La lecture de son précédent opus : L’Affaire Clara Miller, nous avait carrément mis la puce à l’oreille. Ce jeune quadra parisien développait une maîtrise stupéfiante des arcanes du thriller, cette fois-là sur le thème de la célébrité. Au passage, Olivier Bal nous mettait dans les pas d’un journaliste d’investigation au passé douloureux mais d’une extraordinaire pugnacité : Paul Green.
Ce personnage formidablement complexe autant qu’attachant nous revient ici. Il vit en véritable ermite, au cœur d’une forêt de séquoias géants, dans l’Oregon. Cela fait plusieurs années qu’il s’est réfugié dans ce biotope aussi grandiose que terrifiant. Les habitants d’une petite ville voisine, Redwoods, le surnomment d’ailleurs l’Etranger.
Au cœur de cette forêt millénaire s’élèvent les ruines de ce que fut l’ancienne Redwoods, subitement disparue dans les profondeurs de la terre, une terre tellement creusée par les mineurs qu’elle s’est effondrée. Triste et douloureux souvenir pour tous les habitants ayant survécus à cette catastrophe. Mais cette selve gigantesque et rouge affiche aussi un triste record, celui des disparus qui l’ont sillonnée. Impossible de retrouver leurs traces. Volatilisés !
Cette sinistre particularité est d’ailleurs devenue dans la région une attraction et nombreux sont celles et ceux qui s’aventurent sous ces frondaisons vertigineuses pour ressentir le grand frisson. Sauf qu’un soir, Paul voit arriver dans sa cabane la jeune Charlie. Epouvantée, elle qui connait cette forêt comme sa poche, habitante de Redwoods, demande protection à l’Etranger, lui affirmant avoir vu l’Homme-rouge.
Démarre alors un formidable roman choral dans lequel chacun des principaux protagonistes prendra la parole au cours de chapitres qui s’entrecroisent avec une redoutable virtuosité. Sur le thème de la peur et du refus de « l’autre », Olivier Bal met à jour un terrible secret plus que centenaire, remontant à l’époque de la Ruée vers l’or, alors que les massacres des populations autochtones construisent sans remords aucun l’Amérique d’aujourd’hui…
D’une structure aussi haletante que diabolique, le dernier roman de cet écrivain pointe aussi du doigt une triste réalité du pays de l’Oncle Sam actuel : des dizaines de milliers de personnes disparaissent tous les ans et à jamais. Pour faire simple, disons que tous les quatre ans, l’équivalent d’une ville comme Toulouse disparait aux Etats Unis. Flippant, non ?
« La Forêt des Disparus » – Olivier Bal • XO Editions
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