Terrible Jungle, un film de Hugo Benamozig et David Caviglioli
Le retour de Catherine Deneuve dans une comédie qui nous rappellerait Le Sauvage (Jean-Paul Rappeneau – 1975) était à vrai dire plus qu’attendu. Avouons que le plaisir ne s’arrête pas là !
Pour leur premier long, ce duo de réalisateurs s’est inspiré d’anecdotes qui leur furent contées. Des histoires d’anthropologues assez douloureuses. Sauf qu’en têtes ils ont eu ensuite l’envie d’une vraie comédie. Le challenge n’était pas mince et le voici accompli avec l’aide de comédiens surprenants.
Eliott de Bellabre, jeune anthropologue héritier d’une famille richissime, obtient contre toute attente une bourse pour aller accomplir son rêve : vivre un temps dans une tribu reculée de la jungle amazonienne pour étudier l’ethnie des otopis. Jusqu’alors, sa mère, Chantal, star de l’anthropologie planétaire, s’était refusée à lui financer pareil projet qu’elle jugeait dangereux. Qu’à cela ne tienne, Eliott, grande gigue à lunettes, sorte de Tintin de la science, file dans la jungle. Chance, il va rencontrer les otopis, mais pas vraiment ceux qui peuplaient son imagination aussi débordante que candide et pleine de naïveté. Contre mauvaise fortune il va faire bon cœur et s’acclimater à cette peuplade. Ce qu’il ignore, c’est que Chantal, munie de ses immenses relations, est partie à sa recherche. Arrivée à l’orée de cette jungle, elle va demander l’aide de la gendarmerie française (l’action se passe en Guyane). Et là, elle tombe sur un poste reculé, commandé par le lieutenant-colonel Raspailles, lui-même entouré, ou plutôt flanqué de cinq gendarmes qui tiennent plus du boys band que du GIGN. Quant à leur efficacité sur le terrain… Mais pendant leurs recherches, il se passe des choses étranges dans le camp des otopis et bientôt il est difficile de reconnaitre notre gentil Tintin/Eliott. N’allons pas plus loin et laissons-nous emporter par une véritable avalanche de gags qui mettent en pièces détachées autant nos forces de l’ordre que l’idée gentiment anthropologique que nous nous faisons des bons sauvages. Sans oublier la recette de la punca concoctée par Estebàn. A elle seule, cette scène vaut le déplacement ! Sans être la comédie du siècle, ce film propose un excellent moment de détente. D’autant que le casting est étonnant. Bien sûr Catherine Deneuve est impériale même avec une moustiquaire sur la tête en pleine jungle, ou faisant valoir ses titres de noblesse au pandore plus occupé par ses biscoteaux que par autre chose. Elle a le talent de sublimer n’importe quelle situation. Du grand art. Magique ! Vincent Dedienne, sans trop se départir de ce qui fit son succès sur le plateau de Yann Barthès (Quotidien) pendant des années, se faufile malgré tout habilement dans la peau d’Eliott. Mais le pompon revient au Raspailles de Jonathan Cohen. Soigneux qu’il est de ne pas trop brusquer sa petite troupe, il incarne à la perfection le fonctionnaire abandonné à lui-même au fin fond de la jungle, s’abritant avec virtuosité derrière la loi. Et surtout s’économisant de la moindre initiative. A hurler de rire !
Pardonnons volontiers les faiblesses naturelles d’un premier long et savourons sans retenue ce moment de délire à haute teneur comique.
Jonathan Cohen : Entre séries, doublages et longs métrages
Celui qui vendait des fenêtres en ignorant tout du cinéma quitte le métier du jour au lendemain. Coup de foudre pour le théâtre qu’il vient de découvrir. Direction cours de comédie puis Conservatoire. Ses débuts professionnels sont discrets puisqu’il est doubleur. Cela dit Jonathan prêtera sa voix à Brad Pitt, Oscar Isaac et bien d’autres célébrités d’Outre-Atlantique. C’est la cinéaste Liza Azuelos qui lui fait faire ses premiers pas devant une caméra dans un petit rôle (Comme t’y es belle ! – 2006). Jonathan a tout juste 26 ans. Puis les séries vont s’enchaîner, de même que les longs métrages avec des rôles de plus en plus exposés. L’opus sous rubrique devrait marquer un tournant, ou du moins une étape importante dans la carrière de ce comédien.