Little Jaffna, un film de Lawrence Valin
Il est des premiers longs qui marquent votre mémoire de cinéphile de manière indélébile et qui proclament l’émergence d’un grand réalisateur. Le Little Jaffna de Lawrence Valin en fait partie. Survolté, brillant, dramatique et parfois teinté d’humour, il nous plonge dans les méandres de la guerre civile au Sri Lanka… depuis Paris.

A gauche, Lawrence Valin (Michael) – Crédit : Guy Ferrandis
De nos jours, Quartier de la Chapelle. C’est là qu’un gang tamoul raquette des commerces de toutes sortes et transmet des fonds au profit des Tigres, des rebelles séparatistes sri lankais. La Police française a réussi à infiltrer Michael, l’un de ses agents, de naissance tamoule, dans le milieu. Nous allons le suivre au travers de son double-jeu par définition très dangereux. C’est l’occasion de découvrir une communauté haute en couleurs. Entre bagues à tous les doigts et cheveux peroxydés délirants, les jeunes tamouls ne donnent pas l’impression d’hommes dangereux. Et pourtant. Les parrains qui veillent sur le bon fonctionnement du système sont sans pitié…
A l’affiche, des stars du Kollywood (cinéma du Sud de l’Inde), mais aussi des non-professionnels recrutés parmi les Tamouls parisiens vivants pour la plupart entre La Chapelle et la Gare du Nord. C’est dire le degré d’authenticité dans tous les domaines.
Cela étant, le film est clairement porté par … Lawrence Valin lui-même car s’il est réalisateur, il endosse en même temps les tenues flashies de Michael. Vue l’incroyable dynamique qui se dégage de ce film, le challenge était redoutable et pourtant parfaitement assumé. D’autant qu’il doit incarner non seulement un infiltré qui joue sa vie à chaque seconde mais aussi, et c’est encore plus intéressant, un jeune homme qui s’interroge sur ses racines. Du grand art et un film (un vrai polar bien rythmé) qui nous fait découvrir un réalisateur fiévreux et bourré d’énergie mais également un acteur surpuissant.