Materialists un film de Celine Song
Pour son second long métrage, la réalisatrice américano- sud-coréenne Celine Song nous livre une passionnante Carte du Tendre d’une rare virtuosité. Certes le milieu qu’elle nous fait pénétrer est loin d’être reluisant. C’est celui des matchmakeuses, plus connues en France sous le nom d’entremetteuses, personnes mettant en contact un homme et une femme cochant le maximum de cases communes.

Dakota Johnson (Lucy) et Chris Evans (John) – Crédit : Atsushi Nishijima
Le rêve de toutes les employées qui travaillent dans cette société est de faire un match, c’est-à-dire un mariage. D’autant qu’elles sont copieusement rémunérées pour cela. En fait, Celine Song a été l’une d’elles et connaît donc parfaitement cet univers. Outre que le scénario, parfaitement informé donc, nous dévoile les mille contraintes du métier, il nous met dans les pas de Lucy (Dakota Johnson), une matchmakeuse à laquelle tout semble réussir. D’ailleurs elle vient de conclure un match ! Invitée au mariage, elle rencontre d’une part Harry, le frère du marié, d’autre part un serveur, John, qui n’est autre que son ex. Inutile de vous en dire davantage, vous avez déjà compris que se forme alors un triangle amoureux. D’un côté le séduisant et richissime Harry, de l’autre ce pauvre John qui se rêve comédien, mais pour lequel Lucy garde, encore bien cachés, quelques sentiments. Et réciproquement. Mais des secrets, Harry en a aussi… L’action se passe à New York, aujourd’hui. Ce n’est pas une injure cinématographique que de retrouver ici l’élégance des plans, des cadrages, des lumières d’un Woody Allen. Imperceptiblement, l’histoire nous amène sur le terrain délicat d’une définition incroyablement complexe, celle de l’amour. Et ce n’est pas la seule qualité de ce film que d’oser très habilement l’exercice sans en faire une thèse de 3e cycle. L’autre point fort de ce film est certainement l’affrontement à distance sentimentale de deux héros… Marvel ! En effet, Harry n’est rien moins que Mr Fantastic, tout en sachant que Pedro Pascal est aussi le Général Acacius du dernier Gladiator. Mais la surprise, c’est assurément le plus célèbre Captain America du grand écran : Chris Evans, ici dans le rôle de John, ce looser magnifique qui va aider Lucy à faire le point non seulement sur sa vie mais aussi sur les valeurs qui l’animent. Et là il n’a pas de bouclier supersonique pour se défendre. Ce qui ne l’empêche pas…
Une comédie romantique en diable qui de déguste avec infiniment de gourmandise.