Nous finissions par ne plus y croire ! Nous ne comptons plus les mois qui nous séparent du dernier spectacle donné en public au Théâtre du Capitole. Certes le streaming venu du monde entier nous a proposé quelques menues compensations et surtout nous a bien conforté dans notre idée que le spectacle vivant est une rencontre unique, palpitante et doit être vécue en direct. A vrai dire le spectacle de « réouverture » était programmé de longue date par Christophe Ghristi.
Certes cette Force du destin sera donnée en concert, pandémie oblige, alors qu’était prévue la reprise de la production créée in loco en 1999 et signée Nicolas Joel. Mais qu’importe, nous avons enfin rendez-vous avec l’émotion et la vibration intime parce que naturelle de la musique et des voix d’opéra. Et quelles voix !
Pour sa prise de rôle de Leonora, nous retrouvons au Théâtre du Capitole la soprano française Catherine Hunold, aujourd’hui notre plus brillante représentante wagnérienne hexagonale avec Sophie Koch. A ses côtés, nous découvrirons enfin (il devait chanter Steva dans la reprise de la Jenufa de Janacek en mai 2020) le ténor franco-tunisien Amadi Lagha, l’un des chanteurs les plus demandés aujourd’hui et dont les rôles signatures ne sont rien moins que Don José et Calaf. Il faut souligner que le rôle d’Alvaro qu’il chante au Capitole pour la première fois dans cette Force du destin, même s’il s’agit ici de la version remaniée pour la Scala en 1869, est l’un des plus tendus de tout le répertoire verdien et réclame un lirico-spinto à toute épreuve ! Le baryton albanais Gezim Myshketa (Carlo) n’est pas un nouveau venu sur notre scène puisque nous avons pu l’y applaudir en 2015 lors des dernières reprises de Turandot (Ping) et, pour les plus attentifs, dans l’un des Députés flamands de Don Carlo en 2013. Dans le rôle du frère d’Eleonora il va pouvoir donner toute l’étendue de son talent. Inutile de présenter la basse italienne Roberto Scandiuzzi (Padre Guardiano et Le Marquis de Calatrava) tant ses apparitions au Théâtre du Capitole depuis de nombreuses années en ont fait un interprète plébiscité par le public toulousain. Autre début au Théâtre du Capitole, celui de la mezzo américaine Raehann Bryce-Davis (Preziosilla). Soulignons que cette artiste a été retenue pour un Midi du Capitole le 27 mai à 12h30. Après son truculent Belcore en février 2020 (juste avant…), voici le Melitone du baryton italien Sergio Vitale. Enfin c’est le ténor italien Roberto Covatta dont nous ferons la connaissance dans ce rôle si particulier qui est celui de Trabuco.
Le maestro italien Paolo Arrivabeni conduira cette somptueuse distribution ainsi que le Chœur du Capitole (direction Alfonso Caiani) et l’Orchestre national du Capitole pour ce rendez-vous plus qu’espéré !
En raison des mesures sanitaires, deux « formats » de La Force du destin sont proposés au public. Les 25 et 28 mai ainsi que les 1er et 3 juin à 18h30 (couvre-feu…) ce sera une version abrégée qui sera donnée, en fait les grands airs, duos et ensembles. Par contre les 23 et 30 mai, à 15h, l’opéra sera donné intégralement.
Robert Pénavayre
une chronique de ClassicToulouse