La meilleure solution pour prolonger les vacances durant le mois de Septembre sera toujours le FIFIGROT. Une nouvelle fois, un grand merci à Maxime Lachaud, programmateur de l’édition 2023, de s’être prêté au jeu des questions/réponses pour décrypter sa programmation.
Quelle est la ligne éditoriale de cette 12e édition ?
Oui déjà la douzième édition ! Elle se composera comme chaque année d’un grand nombre de films en avant-première, d’une compétition de longs et courts métrages avec un jury/Con·sulat composé de Noël Godin, Nine Antico et Patrick Bouchitey. Ils auront aussi pour mission d’élire le con de l’année !
Au niveau des grandes lignes éditoriales, nous avons voulu partir sur les variations baroques, avec leur imaginaire excentrique, leurs costumes colorés, la démesure, le goût des freaks et une grande liberté formelle. Dans ce cadre, nous avons choisi de mettre en avant des cinéastes importants selon nous mais malheureusement un peu oubliés comme Steven Arnold, dont Dali et Warhol étaient totalement fans, E. Elias Merhige, pour un trip visuel qui va vraiment vous émerveiller, – je n’ai pas eu une expérience comme ça depuis le 2001, L’Odyssée de l’espace de Kubrick -, Jean Painlevé ou Shûji Terayama, qui nous a quittés il y a exactement quarante ans. Ce sera aussi l’occasion de revenir sur des chefs-d’œuvre majeurs de Fellini avec Casanova, Has et La Poupée, la nouvelle version du Caligula ou même des films cultes de l’underground américain comme Liquid Sky et sa bande sonore qui revisite de manière électronique des airs baroques.
Un autre univers bien baroque est celui de l’influent dessinateur Philippe Druillet qui sera avec nous pour une exposition de ses affiches pour le cinéma, une rencontre dans le cadre des mardis de l’INA et une signature.
Si on lit le programme entre les lignes, on s’apercevra aussi que nous avons travaillé – presque inconsciemment – sur des déclinaisons de l’univers de Lewis Carroll. Mais dans les autres thématiques explorées, on trouve aussi : Dans ta bouche, Jeune cinéma, La campagne en folie, Paris secret, etc. Nous faisons venir aussi d’autres cinéastes à découvrir d’urgence de par leur personnalité et l’originalité de leur démarche : Radu Jude, Laurent Roth, François Gaillard.
Les sections annuelles restent inchangées, des Midnight Movies, des Ciné Bistrots, des rencontres littéraires, des expositions, du Made in Ici, du Gro’zical et des tas d’animations au Gro’Village !
Comme chaque année, les fidèles invités sont présents, et vous accueillez aussi des petits nouveaux…
Oui, on reste fidèle aux personnes dont l’esprit nous semble en adéquation avec notre ligne éditoriale et notre démarche. C’est le cas d’Yves-Marie Mahé, à qui une soirée sera consacrée à la Cinémathèque de Toulouse. Il y a quelque chose de malpoli et de punk dans ses films d’archives et de montage qui s’intéressent souvent à des pans fascinants de l’histoire culturelle française. Dans son dernier film Jeune cinéma, il est revenu sur le festival de Hyères, qui était clairement la version rock’n’roll de Cannes. C’est hilarant et totalement passionnant car les problématiques des années 60 semblent être toujours au cœur de notre société.
Puis il y a les nouveaux films de cinéastes qui font partie de notre histoire : Bill Plympton, Bertrand Mandico, Rolf de Heer, Peter Strickland… Et je peux vous dire que ce sont des grands crus, car on s’est pris pas mal de claques cette année. Puis, j’imagine qu’il n’est pas nécessaire de présenter l’agitateur entarteur Noël Godin, et la Tartapulte est à voir en vrai plutôt qu’à essayer de la décrire. À tout cela se mêleront de nombreux nouveaux venus. Et on espère qu’ils se délecteront de cet univers pour devenir à leur tour des habitués.
Ce dont tu es le plus fier sur cette édition ?
Déjà je trouve que c’est une très belle et très riche programmation. Je suis fier de sa diversité et de ce qu’elle dit des possibilités du médium cinématographique. J’aime beaucoup le fait qu’on développe les ciné-concerts dans de belles salles et avec des musiciens habitués à l’exercice.
Je ne saurai que conseiller de voir la version de Metropolis par ce musicien incroyable qu’est Joakim dans la salle Dolby Atmos du Pathé. C’est à mon humble avis la plus belle partition que j’ai entendue sur ce classique de Fritz Lang. Et la création de Flint Glass et Cent Ans de Solitude pour le magnifique et méconnu Sprengbagger 1010, film allemand de 1929, est à tomber par terre. En plus, la Bibliothèque de Toulouse nous permet de rendre cet événement gratuit pour le public. Un autre grand moment en perspective.
Je dois avouer aussi que, même si ça peut sonner un peu chauvin, je suis parfois très content de travailler avec les possibilités qu’offrent certains lieux de Toulouse. Sinon, j’aimerais assister à beaucoup de projections mais je sais que ce sera difficile en tant que programmateur/organisateur. Si je pouvais voir les sublimes films de Jean Painlevé au Muséum, assister à la projection de ceux de Man Ray à l’American Cosmograph, ce serait formidable, et je suis très excité de rencontrer des personnalités comme Nine Antico, Patrick Bouchitey, Radu Jude, Philippe Druillet bien sûr, ou encore Steve Seid, un Californien qui a travaillé sur la restauration des films psychédéliques et queer de Steven Arnold, et il fera tout le chemin pour être avec nous au cinéma Le Cratère ! C’est pas beau ça ?
Vous pouvez voir la BA facebookienne ici.
Mots de Carine : ayant déjà certains films, je vous conseille Linda veut du poulet, La Fiancée du poète, Vincent doit mourir.
La programmation peut se feuilleter numériquement :
12e FIFIGROT, du 18 au 24 septembre, avec même un GRO BEFORE le 17 septembre à l’American Cosmograph avec le film Des Idées de Génie, en présence de son réalisateur Brice Gravelle.
Toutes les infos sur le site du FiFIGROT.