Chaque semaine, on vous invite à lire une nouveauté, un classique ou un livre à redécouvrir.
A trente-neuf ans, après de longues années de service, Mick Hardin a décidé de quitter son métier d’enquêteur pour les forces armées américaines, une fin de carrière désirée, mais qu’il ressent comme un divorce. Avant de s’envoler pour la Corse où il compte séjourner quelques mois, le jeune retraité va saluer sa sœur Linda, shérif de la ville de Rocksalt dans le Kentucky. Celle-ci enquête sur un meurtre et se retrouve grièvement blessée par balle. Pour Mick : pas d’alternative. Il doit épauler Johnny Boy, l’adjoint de sa sœur promu shérif par intérim, dans la résolution de l’affaire liée à l’organisation de combats illégaux de coqs.
Chris Offutt © Sandra Dyas / Gallmeister
Troisième volet des aventures de Mick Hardin après Les Gens des collines et Les Fils de Shifty, La Loi des collines (qui vient de paraître et qui peut se lire indépendamment des précédents romans) nous entraîne dans l’Amérique profonde des « rednecks » et des « hillbillies ». Là-bas, on pense que le « pays part en vrille depuis la mort de Johnny Cash. » Le déterminisme social n’est pas une vue de l’esprit. On peut passer une vie entière sans avoir quitté l’horizon des collines. Pour ceux qui s’en sont échappés, ou qui le pensaient, le sentiment de déracinement n’est pas moins cruel. A l’instar de Mick rentrant « chez lui dans un lieu qui n’était plus chez lui. »
Tragédie grecque dans le Kentucky
A son habitude, Chris Offutt mêle moments de latence (à l’image de l’omniprésence des oiseaux dans le récit) et tension. Les cadavres s’accumulent. Les scènes d’action sont d’une efficacité jubilatoire. L’auteur de Nuits Appalaches possède le talent consistant à croquer un personnage et son milieu avec une remarquable économie de moyens : « Charley Flowers appartenait à ces rares sociopathes qui possédaient du charisme, de l’ambition, de la ruse et une grande intelligence. Les gens comme lui excellaient dans l’arène impitoyable de la politique et des affaires. »
Au fil de ce polar rural, les fidélités, les vieilles rancœurs et des crimes non soldés ressurgissent. Comme dans une tragédie grecque, la vengeance est au rendez-vous et les règlements de comptes ont le goût amer de la fatalité. Les collines et leur loi ressemblent à un nœud coulant : « plus on se débattait, plus elles se resserraient. »
La Loi des collines • Gallmeister
