Un marathon pas comme les autres.
À défaut de courir, pour tirer tout le positif du Marathon des mots et gagner, il faut se prêter à un jeu d’écoute attentive. Maintenu du 24 au 29 juin, ce festival international permet de rencontrer écrivains et artistes du monde entier, dans un contexte d’expression littéraire. Cela peut se matérialiser sous la forme de débats, de lectures à haute voix, de chapitres chantés par des musiciens et d’autres prestations diverses. Un événement incontournable pour les amateurs de lecture du Sud-Ouest, puisqu’il concerne 30 communes de l’agglomération toulousaine et de l’Occitanie, soit plusieurs librairies, bibliothèques et théâtres de la région, lieux dans lesquels se déroulent les prestations.

Marathon des Mots © Gilles Vidal
Cette année, l’édition est ornée d’une particularité, un thème chaud ancré profondément dans notre quotidien, si bien que les médias s’empressent d’en parler dès l’aube. Les dirigeants du festival Serge Roué et Dalia Hassan ont décidé, pour la 21e édition, de mettre en lumière les fractures géopolitiques actuelles, dites « Est/Ouest ». Un large panel, incluant la guerre russo-ukrainienne, les voix féminines et luttes pour la liberté, ou encore des échanges culturels autour de la Méditerranée.
De cette manière, des auteurs originaires d’Europe de l’Est, de Russie, des États-Unis et du Maghreb sont invités à partager leurs perspectives au Marathon des mots, quant à ces enjeux. Plusieurs auteurs invités se distinguent à l’international. Filipp Dzyadko, par exemple, un éditeur et journaliste Russe, est reconnu pour ses analyses sur les dynamiques culturelles et politiques Russes. Plutôt côté Ouest maintenant, l’Américain Justin Torres sera de la partie. Il est lui, connu en partie pour son roman Blackouts, lauréat du National Book Award 2024. Un bouquin dans lequel il explore les identités queer et les mémoires marginalisées. Un peu plus au centré sur la carte du monde cette fois, le Marocain Abdellah Taïa sera lui aussi présent pour l’occasion, un écrivain et cinéaste dont les œuvres abordent les questions d’identité, de sexualité et de liberté au sein du monde arabe. Un artiste étroitement lié à la thématique nommée Conversations méditerranéennes, du festival.
Alors, plus qu’un rendez-vous littéraire, c’est donc une chance de rencontrer l’un ou l’une de ses idoles. Le Marathon des mots a accueilli de célèbres écrivains au cours de ces vingt dernières éditions, comme André Brink, ayant obtenu le prix Médicis en 1980 pour son roman Une saison blanche et sèche, ou la prix Nobel de littérature en 2022, Annie Ernaux. On peut compter également parmi les prestigieux invités au Marathon, des comédiens, des éditeurs et des musiciens. Isabelle Huppert, Antoine Gallimard, Charles Aznavour ou encore Oxmo Puccino… Ces noms doivent au moins vous évoquer quelque chose. Eh bien, tous ont tantôt déjà été sur la liste des invités. Pour découvrir l’entièreté de la liste des invités présents cette année, rendez-vous sur le site officiel.

Marathon des Mots © Gilles Vidal
Une liste élaborée en partie par Serge Roué, qui a accepté de répondre à quelques questions sur cette nouvelle édition.
Pourquoi avoir placé le thème Est/Ouest au centre de cette 21e édition du Marathon des mots ?
Le Marathon s’est toujours écrit au présent, en suivant l’actualité. Au moment des Printemps arabes, notre édition annuelle y était dédiée, on a aussi beaucoup travaillé sur le féminisme précédemment, et sur la condition humaine quant aux différences de couleurs.
Il allait de soi qu’il fallait continuer à poursuivre ces perspectives et être au plus proche de l’actualité mondiale. C’est la raison pour laquelle on avait besoin, après avoir fêté les 20 ans de l’évènement, d’avoir un thème qui soit en adéquation avec les défis présents, que ce soit la guerre russo-ukrainienne, les positions de Poutine ou l’élection de Trump et bien plus.
Cela peut se traduire par un besoin de croisements de points de vue, ce qui nous a amenés à adopter ce thème dit « Est-Ouest » pour cette 21e édition, qui lui-même nous amène au cœur du fracas du monde. Un thème qui fera écho par la présence de multiples auteurs qui viennent de parts et d’autres du globe, des États-Unis jusqu’en Russie. L’année prochaine, le thème sera perpendiculaire, Nord/Sud.
Le Marathon des mots participe-t-il à un éveil collectif quant à ce fameux chaos mondial ?
Il faut être modeste. Un éveil de la conscience, je ne puis me prononcer. Simplement, d’une manière générale, il faut promouvoir à l’échelle de notre humble festival la liberté d’expression, de dire, de créer, la démocratie, la possibilité de vivre ensemble à l’aune des différences de chacun. Nous sommes une petite manifestation littéraire, alors à voir le degré du chaos du monde, je ne sais pas si nous participons à l’éveil des consciences. Disons que nous permettons aux artistes de témoigner de leurs expériences et créations, qui elles, portent peut-être effectivement un ou plusieurs messages plus profonds, participant non pas à un éveil, mais à une lecture du monde.
Le Marathon des mots doit donner envie de lire, et donner envie de voir le monde tel qu’il est à travers la littérature. Il doit permettre aux passionnés de littérature d’avoir un regard sur le monde, en multipliant les points de vue, grâce aux différents auteurs, artistes présents pour l’occasion. En témoigne notre programmation sur la littérature du réel.
Par ailleurs, en cas de question, il sera possible de rencontrer les auteurs ou les musiciens en sortie de scène. Le public apprécie particulièrement cette tradition, qui va de soi avec l’éthique du Marathon des mots.
Qu’en est-il de ce nouveau chapitre à propos des neurosciences ?
Nous avons le plaisir d’accueillir Albert Moukheiber au Marathon des mots lors de cette 21e édition, dans le cadre de « Lire la science », un nouveau volet du festival qui explore les liens entre littérature, sciences humaines et diffusion des savoirs. Docteur en neurosciences, il est notamment connu pour sa démarche critique autour des clichés véhiculés sur le fonctionnement du cerveau. [ Dans son ouvrage Neuromania, le vrai du faux sur votre cerveau, il démonte les idées toutes faites, comme la distinction simpliste entre cerveau gauche et cerveau droit, ou encore les effets fantasmés des « détox de dopamine ». ] Sa venue s’inscrit aussi dans un hommage à Oliver Sacks, figure marquante des sciences et des lettres, disparu il y a dix ans.
Informations pratiques :
Dates : du mardi 24 au dimanche 29 juin 2025
Programme : dès lors disponible sur le site officiel
Vision sur les différents lieux de rendez-vous : https://www.lemarathondesmots.com/grille/lieux
Billetterie ouverte à partir du 28 mai : https://www.lemarathondesmots.com/billeterie