temps et en expérimentant, avec un copain (qui est chanteur du groupe de metal toulousain Redmoths) qui a un studio à lui. On ne sait pas encore où on le sortira. Un label nous intéresserait si c’est un vrai label, et pas juste un logo à mettre sur le disque avec aucun travail d’accompagnement.
De quoi parlent vos textes ?
Vratko (chant) : Le punk est pour moi un style de musique fondamentalement énervé. Ce que j’essaie de transmettre dans mes paroles, c’est cet aspect nerveux, frénétique, en ébullition de la psyché d’une personne jeune dans un monde rempli de contradictions en tous genres, dans ses codes, dans ses attentes et dans ses promesses. Il y a bien sûr un aspect social et presque politique à cette approche, et mes textes traitent souvent de sujets sociétaux plus ou moins actuels. Toutefois, je ne cherche pas à relever et condamner des injustices, d’autres l’ont déjà fait et bien mieux que ce dont je m’estime capable, mais d’examiner et partager mes émotions. Toute la musique punk qui me parle est marquée d’un aspect intime et d’une profonde empathie, et c’est avant tout ça que j’ai envie de transmettre dans notre musique.
Tu es vraiment un chanteur charismatique qui dégage un truc sur scène…
Vratko : Merci, c’est très gentil. J’ai fait du théâtre musical pendant mon adolescence, ce qui a certainement contribué à développer cet attrait pour les performances excentriques et extravagantes en musique. Je ne sais pas nécessairement ce que je dégage, à part une quantité énorme de sueur. (rires) Je suis constamment dans un état assez extatique en concert. Le live, pour moi, c’est transcendant. Ce serait pareil si j’étais dans le public. Et c’est également une prolongation de certaines thématiques de mes paroles. Je ne fais pas trop attention aux mouvements que je fais sur scène, je me laisse porter par la musique. Il y a là une sorte d’affranchissement des codes, d’une espèce de pudeur qui n’a pas forcément lieu d’être dans ce contexte.
Niels : On bosse ça, l’attitude sur scène, le côté visuel, car on veut vraiment créer ce pont entre nous et le public. On aime ça. Il y a eu un soir où on a fait deux concerts le même soir (Ravelin puis Autan), et un autre au Secret Place de Montpellier le lendemain.
Vous faites déjà des t-shirts à l’effigie du groupe. Le merch, ça rapporte tant que ça ? (rires)
Martin : Déjà, on fait ça pour montrer notre sérieux dans l’intention et dans notre engagement musical. Et puis, au fil des concerts, on a commencé à fidéliser des gens qui apprécient notre musique, et ça fait qu’ils achètent nos t-shirts.
Mathieu (guitare) : Ce n’est pas que du business, il y a aussi un aspect créatif dans le merch, avec le graphisme. Tout le travail aussi sur les réseaux sociaux…
Martin : On a aussi la chance d’avoir toujours des copains plus qualifiés (photo, graphiste, webmaster) pour nous aider à faire tout ça.
Vous avez 25 ans, dans une génération qui a biberonné au rap et à l’électro. Et vous faites du rock à guitare ! Vous n’êtes pas un peu décalés ?!
Martin : Mon père était un fan de rock, et ma mère écoutait du classique. Donc enfant, j’ai plus écouté les Cure ou les Beach Boys que Sexion d’Assaut qui était énorme chez tous mes copains (mais je n’ai jamais aimé). Après, oui, j’étais un peu un mec bizarre pour eux. Et mon père m’a fait découvrir des choses aussi différentes que les Stranglers, Bérurier Noir, Clash, Sex Pistols. Et mon beau-père Green Day. Le seul rap que j’ai pu aimer, c’est Eminem.
Mathieu : Moi, j’ai vraiment écouté du rap jeune, de Booba, Lunatic, Shurik’n à Sexion d’Assaut, en passant par La Fouine. Sexion d’Assaut, ils avaient quand même du niveau et ils ont démarré dans l’underground du rap. Ma famille écoutait du hard rock type Van Halen, donc pour me démarquer, le rap m’allait bien. C’est aussi une musique de rébellion. Mais j’ai toujours aussi écouté du rock et j’ai commencé la guitare à l’adolescence.
Niels : J’ai écouté un peu de rap mais pas tant que ça. J’ai aussi grandi avec des parents qui écoutaient du rock, voire du metal. Mon père me faisait écouter du Slayer, mais aussi du NTM, côté rap.
Vratko : J’ai plus l’impression de dénoter des milieux où on passe du temps parce que j’écoute du rap justement ! Mais j’écoute surtout des artistes anglophones. J’aime bien rester au courant de l’évolution de la musique populaire, même si le plus souvent je me retrouve dans les œuvres aux propositions radicales et expérimentales, comme JPEGMAFIA, Backxwash ou Death Grips… ce qui ne s’éloigne finalement pas tant que ça de l’esprit punk des artistes rock auxquels je suis le plus sensible.

Frantic Forms
Vos projets à court terme, votre ambition ?
Niels : On veut continuer à se faire connaître, progresser…
Mathieu : Sortir le 2e EP, avec plus de moyens, et donc quelque chose de plus cohérent, de plus propre. On maîtrise un peu plus notre orientation musicale désormais. Et nous sommes vraiment très motivés.
Martin : On bosse tous (sauf le chanteur qui est encore étudiant) mais c’est plutôt alimentaire. Notre priorité, c’est vraiment la musique. On aimerait faire des salles un poil plus grandes et des festivals.
Mathieu : C’est ce qui fait que le premier chanteur et bassiste ne sont pas restés, ils ne voulaient pas autant s’impliquer, ce qui peut se comprendre.
Vos parents voient ça comment d’ailleurs ?
Vratko : Ma mère vient à certains de nos concerts alors qu’elle habite à Bruxelles, donc je pense que ça va ! Mais elle insiste quand même sur l’importance d’avoir un diplôme.
Martin : Non, ils voient qu’on est sérieux. Et mes parents sont musiciens (amateurs) eux aussi. Mon père jouait dans un groupe local qui s’appelait La Teigne.
Niels : Pareil pour moi, c’est bien perçu. Mon père a été dans un groupe de noise appelé Poutre pendant une bonne quinzaine d’années.
Mathieu : Moi, mes parents ont un peu flippé quand même…
Martin : Ils voient bien que tu vis pas dans un squatt en prenant de l’héroïne ! (rires)