COMPTE RENDU. Critique. LA ROQUE D’ANTHERON. Auditorium du parc, le 16 Août 2021. F. MENDELSSOHN. P. VIARDOT. C. SCHUMANN . L.FARRENC. D.KADOUCH.
La délicatesse de David Kadouch aurait séduit
Emma Bovary elle-même.
David Kadouch est un pianiste français que j’avais découvert en 2011 au festival Piano aux Jacobins. Il était à l’époque encore obligé de prouver sa virtuosité et jouait très bien mais très fort. Le temps a fait son œuvre et le virtuose a pu révéler sa musicalité et ses sensibilités multiples. En effet plusieurs programmes de ses récitals sont construits en lien avec des œuvres littéraires ou des thèmes complexes. Ainsi nature, révolution et aujourd’hui Madame Bovary. Le musicien se fait diseur entre des périodes musicales présentant son amour pour l’héroïne de Flaubert, articulant les œuvres avec la problématique du roman mais également la place sacrifiée de la femme dans la société bourgeoise. Espérons qu’il enregistrera ce magnifique programme qui met en valeur l’extraordinaire richesse des compositions de femmes musiciennes. Ainsi en filagramme prenons nous parti pour Fanny la sœur de Felix Mendelssohn, De Clara épouse de Robert Schumann, de Louise Farrenc qui a pu ouvrir sa classe de composition à Paris mais dont les œuvres sont restées confidentielles. Les compostions des hommes ici sont tolérés pour argumenter le propos. La qualité des compositions de Fanny Mendelssohn est grande, les mois tirés de son recueil « Das Jahr » sont très différents avec une écriture très variée extrêmement sensible, ne cédant rien à la virtuosité et avec des audaces parfois plus grandes que son frère. A découvrir la qualité des quatre mois joués par David Kadouch je ne doute pas un instant que le cycle complet doit être fascinant. De même la qualité de la Sérénade de Pauline Viardot n’a rien à envier à un quelconque musicien masculin contemporain. Clara Schumann est un peu moins inconnue et ses magnifiques variations sur un thème de Robert, une nouvelle fois apparaissent comme mémorables et égales à celles de Robert sur son thème. Les partitions masculines concernent les trois op. 9 de Chopin dédiés à mademoiselle Pleyel et la paraphrase de Liszt sur Lucia di Lammermoor, opéra qui a une part si importante dans le roman de Flaubert. Le bal de Leo Delibes extrait de Coppelia en ses ambiances variées semble être celui auquel Emma Bovary s’ est rendue. La manière dont David Kadouch touche son piano est admirablement respectueuse, délicate et belle. Il donne toutes leurs chances aux œuvres qu’il défend, car il s’agit bien de cela encore aujourd’hui faire reconnaître la valeur de ces œuvres écrites par des femmes, Il en révèle la grande qualité d’écriture mais également la virtuosité et l’originalité. La poésie qui se dégage de ce concert est très particulière par ce mélange de musique, de littérature, d’histoire et d’un peu de politique, cette manière de s’adresser constamment au public est très agréable. Le succès du jeune pianiste est complet et l’originalité de son concept conquiert le public. Les applaudissements nourris obtiennent deux beaux bis. Mélodie op.4 n°2 Fanny Mendelssohn et la Valse op.64 en do dièse mineur de Chopin. Voilà un très beau et très original concert offert par David Kadouch.
Hubert Stoecklin
Compte rendu. Critique. La Roque d’Anthéron. Auditorium du parc, le 16 Août 2021. Fanny Mendelssohn (1805-1847) : Das Jahr ext. mars, mai , juin, septembre ; Notturno en sol mineur ; Pauline Viardot (1821-1910) : Sérénade ; Louise Farrenc ( 1804-1875) : Air russe varié ; Clara Schumann (1819-1896) : Variations sur un thème de Robert Schumann op. 20 ; Leo Delibes (1836-1891) : Coppelia, valse lente ; Fréderic Chopin ( 1810-1849) : Trois nocturnes op.9 ; Frantz Liszt (1811-1886) : Réminiscence de Lucia di Lammermoor ; David Kadouch, piano.