Le jeudi 17 février, à 20h, sur la scène du Théâtre du Capitole, José Cura nous plongera dans des Chansons d’Argentine, accompagné de la pianiste d’origine hongroise Katalin Csillagh et de la guitariste tchèque Barbora Kubíková. Il chantera, entre autres, du Carlos Guastavino.
Anhelo, du latin anhelius : désir si intense qu’il tourment, étouffe.
Comment traduire l’intraduisible, ce que nous voudrions voir réalisé, les rêves ?
Quisiera ser de mi vida Je voudrais faire de ma vie
un farolcito de adea : un lumignon de village,
de dia no alumbrar nada, le jour ne rien éclairer
de noche ser una estrella la nuit être une étoile.
Texte : Domingo Zerpa
José Cura n’est pas un ténor qui, depuis ses débuts professionnels, n’a fait que…chanter. Non, tout ce qui tourne autour du triptyque, musique, chant et théâtre l’intéresse. Il est donc aussi chef d’orchestre, metteur en scène, décorateur, costumier, éclairagiste… On peut même lui attribuer le métier d’arrangeur !
Celui qui n’est devenu chanteur professionnel qu’à 29 ans, celui qui, après avoir eu la voix abîmé par ses premiers professeurs de chant, a décidé finalement de se débrouiller tout seul. Dans la cohorte des ténors sud-américains, il en est plus d’un qui, l’âge venant ou les problèmes vocaux aidant, s’est plus ou moins timidement essayé, qui à la direction d’orchestre, qui à la mise en scène ; il y en a même qui tentent de se métamorphoser en baryton. José Cura est toujours ténor, en partie, point. Mais, après avoir été chef d’orchestre et non pas l’inverse.
En ces derniers temps, il se partage entre ces trois activités principales. Tantôt il dirige l’orchestre et met en scène, comme pour La Rondine à Nancy en 2012, tantôt il chante et met en scène, comme pour Otello à Buenos Aires. Il vous dira que, si c’est nécessaire, il peut faire les deux !! On a parfois l’impression que, s’il le pouvait, José Cura combinerait les trois à la fois : il se mettrait en scène, chanterait sur scène et dirigerait l’orchestre. Il a même fait mieux : non content de mettre en scène des opéras, il en conçoit aussi les décors, parfois aussi les costumes et même les lumières. C’était le cas pour La Bohème en novembre 2015, production désormais reprise récemment puisqu’elle appartient au répertoire de l’Opéra royal de Stockholm. En ce moment, par exemple, il participe à une Fanciulla del west de Puccini, non pas dans le rôle du ténor Johnson, mais pour la mise en scène, les décors et les lumières ! On sait que José Cura adore la musique de Puccini et il a chanté tous les ténors écrits par le compositeur natif de Lucques.
Au sujet de l’évolution de sa voix, il vous dirait qu’elle est devenue à la fois plus sombre et plus large tout en gagnant, curieusement, davantage de facilité dans l’aigu, ce qui a pu le conduire à faire des choix de répertoire. Des personnages qu’il pourrait chanter sur le plus strict plan technique mais qu’il va être amené à refuser, leur psychologie ne s’accordant plus avec la couleur prise par son instrument. Adieu les, Manrico, Alfredo, Radamès…
Hélas, à Toulouse, on n’a pu juger d’aucune de ses qualités puisque c’est sa première sur la scène du Théâtre du Capitole. Si je ne fais pas erreur.
Le natif de Rosario en Argentine s’est évidemment toujours passionné pour la culture de son pays et plus particulièrement pour chant et musique d’où le titre de son récital Chansons d’Argentine. Il est accompagné pour ce récital de Katalin Csillagh au piano et de Barbora Kubíková à la guitare dont il joue lui aussi. C’est un authentique panorama de la musique argentine qui défile avec les œuvres interprétées qui sont de Carlos Guastavino, Alberto Ginastera, Hilda Herrera, Astor Piazzolla, Ariel Ramirez, Maria Elena Walsh et même, José Cura.
Une phrase qui le guide toujours, depuis son adolescence, celle d’un certain Jorge Luis Borges, et qu’il se plaît à rappeler : « J’ai toujours aimé savourer la douceur d’une musique douce parce qu’elle seule permet de se projeter réellement dans l’émotion de la rencontre. » Toutes ces œuvres assemblées et tant d’autres comme celles interprétées dans cette soirée vont constituer son propre terreau sur lequel José Cura continue de construire sa carrière telle qu’il l’entend, faisant fi de tout ce qui se dit ou s’écrit, en tant que personnalité artistique très controversée entre toutes, adorée par les uns, détestée par les autres.
Programme du récital :
Hilda Herrera (1933)
Desde el fondo de ti (Pablo Neruda)
María Elena Walsh (1930-2011)
Postal de guerra (María Elena Walsh)
Carlos Guastavino (1912-2000)
Prestame tu pañuelito (León Benarós)
La rosa y el sauce (Francisco Silva y Valdés)
Las niñas (piano solo)
Soneto IV (Francisco Gómez de Quevedo y Santibáñez Villegas)
Sonate n°2 – presto (guitare solo)
Se equivocó la paloma (Rafael Alberti Merello)
Pájaro muerto (Luis Cernuda Bidón)
Jardín antiguo (Luis Cernuda Bidón)
El albeador (León Benarós)
José Cura (1962)
Pensé morir (extrait du cycle Si muero, sobrevíveme, Pablo Neruda)
ENTRACTE
Carlos Gustation
Romance de José Cubas (León Benarós)
Flores argentinas (extraits, León Benarós)
– Cortadera, plumerito
– Campanilla
– ¡Qué linda la madreselva!
– ¡Ay, aljaba!
Ya me voy a retirar (León Benarós)
Yo, maestra (Alma García)
Cuando acaba de llover (León Benarós)
Pampamapa (Hamlet Lima Quintana)
Alberto Ginastera (1916-1983)
La danza de la mosa donosa (piano solo)
Canción del árbol del olvido (Fernán Silva Valdés)
Astor Piazzolla (1921-1992)
Adiós nonino (guitare solo)
Chiquilín de Bachín (Horacio Ferrer)
Carlos Guastavino
Alegría de la soledad (Luis Cernuda Bidón)