Après Nathalia Milstein le jeudi 15 dans, entre autres, des pièces de Claude Debussy et la Wanderer Fantaisie de Franz Schubert, le Festival Piano aux Jacobins accueille le pianiste irlandais Finghin Collins pour la première fois. Passons vite sur les Prix glanés par le musicien au cours de ses débuts et la série d’engagements très prestigieux signés auprès des plus grands orchestres du monde, pour nous attarder sur sa prestation tout au long de son programme de la soirée.
La première partie débute avec une Sonate en mi mineur de Joseph Haydn, comme une sorte de mise en bouche ma foi, de fort bon aloi. Est-ce de ce fait que la Wanderer Fantaisie qui a suivi m’a, personnellement, tout de suite saisie au collet pour ne plus me lâcher tout au long de ses quatre mouvements et ce, bien davantage que la veille. Cette composition brillante, très difficile, paraît-il, virtuose au-delà, dévoile bien toute son unité autour du thème unique emprunté au lied Der Wanderer qui se révèle surtout dans la portion dite Adagio : « Le soleil me semble ici si froid, la fleur flétrie, la vie vieille, et ce qu’ils racontent, bruit vide et creux ; je suis un étranger partout. » C’est un Schubert virtuose et triomphal qui me semble fort bien interprété par Finghin Collins, une page somptueuse jouée comme il se doit, soit, d’un seul jet, d’un seul souffle, impressionnante, impérieuse, coda comprise.
La deuxième partie mérite quelque explication en préliminaire que le pianiste nous délivre. Neuf pièces se succèdent en illustration d’une journée qui débute avec Aubade de Cécile Chaminade, pianiste française fin XIXè pour se clore sur Dans la nuit de Robert Schumann. Entre, deux images de la pianiste américaine de la fin du XXè, Amy Beach, la surprise d’un Midday du compositeur lui aussi américain John Barry, plus connu des amateurs des films de James Bond puisqu’auteur de la musique de huit films du fameux espion – ah ! Bons baisers de Russie ! – . Midday suivi de Midi de John Field, compositeur de nombreuses pièces pour piano, créateur du fameux rondo à la base des Nocturnes, nocturnes qui atteindront la célébrité quand ils seront signés plus tard, Frédéric Chopin. Nous reviendrons en territoire plus connu avec Harmonie d’un soir de Liszt, puis Soirée dans Grenade de Debussy, Musiques nocturnes de Bartok. Une succession tout à fait réjouissante qui s’est achevé avec un Nocturne de Chopin et, normal, un Nocturne de …Field. Un passionnant récital.