« Cogan : Killing them softly », un film d’Andrew Dominik
Voilà un objet cinématographique aussi bizarre que formidablement convaincant. Où il est question de règlement de comptes entre mafieux sur des histoires de jeux de cartes. Finalement un braquage dans ce milieu, commandité à deux gangsters pas très opérationnels, réussit au-delà de tout. Qui est à l’origine ? C’est le boulot d’un nettoyeur, Jackie Cogan, celui qui se vante de « tuer en douceur », de résoudre le problème. Bien sûr il y a des bagarres, peu en vérité, mais l’essentiel du film est largement ailleurs. Il se trouve dans de passionnants dialogues (eh oui !) entre toutes ces figures plus ou moins brillantes du crime organisé. Au comptoir d’un café, dans une voiture ou bien encore une chambre de passe, les personnages se parlent à cœur ouvert, évoquant leurs angoisses existentielles comme leur sens de l’honneur… Cela nous vaut de scènes sidérantes de vérité. Imaginez Mireille Dumas psychanalysant le Bronx ! Ce serait presque à hurler de rire sauf qu’un fil rouge, en apparence totalement étranger à l’action, nous fait part, au travers de la télévision, des programmes électoraux du fils Bush et de son concurrent de l’époque, Obama. En parfaite opposition au scénario du film, ces confrontations ne manquent pas de sel. Ne cherchez pas de morale dans ce film absolument cynique, mais plutôt un exercice de style brillantissime porté par des comédiens au mieux de leur forme, particulièrement Brad Pitt, Cogan d’un flegme jubilatoire et Scott McNairy, l’un des deux apprentis gangsters, qui confirme ici l’excellente impression qu’il avait laissé dans Argo. Je vous laisse découvrir la suite d’un cast à tomber par terre.
Robert Pénavayre
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