Devant ou derrière la caméra, interprète rap ou réalisateur de clip, la frontière à franchir est mince entre les deux corps de métiers, qui s’avèrent on ne peut plus indissociables quand on est un artiste minutieux, perfectionniste et persévérant. Akab Maltese fait partie de ceux qui ont le bras assez long pour monter leurs projets indépendamment de la spirale industrielle. Rencontre.
Akab Maltese, la fusion de deux personnages mythiques de la littérature : le capitaine Achab, héros du roman d’Herman Melville Moby Dick (1851); et Corto Maltese, figure emblématique de la série de bande dessinée italienne du même nom (1967). Deux marins déterminés, capitaines mystérieux et courageux, qui auront inspiré le nom d’artiste du rappeur aujourd’hui toulousain, Omar Tit. Soif d’apprendre et de créer, son leitmotiv s’articule autour de l’exploration de nouveaux horizons, la découverte d’autres mondes, naviguer vers de nouvelles aventures. Des projets sincères et enivrants qu’il met en forme par le biais de sa pensée et de ses talents pluridisciplinaires.
Omar Tit, derrière la caméra
Tes premiers auditeurs te connaissaient sous ton nom d’artiste Capitaine Akab, aujourd’hui tu te fais appeler Akab Maltese, mais qui se cache derrière ces pseudos fantastiques?
Je suis Omar Tit, j’ai 30 ans et je fais de la musique depuis l’âge de cinq ans, quand je suis arrivé en France. Je suis né en Équateur, à Guayaquil. Ma mère a déménagé à Bordeaux, et à mes 21 ans je suis devenu Toulousain.
Nouveau pays, nouvelles villes, nouveaux horizons s’offrent à toi, quel chemin as-tu parcouru pour devenir un artiste multi casquettes ?
Ma famille m’a toujours encouragé à développer mon esprit artistique, mais être un artiste à part entière n’avait jamais été un métier envisageable. Le rap était plus une passion qu’une profession à proprement parler. Il fallait que je sécurise mes arrières. J’ai toujours eu un attrait pour l’image et le montage. À Toulouse, j’ai suivi un cursus dans l’audiovisuel, et si à la base j’avais en projet de réaliser des documentaires animaliers, proche de la nature; j’ai finalement confirmé mon amour pour la conception de projets musicaux. Entre rencontres et techniques acquises, je me suis lancé dans la création de ma boîte de production : Luz Production.
Donc tu travailles aussi avec d’autres artistes ?… Derrière quels projets a-t-on déjà pu voir tes crédits au générique ?
Je travaille avec des rappeurs de la petite scène bordelaise et toulousaine. À côté, je collabore sur des projets et des événements avec des artistes émergents; et avec mon frère Outman, avec qui j’ai commencé à rapper.
Akab Maltese, devant l’objectif
Comment es-tu rentré dans le rap ?
Tout à fait naturellement, j’ai joué de la guitare classique de mes 6 ans à mes 16 ans à l’école de musique de Bordeaux. En parallèle, je m’intéressais à tout ce qui sortait, et à cette époque, c’était l’âge d’or du rap avec la naissance de classiques. Je suis de la génération qui a connu les plus gros succès d’Eminem. J’étais au collège quand Love Yourself est sorti, je me suis pris une claque. J’ai vu l’émergence et forcément ça peut ne faire que rêver… À 17 ans j’ai écris mes premiers textes et quelques années après, j’ai commencé à poser avec mon frère, ce qui a donné suite à quelques concerts sur des petites scènes locales.
Que racontais-tu dans tes premiers textes ? Peux-tu faire une comparaison plus de 10 ans après ?
Mes thèmes abordés sont plutôt similaires au fil des années. Je raconte la solitude, je parle des relations amoureuses et du travail personnel pour trouver sa voie. Avant j’en parlais avec un regard d’adolescent en colère, j’écrivais des textes plus vulgaires mais aujourd’hui c’est différent. Mon esprit est apaisé et je raconte ma vie à travers l’œil d’un adulte.
Il te reste deux cases à cocher avant de pouvoir signer tes projets uniquement de ton nom Akab Maltese : le cadrage, le beatmaking et l’enregistrement/mixage. Qui se cache derrière tout ce travail ?
Pour tourner mes clips, je laisse la main à une amie que j’ai rencontrée en audiovisuel, Claire Moyano. De base, c’est ensemble qu’on a monté Luz Production, mais les aléas de la vie ont fait que je suis désormais seul sur le projet. Pour m’enregistrer et le mixage, là aussi c’est un ami qui m’a accompagné durant mes études, Jérôme. Côté prod et instrumentales, j’en produit moi-même où je travaille avec des beatmakers. Être autant omniprésent c’est un luxe. Je suis quelqu’un d’assez perfectionniste, ça me permet d’avoir la main sur tout, de recommencer autant de fois que je veux si je ne suis pas satisfait du résultat, de changer des détails au dernier moment…
Aujourd’hui l’artiste produit certaines de ses instrus, écrit ses textes, les rappe, réalise ses clips vidéo, les monte, les étalonne… Il s’est tracé son propre chemin dans l’immense planète rap, qui risquent de tourner encore très longtemps… En 2024, l’artiste sortira deux albums : le volume 2 de son dernier projet Muse et un projet commun avec son ingénieur du son Jérôme, qui s’avère lui aussi un amoureux de la plume, sous le nom de Meyro. Mais avant ça, Akab Maltese se produira dans la Capitale le samedi 03 février 2024, lors d’une soirée open mic organisée par le média associatif Bissai Média.
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