Fous d’opéras, ou indifférents à l’art lyrique, personne n’ignore La Traviata, cette “dévoyée“ au sens premier du terme, titre ô combien célèbre d’un opéra de Giuseppe Verdi, qui forme avec Rigoletto et Il Trovatore ce que l’on appelle couramment la «trilogie populaire» du compositeur et dont La Traviata constitue bien la plus sublime des conclusions. Aucune connotation méprisante ou réductrice dans ce terme de « populaire », qu’il faut entendre au sens d’ « universel » car Verdi à tout le temps cherché à toucher ses auditeurs, tous les auditeurs, quels que soient leur culture, leur nationalité ou leur statut social.
L’inscription de La Traviata dans la longue et glorieuse tradition du mélodrame italien ne doit pas faire oublier que cet opéra fut, en son temps – l’œuvre fut créée le 6 mai 1853 au Théâtre de La Fenice, à Venise, et ce fut un fiasco !! – l’opéra était donc tout le contraire d’une œuvre traditionnelle, conservatrice , consensuelle, en conformité avec le goût dominant ou les aspirations du public.
Verdi veut innover : « Je veux des thèmes nouveaux, grands, beaux, variés, osés…Pour Venise, je vais donner La Dame aux camélias, qui s’appellera peut-être La Traviata. Un sujet actuel. » La pièce d’Alexandre Dumas fils venait d’être créée en février 1852 et Verdi n’ignorait pas que le fait d’élever au rang d’héroïne un personnage comme celui de Violetta Valéry ne manquerait pas de choquer la morale bien-pensante d’une partie du public. Après tout, Alphonsine Plessis, rebaptisée par elle-même, Marie, “montée sur“ la capitale n’est, ni plus, ni moins qu’une “poule de luxe“ aux multiples amants, jamais pauvres, qui aura une aventure avec Dumas fils, qui ne pourra l’oublier, et l’inspirera pour son roman La Dame aux camélias, énorme succès de librairie dès sa parution. La fiévreuse amante s’appellera Marguerite Gautier, mais fiévreuse aussi par les crises de phtisie, ou tout simplement, la tuberculose qui emportera Alphonsine à 23 ans, la fleur de l’âge.
Quant à l’opéra, trois actes, brefs, denses, superbements construits et sans la moindre surcharge, parfaitement découpé – le librettiste attitré de La Fenice, Francesco Maria Piave a bien fait son “boulot“ – un support idéal pour la musique de Verdi !
Et l’un des plus grands rôles du répertoire lyrique, que toutes les sopranos dites « dramatiques » veulent épingler à leur tableau de carrière, nous entraînant avec elles jusqu’aux profondeurs les plus intimes du drame romantique, en tirant si possible le maximum de larmes à un maximum de spectateurs prêts à vouer aux gémonies tous ces hommes qui n’ont pas compris que cette femme voulait tout simplement…aimer.
« C’est Verdi et sa Traviata qui ont donnéun style à La Dame aux camélias. » Marcel Proust
Michel Grialou
Jeudi 05 Juillet à 19h45 précises au Cinéma UGC Toulouse (Métro Jaurès)
Direction Musicale: Lorin Maazel
Mise en Scène : Liliana Cavani
Distribution
Violetta : Angela Gheorghiu
Flora : Natascha Petrinsky
Alfredo Germont : Ramón Vargas
Giorgio Germont : Roberto Frontali
Annina : Tiziana Tramonti
Livret Francesco Maria Piave d’après le roman d’Alexandre Dumas fils « La Dame aux camélias »
Durée du Spectacle : 2h13 / 3 actes dont 1 entracte de 20 minute